Une quarantaine de détenus d’opinion ont entamé fin janvier dernier une grève de la faim à la prison d’El Harrach pour protester contre les chefs d’accusation qui pèsent sur eux, selon plusieurs organisations et avocats, alors que le parquet d’Alger a démenti.
Certains détenus ont été transférés vers d’autres pénitenciers, ont indiqué leurs proches et leurs avocats. Une mesure que l’avocat Abdelghani Badi confirme et qualifie, dans un entretien mardi ce mardi 8 février dans El Watan, de « mesure punitive ».
Me Badi affirme aussi que plus de 40 détenus ont entamé une grève de la faim alors que le parquet d’Alger a démenti dans un communiqué l’existence d’un tel mouvement à la prison d’El Harrach. « Nous étions étonnés par les déclarations du parquet, surtout que ce démenti est intervenu après l’entrée en grève de la faim de certains détenus », indique l’avocat engagé dans la défense des détenus d’opinion.
Me Badi dénonce le refus de la direction de la prison d’appliquer l’article 64 de la loi régissant les établissements pénitentiaires qui dispose que les grévistes de la faim doivent être isolés des autres détenus.
« Nous considérons, de ce fait, que le transfert de ces détenus vers d’autres prisons est, d’un côté, une mesure punitive, de l’autre, elle vise à casser ce mouvement qui s’est élargi par la suite, dans la mesure où la grève a été observée par plus de 40 détenus », dit-il.
Selon lui, 23 détenus ont fait l’objet de mesures de transfert vers les prisons de Berrouaghia et de Bouira. « Ce chiffre concerne ceux qui sont poursuivis dans des affaires dans lesquelles nous nous sommes constitués en tant qu’avocats de la défense. Mais, selon les informations données par nos clients, le nombre des détenus d’opinion dans la seule prison d’El Harrach dépasse les 100 personnes », précise-il.
Interrogé sur les accusations de maltraitance des détenus émises par leurs familles, l’avocat répond : « Je pense que ces familles ne peuvent pas inventer des faits imaginaires pour induire en erreur les parents et les proches des détenus. Même ceux qui sont restés à la prison d’El Harrach nous ont informés que ce transfert s’est fait avec violence. »
Abdelghani Badi assure dans ce sens que le collectif de la défense examine cette affaire « de maltraitance des détenus » et recueille des témoignages et les détails « pour introduire des plaintes contre ceux qui sont impliqués dans l’atteinte à l’intégrité physique ou morale des prisonniers ».