Trois jours après les mesures de grâce décrétées par le président de la République concernant les citoyens poursuivis pour “attroupement”, c’est toujours le flou total concernant les détenus d’opinion, au nombre de 266 selon Amnesty international Algérie.
Lundi 4 juillet, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a signé plusieurs décrets portant mesures de grâce de nombreuses catégories de détenus.
Les détenus du hirak sont en principe concernés, d’après la teneur du communiqué de la présidence de la République rendu public le même jour.
Dans la grâce “ordinaire”, portant réduction de peine au profit de près de 15 000 personnes condamnées définitivement, il est spécifié que les détenus condamnés pour des faits d'”utilisation des réseaux sociaux à des fins de subversion” sont concernés.
Plusieurs détenus d’opinion ont été poursuivis et condamnés pour de tels faits. Surtout, le communiqué a indiqué que le chef de l’État préconise un «apaisement » en faveur des « jeunes poursuivis pénalement et qui se trouvent en détention provisoire pour avoir commis des faits d’attroupement et des actes y afférents ».
Même si ce passage est d’une limpide clarté, les remises en liberté se font au compte-goutte. Les avocats et organismes qui suivent la situation des détenus font état ce jeudi de la remise en liberté provisoire de trois détenus seulement, un à Tizi-Ouzou et deux à Bouira. Fateh Kaced, Massinissa Rezig et Yahia Semache étaient en détention provisoire.
Des réquisitoires de 5 ans à la peine capitale
Les mêmes parties font état de nouvelles incarcérations et de réquisitoires d’une sévérité jamais vue.
“Incroyable. Au moment même de la libération des détenus suite à la grâce, d’autres activistes sont lourdement condamnés et mis sous mandat de dépôt. La répression continue”, a posté sur les réseaux sociaux Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH).
À Bordj Menaiel (Boumerdes), Hamiche Chaalal et Yougourthen Tayeb ont été placés sous mandat de dépôt, et Tarek Ait Soula sous contrôle judiciaire, selon l’avocat Sofiane Ouali.
À Batna, le parquet a requis des peines extrêmes à l’encontre de plusieurs détenus poursuivis en vertus de l’article 87-bis du code pénal.
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 20 années de prison ont été requises contre Yassine Merchiche, Reda Bourki, Noureddine Aksas, Noureddine Bouzira, Abderazek Bersouli et Azzedine Maache. La peine capitale a même été requise à l’encontre d’un accusé, selon le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz, présent au procès.
À Larbaa (Blida) des peines de cinq ans de prison ferme ont été requises contre les étudiants Zahra Saai, Émilie Abdeli et Abdenour Ait Saïd. Celui-ci a été interpellé à la fin de l’audience, avant d’être relâché.
Ces réquisitoires interviennent quelques jours après la condamnation de l’activiste politique Rachid Nekkaz à 5 ans de prison ferme par la cour d’Alger.