Ils ont investi leurs économies dans l’achat d’un avion pour la cause des migrants: deux pilotes français débuteront vendredi leurs patrouilles au large de la Libye, pour repérer des embarcations en détresse, a-t-on appris mercredi auprès de l’un d’eux.
« Les conditions météo devraient être ce jour propices aux départs des canots de migrants de la côte libyenne et, en conséquence, à notre première patrouille. Aujourd’hui, il y a trop de vent », a déclaré Bruno Micolon, interrogé au téléphone par l’AFP depuis Malte.
M. Micolon, 35 ans, est l’un des deux fondateurs de l’association « Pilotes volontaires » avec son confrère José Benavente, 49 ans.
Leur monomoteur léger « Colibri », un MCR-4S capable de parcourir « plus de 1.500 kilomètres par jour », est arrivé lundi à Malte en provenance des Alpes françaises.
Les deux amis espèrent assurer depuis cette île « 20 vols par mois », d’une durée « de quatre à huit heures chacun ». Ils comptent quadriller une surface de 150 kilomètres de long sur 50 km de large devant Tripoli, « là où se concentrent naufrages et sauvetages de migrants ».
« Depuis le ciel, le champ de vision élargi et la vitesse de vol permettent de couvrir une zone de recherche très étendue. La capacité de repérage depuis les airs est environ 100 fois supérieure à celle des bateaux », explique leur association sur son site internet.
José Benavente et Benoît Micolon ont investi au total 130.000 euros. Ils en appellent aujourd’hui aux dons.
« Nos réserves financières personnelles sont limitées et nous allons avoir besoin d’aide supplémentaire », précise sur le site M. Benavente. « Nous avons évalué en effet à 280.000 euros le budget annuel de l’association », a ajouté M. Micolon, auprès de qui « des dizaines de pilotes » se sont déjà manifestés pour prendre le relais.
Depuis 2017, l’ONG allemande Sea-Watch, qui a affrété plusieurs navires humanitaires au large de la Libye au cours des dernières années, organise également des patrouilles aériennes les jours de beau temps à l’aide du Moonbird, un petit avion lui aussi basé à Malte et qui a régulièrement aidé à repérer des embarcations en détresse.
Depuis le début de l’année 2018, au moins 370 migrants sont morts ou ont disparu au large de la Libye, selon un bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), alors même que les arrivées en Italie ont chuté d’environ 70% par rapport aux dernières années.