Depuis le décès de son ancien SG, Saïd Abadou, en 2019, l’intérim de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) est assuré par le vieux maquisard, Mohand Ouamar Benelhadj.
Le 30 août, une réunion du bureau national de l’ONM a abordé la question de la révision des textes régissant l’organisation et la tenue d’un nouveau congrès.
Durant cette réunion, des membres ont réclamé le départ de Benelhadj. « Certains camarades ont objecté sur l’ordre du jour et ont demandé à discuter d’un autre point en m’invitant à me retirer », a relaté Mohand Ouamar Benelhadj dans un entretien à la chaîne Youtube de l’ONM, diffusé dimanche 12 septembre.
La demande émane, selon lui, d’un groupe constitué de Boudjaber Abdelouahed, Mohamed Ali Boughzala, Fouhala Abdelaziz, Mahfoud Khodja. « Ils m’ont signifié que le problème de l’organisation c’était moi et mes prises de positions vis-à-vis du gouvernement et de l’Etat », a expliqué le SG par intérim de l’ONM.
« Ils ont exigé de moi que je démissionne… »
« Selon eux, si je m’exécute et me retire de la tête de l’ONM, les subventions vont renflouer les caisses de l’organisation. Pour eux, je suis celui qui bloque », a-t-il indiqué. « La question des subventions s’est posée bien avant que je sois nommé à l’intérim de l’organisation en 2018 », a-t-il cependant objecté. « L’Etat applique (à l’ONM) la loi de 2012 sur les associations. A ce titre, l’ONM est considérée comme n’importe quelle autre association », a-t-il ajouté.
« Le motif des subventions n’est pas la véritable raison derrière cette demande », se défend le SG par intérim de l’ONM. « Est-ce que j’ai volé ou entrepris quelque chose de contraire (aux statuts) de l’organisation ? Contre le gouvernement, le pays ou la Révolution ? », se demande Mohand Ouamar Benelhadj.
« Ils ont exigé de moi que je démissionne et j’ai répondu que je n’allais pas le faire », a-t-il lancé. Il a ajouté que la question de son avenir à la tête de l’ONM devait être tranchée par le congrès de l’organisation.
« C’est la prérogative du Conseil national », a fait valoir Mohand Ouamar Benelhadj. « Mes détracteurs m’ont menacé de désigner d’office Boughzala si je ne m’applique pas et si je refuse de démissionner. Moi, j’ai persisté à ne pas démissionner. Maintenant, on se retrouve avec deux SG par intérim », a dit Benelhadj qui annonce la convocation du congrès de l’organisation pour trancher sur cette question.
Un nouveau SG par intérim
Les « détracteurs » de Mohand Ouamar Benelhadj ont effectivement mis leur menace à exécution. Selon le quotidien El Khabar de ce jeudi 16 septembre, l’ONM a annoncé dans un communiqué la désignation par son secrétariat national de Mohamed Ali Boughzala comme SG par intérim de l’organisation, en remplacement de Mohand Ouamar Benelhadj.
Sur le site officiel de l’ONM, pas de trace dudit communiqué. L’installation de Mohamed Ali Boughzala comme « SG par intérim de l’ONM » se serait déroulée lundi dernier, rapporte El Khabar toujours sur la base dudit communiqué.
Sur la foi de ce document, le secrétariat national de l’ONM « a reconnu que l’organisation a vécu des difficultés importantes dans sa relation avec son environnement », au cours des deux dernières années.
Une situation qui « a contraint l’organisation à une éclipse temporaire dans l’exécution de son activité, chose qui a porté préjudice à la place de l’ONM » dans le paysage national, selon les rédacteurs du communiqué.
« Une situation qui a conduit le secrétariat de l’organisation à convoquer une réunion, le 30 août, durant laquelle il a été demandé à M. Benelhadj de se retirer ou de démissionner », note-t-on.
Le secrétariat national de l’ONM « a demandé au nouveau SG par intérim de veiller de prendre ses responsabilités pour entamer les préparatifs pour la tenue du Conseil national qui doit fixer la date de la tenue du 12e congrès de l’organisation » pour désigner le nouveau SG, a ajouté le communiqué.
L’actuel SG de l’ONM, Mohand Ouamar Benelhadj, s’est distingué depuis qu’il est à la tête de l’organisation par des prises de position franches sur des questions liées aux attaques contre les symboles de la révolution et la Kabylie.
Il a maintes fois réclamé de mettre le sigle FLN au musée, ce qui a suscité des réactions hostiles de la part des responsables de ce parti.
Ces derniers jours, Mohand Ouamar Benelhadj a vivement réagi à la sortie médiatique de l’ancien diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, faisant un parallèle jugé « malvenu » entre le départ des Américains d’Afghanistan en août dernier et les Français d’Algérie en juillet 1962.