Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali a déclaré hier mardi qu’« un diabétique n’est pas obligé de mesurer son sucre chaque matin », expliquant que c’est un gaspillage. Pire : le ministre s’est emporté lorsqu’une personne de l’assistance lui a dit qu’un diabétique a besoin de doser sa glycémie deux fois par jour.
« Deux fois par jour ?! Non, ça non ! C’est ça qui cause ce gaspillage », s’est alors emporté Mourad Zemmali qui a alors indiqué que « le chapitre des bandelettes est le premier par le montant de remboursement à la Cnas, il dépasse les dix milliards de dinars ».
Cette déclaration suscite des interrogations car elle est déconnectée de la réalité du calvaire que vivent les diabétiques algériens. Est-ce une façon de justifier un futur déremboursement des bandelettes pour glucomètres indispensables à tous les diabétiques ? Si c’est le cas, ça serait un dangereux précédent qui mettrait les diabétiques algériens dans une situation sanitaire et économique désastreuse.
Des dosages indispensables
Le ministre du Travail, en s’offusquant de la sorte lorsqu’il entend qu’un diabétique dose sa glycémie deux fois par jour, semble ignorer les besoins d’un diabétique, car deux dosages de la glycémie par jour sont encore insuffisants car en moyenne, il en faut trois par jour pour un diabète de type 2.
« Un malade atteint de diabète de type 2 doit doser sa glycémie en moyenne trois fois par jour, c’est indispensable car ça fait partie de ce qu’on appelle l’auto-surveillance », a expliqué à TSA un médecin spécialisé en endocrinologie-diabétologie pour qui cette auto-surveillance « est un élément important de la thérapeutique qui permet d’éviter beaucoup de problèmes aux malades ».
Trois dosages par jour en moyenne pour un diabétique de type 2 représentent 90 dosages mensuels et autant de bandelettes qui coûtent environ 1500 dinars la boîte de 50.
Un diabétique consciencieux dans son auto-surveillance aura donc besoin de deux boîtes de bandelettes par mois en moyenne, ce qui représente un budget de 3000 dinars par mois, une somme qui peut paraître raisonnable pour beaucoup d’Algériens mais qui représente quand même plus de 16% du salaire minimum.
Un déremboursement partiel ou total des bandelettes réactives de dosage de la glycémie serait donc une catastrophe pour nombre de diabétiques qui devront débourser cette somme de 3000 dinars chaque mois alors qu’ils ont déjà de nombreux autres frais non pris en charge par la sécurité sociale comme certaines consultations et certains médicaments.
Cette décision serait d’autant plus dramatique que nombre d’études scientifiques menées à travers le monde ont démontré que le diabète touche beaucoup plus fréquemment les individus appartenant aux milieux défavorisés.