Le Premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche, s’est exprimé ce mercredi sur l’initiative de dialogue politique lancée mardi par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, l’éventuelle entrée du parti au prochain gouvernement et réclamer des mesures d’apaisement.
Arrivé en troisième position à l’issue du scrutin présidentiel du 7 septembre, avec 6,14 % des suffrages exprimés, le candidat du FFS, Youcef Aouchiche ne fait pas la fine bouche.
Malgré le cafouillage lors de l’annonce des résultats provisoires et le taux d’abstention qui a marqué le scrutin, il considère que le FFS, en choisissant la participation a réussi son pari : d’une part, consacrer le parti comme force politique d’opposition et, d’autre part, formuler une proposition concrète qui permette à l’Algérie d’avancer sur la voie de la démocratie et du progrès.
« Nous avons relevé le défi de replacer les préoccupations des citoyens au cœur du débat politique national et d’élargir les espaces d’expression publique », s’est réjoui Youcef Aouchiche, ce mercredi 18 septembre, lors d’une conférence de presse organisée au siège du parti à Alger.
Youcef Aouchiche veut une réforme de l’Anie
Le FFS, qui s’est « positionné au cœur du jeu politique national par son implication responsable dans cette date électorale, est sorti plus fort et plus déterminé à poursuivre la lutte pour concrétiser les nobles objectifs portés par notre projet de société », a-t-il assuré.
Visiblement remonté contre l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) dont la « véracité et l’authenticité » des chiffres provisoires communiqués sont « discutables », Youcef Aouchiche a réitéré de nouveau sa demande de l’ouverture d’une enquête approfondie sur les circonstances ayant entouré l’organisation du processus électoral et l’annonce des résultats provisoires par l’Anie.
« Il est clair que cet organisme a complètement ignoré la volonté populaire en publiant des chiffres sans aucun fondement, contredisant tous les rapports publiés par ses démembrements locaux, sans parler de l’ambiguïté totale qui entoure le calcul du taux de participation et des graves violations constatées dans plusieurs bureaux de vote, de connivence avec l’administration locale », accuse-t-il.
« Il est nécessaire que les autorités prennent des mesures strictes pour déterminer les responsabilités et poursuivre en justice tous les acteurs impliqués dans cette fraude scandaleuse, qui a faussé les élections et terni l’image du pays », préconise le candidat malheureux à la présidentielle du 7 septembre.
Plus encore, le chef du FFS estime impérieux la réforme profonde de cet organe, appelé à devenir réellement indépendant, condition fondamentale, selon lui, pour consacrer des élections transparentes et renforcer la participation électorale en Algérie.
Convaincu que la participation de son parti au scrutin a prouvé que le courant national, progressiste et moderne, existe toujours avec force et dispose d’un avenir sur la scène politique nationale, le FFS, outre l’élargissement et le renforcement du parti, se fixe désormais un autre objectif ambitieux : créer un large pôle national et démocratique.
Dans cette perspective, Youcef Aouchiche appelle toutes les forces vives du pays à rejoindre son parti : les forces du changement, les jeunes, les femmes, les syndicalistes, les étudiants, les travailleurs… pour « s’engager, dit-il, collectivement et côte à côte dans la lutte pour réhabiliter l’exercice politique et réaliser le changement souhaité ».
Appel à la libération des « détenus politiques » et à la « tenue d’élections générales anticipées »
Youcef Aouchiche qui a participé, mardi 17 septembre, à la prestation de serment du Président Abdelmadjid Tebboune, réélu pour un second mandat à l’issue des présidentielles du 7 septembre, s’est félicité de l’engagement du chef de l’État en faveur du dialogue. Un dialogue dont ni les contours, ni la date ne sont fixés pour l’heure.
« C’est le moment le plus approprié pour surmonter nos divergences et nous mettre d’accord sur ce qui est fondamental, c’est-à-dire se mettre d’accord sur un terrain national commun et consensuel qui servira de base à la reconstruction de l’État national sur les principes de démocratie, de justice et de liberté. Un pays moderne et ouvert, capable de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés sur les plans sécuritaire, social, économique, et même culturel », estime Aouchiche.
C’est pourquoi, il appelle, dans ce contexte, à des élections générales anticipées d’ici la fin du premier semestre 2025, pour « accorder une nouvelle légitimité aux conseils élus, locaux et nationaux, au cours du prochain quinquennat ».
Ces élections doivent être toutefois précédées d’une véritable réhabilitation de la scène politique, selon lui, à travers une révision de la loi sur les partis et une révision en profondeur du Code communal et de wilaya ainsi que de la loi électorale pour permettre l’« émergence d’une véritable représentation démocratique » dans le pays.
Comme de nombreux autres partis de l’opposition, Youcef Aouchiche estime que des mesures pour créer un climat d’apaisement sont nécessaires dans l’immédiat, notamment à la veille de la célébration du 70ᵉ anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution, le 1ᵉʳ novembre 1954.
Entre autres mesures réclamées par le chef du FFS : grâce présidentielle aux détenus d’opinion et aux détenus politiques, abolition de l’article 87 bis et fin de la « criminalisation excessive » de l’exercice politique et des droits de l’homme, ainsi que l’ouverture du champ politique et médiatique, tout en abolissant toutes les lois qui entravent libertés et affectent les droits.
Le FFS va-t-il prendre part au prochain gouvernement ?
« Cet effort est essentiel pour renforcer le pays face aux défis majeurs que nous devons relever collectivement […] Il s’agit de mesures essentielles pour garantir un véritable pluralisme, où tous les courants qui composent le paysage politique national peuvent exprimer librement leurs opinions. C’est la condition qui nous permettra de renforcer la cohésion nationale et de répondre efficacement aux défis à venir. Cette étape pourrait nous conduire à un consensus historique », estime Youcef Aouchiche.
Interrogé, par ailleurs, si le FFS était prêt à intégrer le Gouvernement, Youcef Aouchiche a indiqué que la « question n’est pas à l’ordre du jour au sein du parti ». « C’est prématuré de parler d’une participation, même si nous inscrivons cette question dans le sens de la construction de l’État de droit. Pour le moment, la question n’est pas posée au sein du parti ».