L’ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Karim Younes, a levé le voile ce jeudi sur la vision qu’il entrevoit pour son rôle parmi les treize personnalités proposées pour mener le dialogue et la médiation, estimant qu’il s’agit de « rapprocher les différentes dynamiques dans la société et d’en faire une synthèse ».
« Mon intérêt personnel commande que je sois chez moi et continue à vivre ma retraite dans la paix et la sérénité, mais je vois de jour en jour la situation empirer », a indiqué M. Younes lors d’un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale. « Il ne semble pas que les autorités officielles de notre pays aient suffisamment donné de l’importance à l’écoute, non seulement pour entendre les masses populaires mais aussi pour les comprendre », a-t-il estimé en outre.
Présentant sa vision de son rôle, Karim Younes a fait savoir qu’en tant que médiateur, « nous voulons développer des passerelles entre générations et essayer de trouver les solutions les plus idoines. Essayer de rapprocher les différentes dynamiques dans la société et d’en faire une synthèse. C’est cette synthèse qui sera présentée à l’autorité officielle de notre pays pour donner suite », a-t-il affirmé.
« Tirons un bilan le plus objectif possible de ce que nous avons réalisé jusque-là depuis le recouvrement de notre indépendance. Il s’agit de lister nos réussites parce qu’il y en avait, et aussi nos échecs, et en fonction de ce qui se passe dans le monde. Il faut s’insinuer dans le cours de l’histoire du monde, à ce moment-là trouver les solutions idoines », a déclaré l’ancien président de l’APN.
« Dialoguer entre Algériens est une nécessité, on ne peut pas se payer le luxe de se parler à soi-même. Espérons seulement qu’en retour il y ait une écoute de la partie qui détient la réalité du pouvoir », a indiqué M. Younes, qui pose par ailleurs ses conditions à la tenue du dialogue.
« Il n’est pas possible d’aborder un dialogue avec la situation politique actuelle, avec des jeunes détenus en prison pour avoir exprimé une idée, pour avoir pavoisé avec des drapeaux qui ont nos couleurs, les couleurs algériennes, ce n’est pas normal. Ce n’est pas l’Algérie. Ceux qui sont derrière cette situation de bouillonnement, ceux qui ont ravivé le feu sont des gens qui ont derrière la tête des objectifs qui ne sont pas sains », a affirmé Karim Younes.
« J’ai vu une séquence dans une vidéo où un policier donnait un coup de pied sur la figure d’un jeune. C’est inadmissible. C’est un acte condamnable. Je ne condamne pas seulement le policier qui l’a fait, mais je condamne également le chef qui lui a donné l’ordre de le faire et les chefs qui l’ont couvert. Avec ça, nous ne pouvons pas dialoguer. Il faudrait d’abord qu’on fasse du ménage, qu’on s’explique. Le peuple et sa volonté doivent être respectés. Le respect doit être mutuel », a-t-il ajouté.
Pour l’ancien président de l’APN, trouver une solution à la crise passe par « le renouvellement de la loi électorale, qui ne doit pas être le fruit d’une réflexion du gouvernement mais d’une conférence nationale des partis et de la société civile. La loi ne sera pas le produit de bureaux de fonctionnaires mais sera le produit de contacts et discussions entre les différentes dynamiques de la société politique et civile du pays », a affirmé M. Younes.
« Une fois que tout ça est réglé, si les garanties fixées par la conférence de dialogue sont présentes, il n’y a pas de problème à aller vers l’élection présidentielle. Je ne sais pas si c’est dans trois, quatre ou cinq mois, mais il faut bien qu’on y débouche un jour », a-t-il indiqué en outre, estimant dans ce cadre que « l’Algérie a besoin d’un chef qui tienne compte de la situation qui vient d’être assainie et qui s’engage à poursuivre les réformes que cette conférence aura promulguées ».