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Dialogue : le panel abandonne les préalables

Dialogue : le panel abandonne les préalables

Le panel de dialogue a tenu sa réunion ce jeudi 1e août, comme annoncé la veille.

Depuis le discours musclé du chef d’état-major de l’ANP, mardi, la tendance était à l’abandon, notamment du côté du coordinateur Karim Younès qui avait, en fin de semaine passée, brandi la menace de l’autodissolution si le préalable des mesures d’apaisement n’était pas satisfait. « Cette semaine sera décisive » avait-il déclaré entre autres.

Finalement, le retrait n’a pas eu lieu et le panel est bien parti pour poursuivre sa mission. L’ancien président de l’APN a certes fait état de sa volonté de se retirer, mais les autres membres de la commission l’ont en dissuadé. La démission de M. Younès a donc été « rejetée à l’unanimité, par les membres du panel, et ce en réponse à la demande de plusieurs personnalités, organisations, associations, membres de la société civile et acteurs du hirak populaire, à travers les différentes wilayas, lesquels avaient exprimé leur attachement au principe de dialogue national annoncé pour la sortie de crise dans les plus brefs délais », indique un communiqué de l’instance.

Face à cette situation et « mû par le sens de responsabilité envers Dieu et le pays, et conscient de la confiance placée en sa personne par les membres du panel, M. Younes a accepté de poursuivre ses missions », ajoute la même source.

Quant aux mesures d’apaisement qui ont tant fait parler, elles « seront prises en compte dans les recommandations du dialogue ».

« L’intérêt du pays doit être mis au-dessus de toute considération », estime le panel qui annonce avoir « décidé d’entamer le dialogue national sans délai, selon un calendrier qui sera annoncé ultérieurement ». D’autant plus que de nombreuses personnalités, dont les noms seront dévoilés bientôt, ont accepté de répondre à « l’appel de la patrie dans cette conjoncture difficile, par conviction et sens de responsabilité ». Comprendre : d’autres noms viendront renforcer la composante de l’instance dans les prochains jours.

Une décision incompréhensible

Le panel avait été installé jeudi 25 juillet avec pour mission de mener un dialogue national inclusif devant déboucher sur l’organisation de l’élection présidentielle dans les meilleurs délais.

Les six membres qui le constituaient, Karim Younès, Smaïl Lalmas, Fatiha Benabou, Bouzid Lazhari, Abdelouahab Bendjelloul et Azzedine Benaïssa, ont été reçus par le chef de l’État qui s’est engagé devant eux à mettre en œuvre les mesures d’apaisement réclamées, dont la libération des détenus d’opinion, le déblocage des accès à la capitale les jours de marche et la libération des champs médiatique et politique.

Le lendemain, vingt-troisième vendredi de mobilisation populaire, les manifestants ont rejeté la démarche et réitéré la revendication d’une présidentielle sans les symboles du système.

L’économiste Smaïl Lalmas, pourtant très estimé du hirak, est pris à partie. Le soir même, Karim Younès lançait une mise en garde claire sur un plateau télé : « Cette semaine sera décisive. Si les engagements pris par la Présidence ne connaissent pas un début d’exécution, le panel, Tajma3th n’el khi, se réunira et examinera l’éventualité de la suspension de ses travaux et pourra même aller jusqu’à son autodissolution ».

Dimanche, un septième membre, présenté comme « acteur du hirak » est admis et un appel est lancé à vingt-trois personnalités nationales pour rejoindre l’instance. Une invitation déclinée par tous les poids lourds sollicités, dont Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi.

Non seulement « les engagements pris par la Présidence » n’ont pas connu « un début d’exécution », mais le chef d’état-major de l’ANP a clairement signifié en milieu de semaine son rejet des préalables qu’il a assimilés à des « diktats ».

Smaïl Lalmas jette l’éponge le soir même et Karim Younès promet une décision finale pour ce jeudi.

Sa décision est finalement de poursuivre sa mission, sans aucune des mesures sur lesquelles il a tant insisté. Une attitude pour le moins incompréhensible à ce stade. Bluffait-il lorsqu’il avait brandi la menace de tout lâcher si ses préalables ne sont pas pris en charge ou a-t-il reçu de sérieuses garanties pour la mise en œuvre des mesures réclamées une fois proposées par les participants au dialogue ? Une explication de sa part ne sera pas de trop.

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