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Diaspora algérienne en France : graves dérapages des médias français

Diaspora algérienne en France : graves dérapages des médias français

Ciblée par l’extrême-droite depuis plusieurs années, la diaspora algérienne en France se retrouve davantage dans la tourmente suite à la dégradation en cours des relations entre Alger et Paris.

En plus des stigmatisations et des généralisations habituelles, des personnages de la droite dure et de l’extrême-droite ainsi que des médias français s’attaquent à tout ce que tu es Algérien et n’hésitent plus à suggérer des mesures susceptibles de toucher directement les Algériens établis légalement en France.

Estrosi propose de surveiller les transactions financières par les Algériens en France

Christian Estrosi, maire de Nice, y est allé de ses propositions pour faire pression sur l’Algérie. Dans un message de soutien au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, Estrosi a cité sur X quelques « moyens de répliquer », dont « la suspension des facilités offertes aux passeports diplomatiques », la « dénonciation des accords de 1968 » et la « surveillance systématique des transactions financières réalisées par les Algériens en France ».

C’est la première fois qu’une mesure liée aux activités des Algériens en France est évoquée. Elle illustre le manque total de discernement d’une partie de la classe politique française face à la crise avec l’Algérie à laquelle elle a grandement contribué.

Cela fait plusieurs années que l’immigration algérienne est devenue un point de fixation pour l’extrême-droite et la droite dure en France. La crise en cours n’est pas faite pour calmer les choses.

Les Algériens de France sont davantage stigmatisés et sont la victime collatérale de ces tensions politiques qui pourraient aussi avoir des conséquences sur les opérateurs français activant en Algérie si les autorités algériennes sont poussées à leur tour à actionner le levier économique.

Diaspora algérienne en France : l’affaire des influenceurs attise les stigmatisations

L’affaire des influenceurs algériens interpellés pour appels à la violence a été aussi saisie au vol pour sortir les vieux clichés stigmatisant la diaspora algérienne. Des accusations directes de chercher à « déstabiliser la France » ont été proférées à l’égard de la Grande mosquée de Paris, dirigée par l’Algérien Chems-Eddine Hafiz.

Dans un article consacré à cette affaire des influenceurs, le journal Le Point qui est proche de l’extrême droite, a accusé les autorités algériennes de vouloir utiliser la diaspora comme une arme contre la France.

« Ces artisans de la haine ordinaire illustrent la volonté d’Alger d’utiliser sa diaspora comme une arme », écrit le média français, reprenant une accusation qui a déjà fusé chez l’extrême-droite dès l’annonce des premières interpellations.

Dans cet article, au pire, Le Point pointe un ennemi intérieur à la France, au mieux, il fait preuve d’une méconnaissance totale des rapports entre la diaspora algérienne avec le gouvernement algérien.

Ce dernier est même accusé de discrimination à l’égard des binationaux par le député des Algériens de France Abdelouahab Yagoubi, en raison de son refus d’ouvrir certains secteurs à la diaspora algérienne, comme les médias ou certains postes de responsabilité dans l’administration.

Si Le Point parle d’ « arme », le journaliste Pascal Praud, connu pour sa proximité avec l’extrême-droite, a, lui, évoqué carrément une « guerre civile ».

Dans son éditorial ce lundi 13 janvier sur CNews, Praud a tenu des propos surréalistes, soutenant notamment que, « entre la France et l’Algérie, il s’agit bien d’une guerre civile larvée qui a commencé en 1954 et peut-être même avant ».

« Une guerre civile, poursuit-il, que les accords d’Evian en 1962 ont mis entre parenthèses et qui perdure à travers le temps sans jamais qu’une détente n’apparaisse ».

Diaspora algérienne en France : le grave dérapage de Pascal Praud

Pour le journaliste d’extrême droite, le temps est venu de « changer de stratégie » et « d’opposer une nouvelle fermeté », suggérant lui aussi d’actionner une multitude de leviers contre l’Algérie, comme la suspension des visas.

Une telle mesure, si elle venait à être prise, sanctionnerait en premier lieu la diaspora. Les quelques voix sensées qui se sont exprimées récemment ont toutes mis l’accent que des millions de Français, plus de 10% de la population, ont un lien familial avec l’Algérie.

Le journal l’Express a quant à lui désigné des cibles. Il s’est attaqué d’une façon hallucinante à notre journal TSA à cause d’un article sur des appels au boycott du nouveau de l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze.

Pour l’Express, TSA a écrit sur Jamel Debbouze à cause de son origine marocaine, sans apporter la preuve, ni prendre la peine de contacter la rédaction du journal, foulant au pied, les principes les plus élémentaires du journalisme.

« Mais voilà, l’humoriste cumule les deux pires tares du moment aux yeux du régime et de ses affidés : être français…. et marocain à la fois, soit la somme des deux ennemis des ultranationalistes aux manettes à Alger », a écrit la journaliste Charlotte Lalanne dans son article pour défendre l’acteur marocain, tout en s’attaquant, sans crédibilité à un média.

Face à ces stigmatisations, des figures de la diaspora algérienne en France ont fini par rompre le silence. Dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, l’ancien député européen Karim Zeribi, a poussé un coup de gueule en évoquant l’un des points à l’origine de la crise actuelle entre l’Algérie et la France, soit la question du Sahara occidental.

Karim Zeribi a exprimé son mécontentement de voir la France donner l’impression que « quand elle est bien avec le Maroc, elle doit être mal avec l’Algérie », et vice versa. « Je n’ai pas à être dans une forme de choix entre ces deux pays du Maghreb (…) Arrêtons de les opposer, arrêtons d’essayer, quand on est du côté français, de jeter de l’huile sur le feu », a-t-il dit, appelant les diasporas algérienne et marocaine à « ne pas tomber dans ce piège-là ». Quant à la question du Sahara occidental, « c’est une question onusienne », a-t-il rappelé.

Sur Cnews, Karim Zéribi qui a lancé le Conseil mondial de la diaspora algérien en mars dernier à Paris, a dénoncé un « climat politico-médiatique anti-algérien » croissant en France.

Il a jugé cette situation « insupportable et irresponsable », et rappelé que la majorité des Algériens vivant en France « aiment ce pays, travaillent, respectent les lois de la République » et contribuent activement à la société.  « Il y a 15 000 médecins algériens servent aujourd’hui la santé en France », a-t-il encore rappelé.

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