Donald Trump a choisi Mount Vernon, magnifique demeure du premier président américain George Washington, pour un dîner privé lundi avec son homologue français et leurs épouses respectives, au premier jour de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis.
Ce site historique, situé à une vingtaine de kilomètres au sud de la Maison Blanche et qui accueille un million de visiteurs chaque année, symbolise la « relation privilégiée » entre la France et l’Amérique. Neuf mois après leur dîner à quatre à Paris au deuxième étage de la Tour Eiffel, les époux Trump renvoient l’ascenseur.
« C’est un endroit tout à fait particulier où l’on se sent marcher sur les traces de Washington, des leaders de la révolution », commente Susan Schoelwer, conservatrice à Mount Vernon.
Un lieu apprécié des présidents américains: en 1961, les Kennedy et leurs invités étaient arrivés à Mount Vernon par bateau. Le dîner d’Etat en l’honneur du président pakistanais s’était ensuite déroulé sur la pelouse Est, avec vue plongeante sur le fleuve Potomac.
Mount Vernon fut la demeure principale de George Washington pendant plus de 40 ans, le général de l’indépendance américaine ne cessant de l’agrandir. A la fin de sa vie, son terrain dépasse les 3.000 hectares et la maison, avec ses 21 pièces, s’étend sur 1.000 mètres carrés. Mount Vernon était aussi une propriété coloniale, avec plus de 300 esclaves en 1799 dont près de la moitié appartenant à Washington. Dans son testament, il demande qu’à la mort de sa femme, ses esclaves soient libérés.
« Les Washington étaient réputés pour leur hospitalité et beaucoup de visiteurs reçus pendant ces années venaient de France. Le plus célèbre étant le marquis de La Fayette », rappelle Susan Schoelwer.
Le héros français de la guerre d’indépendance américaine « est devenu si proche de Washington qu’il était comme son fils adoptif », poursuit-elle. Emprisonné pendant la révolution française, il enverra même son fils, George Washington La Fayette, se réfugier à Mount Vernon.
Le symbole de l’amitié entre les deux hommes est la clé de la prison de la Bastille, objet en métal noir, imposant, accrochée à l’intérieur de la demeure, un cadeau envoyé par La Fayette à Washington peu de temps après le début de la Révolution française, « au nom du peuple français ».
« Bien que Washington ne se soit jamais rendu en France, c’était une part importante de son histoire personnelle ainsi que de l’histoire de la Nation », abonde la conservatrice.
« On a entendu parler de La Fayette, voilà, ça nous relie à notre histoire », raconte Carole Elbaz, une Française vivant aux Etats-Unis, venue profiter en famille d’une belle journée ensoleillée à Mount Vernon.
Si le président Macron marchera bien dans les pas du marquis de La Fayette, il sera loin d’être le premier. Avant lui, Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy ont été reçus par les présidents Gerald Ford et George W. Bush. Georges Clemenceau, Aristide Briand, le maréchal Joffre, le maréchal Pétain et le Général de Gaulle se sont aussi rendus à Mount Vernon. Et l’explorateur Jacques Cousteau y a célébré son soixante-quinzième anniversaire en 1985 avec plus de 2.000 invités.