À situation nouvelle, méthodes et outils nouveaux. Dans une conjoncture régionale tendue et devant les nouvelles réalités internationales induites par la pandémie de Covid-19, le président de la République a battu le rappel du corps diplomatiquealgérien déployé à l’étranger.
Les chefs des missions diplomatiques, ambassadeurs ou consuls, prennent part à partir de ce lundi 8 novembre jusqu’à mercredi 10, à une conférence ayant pour thème « la diplomatie algérienne et les défis internationaux de l’Algérie ».
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« Cette rencontre s’inscrit dans le sillage de la dynamique sans précédent que connaît l’appareil diplomatique algérien grâce aux décision prisées récemment par monsieur le président de la République et en vertu desquelles il a été procédé à la nomination de près de 80 chefs de missions diplomatiques et consulaires à l’étranger, en plus de la création de sept postes d’envoyés spéciaux chargés de l’activité internationale de l’Algérie », souligne le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans son allocution inaugurale.
Les nouveaux nommés sont évidemment présents dans la grande salle des conférences du palais des nations. Parmi eux, au premier rang, l’ancien ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, et l’ancien président de l’APN, Slimane Chenine, désignés ambassadeurs respectivement à Prague et à Tripoli.
Lorsque le président Tebboune prend la parole, tout le monde s’attend à un long discours pour s’attarder sur les grands dossiers diplomatiques de l’heure, la situation aux frontières de l’Algérie, en Libye, au Sahel, ou encore les tensions en cours avec la France et le Maroc.
Certaines de ces questions, le chef de l’Etat les abordera mais très succinctement, parfois par des sous-entendus. L’essentiel de son discours, M. Tebboune le consacre au « nouveau paradigme » de la diplomatie algérienne, au rappel de ses fondamentaux et surtout aux priorités et aux objectifs qu’il est attendu des diplomates algériens d’atteindre.
« Nous ne tolérerons aucune ingérence dans nos affaires »
Sur la crise avec le Maroc, exacerbée par l’affaire de l’assassinat de trois algériens le 1er novembre, le président ne dira pas un mot. Il a fait référence à la question du Sahara occidental comme l’une des « poches de tension le long de nos frontières », notamment « avec la reprise des affrontements militaires armés entre le Front Polisario et les forces d’occupation marocaines ».
Abdelmadjid Tebboune a aussi appelé à « œuvrer de concert avec les Etats avec lesquels nous partageons les mêmes positions pour amener les Nations Unies à assumer ses responsabilités envers notamment les peuples palestinien et sahraoui ».
Le chef de l’Etat n’a à aucun moment cité la France dans son discours. Il a préféré s’adresser à « nos partenaires européens » auxquels il a signifié que « l’Algérie ne tolérera aucune ingérence dans nos affaires intérieures » et que l’Algérie sera « toujours disposée à établir des relations basées sur le respect mutuel et le principe de l’égalité souveraine entre les Etats ».
Le président de la République souligne que « les défis auxquels nous faisons face sont plus sérieux ». Il cite « les crises nombreuses et multidimensionnelles » que connaît la région et « les poches de tension dans plusieurs pays voisins le long de nos frontières », du Sahara occidental au Sahel où la situation demeure « sous l’influence de plusieurs facteurs, dont les luttes multiformes et la prolifération de la menace terroriste et du crime organisé » en passant par la Libye « qui connaît toujours des tiraillement à cause des interférences étrangères ».
« Protéger l’UA des tentatives malsaines de division »
De plus, l’Algérie fait face à des menaces qui visent à « l’affaiblir de l’intérieur », en ayant recours aux « guerres de 4e génération menées contre notre pays dans le cadre d’un plan plus large qui cible l’Afrique et le Moyen-Orient ».
D’où cette orientation aux représentants de l’Algérie à l’étranger : « Vous êtes plus que jamais appelés à montrer le même esprit d’engagement et de sacrifice que vos aînés pour protéger les intérêts de l’Algérie et riposter fermement aux manœuvres hostiles qui ciblent notre sécurité nationale. »
La priorité, selon le président, doit être accordée au prochain mandat de l’Algérie comme membre (non permanent) du Conseil de sécurité de l’ONU pendant la période 2024-2025, au renforcement des liens d’amitié avec les Etats africains situés dans la profondeur stratégique de l’Algérie ainsi qu’à « dépasser l’apathie qui a marqué les relations avec les pays d’Afrique engagés avec l’Algérie, dont le Nigeria et l’Afrique du Sud ».
Toujours à propos de l’Afrique, Abdelmadjid Tebboune a appelé à renforcer l’UA et à la protéger « des tentatives malsaines qui ciblent l’unité de ses rangs et son rôle central », en allusion à l’admission l’été dernier d’Israël comme membre observateur de l’instance continentale.
Autre priorité pour les ambassadeurs et consuls d’Algérie, l’accompagnement des opérateurs économiques algériens dans leurs activités à l’étranger, notamment celles liées à l’export, dans le cadre de « la diplomatie économique ».
Une séance plénière consacrée à cet aspect est d’ailleurs au programme. Elle est prévue le dernier jour de la conférence, mercredi, avec pour thème « la diplomatie économique au cœur du nouveau paradigme ».