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Discours de Gaid Salah : la presse étrangère voit « une mise en garde » de l’armée aux manifestants

La presse française a commenté ce mercredi la sortie publique effectuée hier par le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.

« L’armée met en garde les manifestants », affirme en titre l’article du magazine français L’Express. « Les Algériens en colère ne baissent pas les bras. Plusieurs milliers d’étudiants ont encore défilé mardi dans la capitale et dans plusieurs villes d’Algérie contre la cinquième candidature du président Abdelaziz Bouteflika », écrit le magazine

« Parallèlement, l’armée a adressé une sévère mise en garde contre ceux qui, selon elle, veulent déstabiliser le pays. Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, a averti que celle-ci serait la garante de la ‘’sécurité’’ et la “stabilité” face à “ceux” – qu’il ne nomme pas – qui veulent ramener l’Algérie aux années de guerre civile », indique L’Express.

« La carotte semblant n’avoir pas fonctionné, le général Gaïd Salah a donc mardi agité le bâton », estime l’hebdomadaire sur son site, ajoutant que le chef d’état-major « a accusé la contestation d’être le fait de “certaines parties”, qu’il n’a pas nommées, “dérangées de voir l’Algérie stable et sûre” et désireuses de ramener l’Algérie aux ‘’années de braises” ». « Le général a ensuite appelé les Algériens “à s’ériger en rempart contre tout ce qui pourrait exposer l’Algérie à des menaces aux retombées imprévisibles” », précise L’Express.

« L’armée agite le bâton en Algérie, mais les étudiants restent debout », titre de son côté le média Euronews. « Le pouvoir algérien, cerné, poussé dans ses retranchements par des dizaines de milliers de protestataires, semble vouloir agiter le bâton car la “carotte” des engagements du président Bouteflika à entamer des réformes n’a pas mis les protestataires en appétit », écrit le média.

« Ainsi, l’armée préfère pour le moment rester dans le déni, et ne pas voir l’ampleur de la contestation qui ne cesse de grandir à travers tout le pays depuis une dizaine de jours, à la suite d’une candidature de plus d’Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle, confirmée par le Conseil constitutionnel dimanche dernier », estime le média.

« Se fondant sur la sécurité et la stabilité regagnées après cette période sanglante, il a donc déclaré avec fermeté que l’armée “demeurera la garante de cet acquis si cher”. Jouant sur une éventuelle division au sein de la population, le général Ahmed Gaïd Salah a même appelé le peuple à “s’ériger en rempart contre tout ce qui pourrait exposer l’Algérie à des menaces aux retombées imprévisibles” », analyse Euronews.

« Menace d’une nouvelle guerre civile », titre pour sa part le site internet de la chaîne franco-allemande Arte, qui a donné la parole à Rachid Ouaissa, expert du monde arabe à l’Université de Marbourg, d’origine algérienne. « Si Bouteflika se maintient au pouvoir – même à titre transitoire – on court le risque d’une guerre civile. Car la pression de la rue est énorme », estime l’expert. « Tout est fait pour que rien ne change. C’est ce qui s’est passé en Égypte. Les militaires ont ainsi tout bonnement “sacrifié” Moubarak, pour continuer à agir à leur guise comme auparavant », rappelle M. Ouaissa.

« Pour mettre en œuvre des réformes notoires en Algérie, il faut avoir l’aval du pouvoir militaire qui est un facteur d’ordre capital et le garant de la stabilité. Il faudrait compter sur son soutien pour convoquer une sorte d’assemblée nationale. Mais quant à savoir quels en seraient les objectifs concrets, rien n’est plus incertain », considère l’expert à l’université allemande, précisant qu’il « n’existe à ce jour aucun candidat consensuel pour cette élection présidentielle. Bref, une personne qui aurait le soutien à la fois de la population civile et des militaires ».

Le journal français L’Opinion, quant à lui, évoque la position délicate dans laquelle se trouve la France par rapport à la contestation populaire en Algérie, titrant « pourquoi la France marche sur des œufs ».

« “Les français se pissent dessus”, assure le responsable d’un think-tank chargé de faire de la prospective pour l’Etat [français] », affirme l’Opinion, ajoutant qu’à Paris, « l’évolution incertaine de la situation est suivie de près. Des membres de l’exécutif confient leur inquiétude que les questions migratoires et religieuses viennent polluer les débats, à l’approche des européennes. Une crainte justifiée, l’extrême droite et une partie des Gilets jaunes s’en étant déjà emparés », écrit L’Opinion.

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