Le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah a dévoilé ce mercredi dans un discours à la nation une nouvelle approche politique de sortie de crise, axée sur le dialogue inclusif, sans la participation de l’État y compris l’armée, en vue d’organiser la prochaine élection présidentielle.
Lutte contre la corruption
« L’œuvre d’assainissement de l’État et de renouvellement de son encadrement est accompagnée d’une vigoureuse lutte contre le fléau de la corruption et de la dilapidation des deniers publics, menée par une Justice qui exerce désormais et avec rigueur la plénitude de ses missions et de ses attributions. »
Et je peux vous assurer à cette occasion que l’État, qui demeure à l’écoute des revendications et des aspirations profondes de notre peuple, est vraiment décidé à mener cette lutte sans relâche conformément aux lois de la République, dans le respect du principe de présomption d’innocence et en veillant à ce que toutes les dispositions soient prises afin que les travailleurs et l’économie nationale ne soient pas pénalisés par les décisions concernant les patrons des entreprises concernées. »
Unité nationale
« (…), il me plaît de souligner que si tout doit être fait pour que les droits fondamentaux et les libertés consacrés dans notre Constitution, notamment le droit de s’exprimer et le droit de manifester, soient pleinement respectés et protégés, il y a lieu de veiller, dans le même temps, à ce que l’exercice de ces droits puisse se faire dans le respect d’autrui et surtout dans le plein respect des Lois de la République et que leur expression ne soient pas détournées à des fins attentatoires à la stabilité de notre pays et à son unité nationale. »
Présidentielle, « seule solution viable »
« Cette élection, qui sera entourée des garanties requises, reste la seule solution démocratique viable et raisonnable et ma conviction profonde est que seul un Président de la République, issu d’une élection incontestable, aura, en effet, toute la confiance et la légitimité nécessaires et toutes les prérogatives requises pour concrétiser l’aspiration profonde au changement, satisfaire l’ensemble des revendications populaires légitimes et entreprendre les réformes profondes dont le pays a crucialement besoin. »
Appel au dialogue
« Je leur lance un appel pour s’engager dans le processus de dialogue national inclusif que l’État entend lancer dès à présent, pour débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle et, partant, apporter leur contribution à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité. »
Personnalités nationales pour mener le dialogue
« Le processus de dialogue qui sera lancé incessamment, sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des Personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale. Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles à l’accomplissement de cette noble mission et qui seraient de nature à les aider à conduire et à faciliter ce dialogue. »
Dialogue sans l’État y compris l’armée
« A cet égard et afin d’éviter toute interprétation et de dissiper tout malentendu, l’État dans toutes ses composantes, y compris l’Institution Militaire, ne sera pas partie prenante à ce dialogue et observera la plus stricte neutralité tout au long du déroulement de ce processus. Il se contentera de mettre tous les moyens matériels et logistiques à la disposition du Panel de Personnalités, qui décidera lui-même des modalités de son fonctionnement. »
Objectifs du dialogue
« Sous la conduite de ce Panel, les participants au dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision.
Ce dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible. Le Panel des personnalités pourra inviter toute partie qu’il estime utile à la conduite de sa mission et à la réalisation de son objet, notamment les partis politiques, la société civile, les organisations socioprofessionnelles, les personnalités nationales, y compris celles émanant du mouvement populaire, pour consigner leurs positions, avis et propositions. De même qu’il décidera du format de ces rencontres et discussions. »
Ce dialogue, qui devra nécessairement se concentrer sur l’unique objectif stratégique que constitue l’organisation de l’élection, élection qui devrait se tenir à une date la plus rapprochée possible, se déroulera de toute évidence dans le cadre de la Constitution qui impose la préservation de l’État, le respect des Institutions et la prévalence de l’intérêt supérieur de la Nation.
Dans cette optique, l’organe ou l’autorité électorale indépendante à mettre en place, qui aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes ses étapes, sera au centre des discussions. Il s’agira de débattre et d’arrêter la configuration de cette entité et de fixer ses missions et attributions, son mode d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris, éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger.
Sachant qu’elle pourrait prendre en charge, les prérogatives de l’Administration publique, en matière électorale, elle sera appelée à intervenir sur tout le territoire national et aura, en conséquence, des démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à l’étranger. Elle aura à gérer son budget propre de fonctionnement ainsi que les autres crédits qui pourraient lui être alloués par l’État.
La mise en place de cet organe nécessitera l’adoption d’une Loi spécifique, ainsi que l’adaptation, en conséquence, du dispositif législatif et règlementaire, notamment la loi électorale, qu’il conviendra de réviser pour y introduire toutes les garanties, à même de faire en sorte que ce scrutin puisse répondre à toutes les exigences d’impartialité, de régularité et de transparence ».