L’Algérie a adopté la chloroquine comme traitement de base contre le coronavirus Covid-19. Avons-nous un stock suffisant de ce produit ?
Le ministère de la Santé a actuellement de quoi traiter 300.000 malades. Les autorités ont aussi lancé un avis d’appel d’offres international à travers la Pharmacie centrale des hôpitaux pour l’achat d’hydroxychloroquine en produit fini.
Est-ce que la chloroquine est fabriquée en Algérie ?
Il y a un problème dans la prévision des besoins. Aujourd’hui, il y a des gens qui disent qu’il faut 2 millions de boites et d’autres 3 millions. Il faudrait que les épidémiologues et les infectiologues nous éclairent sur nos besoins réels.
L’autre problème qui se pose est que l’Inde a arrêté d’exporter de l’hydroxychloroquine en produit fini et en matière première. L’Algérie, à travers le ministère de la Santé, a fait une demande à l’Etat indien pour qu’il fasse une dérogation à ce propos. Maintenant, il faudrait que l’Inde autorise l’exportation de ces produits surtout qu’ils ont des capacités importantes de fabrication de la matière première et du produit fini
Beaucoup s’interrogent sur l’implication des laboratoires algériens de médicaments dans la lutte contre le coronavirus. Qu’en pensez-vous ?
On n’aime pas faire du marketing quand il s’agit de ce genre de situation. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’au niveau de l’UNOP, nous avons dégagé une enveloppe financière grâce à laquelle, en coordination avec les autorités, nous allons faire un achat des moyens de protection (surblouses, combinaisons, lunettes…) qu’on donnera à la Pharmacie centrale des hôpitaux. De même qu’il y a beaucoup de nos adhérents qui ont fait des dons de produits de protection à l’instar du gel hydroalcoolique et de l’azythromycine, un antibiotique. Nous nous impliquons mais sans pour autant faire de la publicité autour de nos actions.
Pourquoi y a-t-il régulièrement des ruptures de plusieurs médicaments ?
Ce sont des ruptures liées à la mondialisation. Les multinationales ont une usine pour fabriquer un produit destiné à l’ensemble des commandes au niveau international. Ils travaillent à flux tendu car il y a tous les problèmes liés à la trésorerie et à l’optimisation. Ce qui fait qu’il y a des ruptures mondiales.
Pour l’Algérie, on a un problème de statistiques économiques qui ne concerne pas que le médicament. C’est-à-dire que l’économie algérienne ne dispose pas de chiffres. Vous allez dans tous les secteurs économiques, vous n’allez pas trouver des chiffres liés à la production, aux nombre d’employés… Ce sont des problèmes statistiques. Ce qui n’est pas normal, c’est que depuis plusieurs années, tous ceux qui activent dans le médicament, les importateurs et les producteurs envoient chaque mois des chiffres au ministère de la Santé en rapport avec les ventes, les stocks, mais nous ne disposons pas d’un système d’information en temps réel. Nous avons même proposé un financement pour que l’Algérie puisse disposer d’un système d’information en temps réel qui nous informe à tout moment sur l’état des stocks concernent telle ou telle molécule.
En sommes, en Algérie, il y a une volonté d’interdire les importations en encourageant la production nationale sans maîtriser les statistiques.
Qu’est-ce qui explique la rupture du Levothyrox ?
C’est un problème de prévision, de statistiques et de chiffres. Il faut savoir que généralement, c’est durant le mois de juillet que les opérateurs économiques algériens déposent les programmes d’importation auprès du ministère de la Santé. Ces programmes sont étudiés, puis validés en décembre. Une fois l’accord du ministère de la Santé obtenu, l’opérateur lance ses commandes en matière de médicaments.
Pour le Levothyrox, je pense que les commandes ont été passées en décembre et que le produit est arrivé en février et libéré le 22 mars. Il a été fabriqué en un temps record et livré à l’Algérie. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’il y a eu une rupture au premier trimestre 2020. Cela veut dire que les stocks de fin d’année en Levothyrox n’étaient pas bons. Parce que normalement, on doit détenir pour toute molécule, selon le cahier des charges, trois mois de stocks. En d’autres termes, le 31 décembre 2019, l’Algérie aurait dû disposer de 3 mois de stocks en Lévothyrox qui couvrent la demande jusqu’au 31 mars 2020. En ce sens que la quantité de ce médicament importée l’année passée n’était pas suffisante. Dès lors, il fallait rectifier cette insuffisance en 2020 en rajoutant des quantités pour ne pas tomber dans le même déficit.
Est-ce que l’Algérie produit du Levothyrox ?
Non.
Pourquoi ?
Le Lévothyrox est une hormone et il n’y a aucune usine qui produit une hormone parce que les hormones, comme certains antibiotiques, demandent à être fabriquées dans des usines dédiées. C’est-à-dire que dans une usine de fabrication d’hormones, vous ne pouvez pas fabriquer d’autres produits.