Le Maroc conteste à l’Algérie plusieurs éléments de son patrimoine culturel, comme le zellige, le caftan, certains plats culinaires, des styles musicaux…
La ministre française de la Culture Rachida Dati s’implique dans le débat et donne un coup de pouce au Maroc, son pays d’origine, sans toutefois citer l’Algérie.
Le dernier épisode en date concerne le caftan. Lundi 20 mai, des titres de la presse marocaine, dont Hespress, ont rapporté que le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication marocain a mis à exécution sa menace de saisir l’UNESCO (Organisations des Nations-Unies Pour l’éducation, la science et la culture) contre l’Algérie qui avait précédemment déposé un dossier pour faire reconnaître comme patrimoine algérien deux types de caftan algérien, la « gandoura » et la « m’lehfa ».
En avril dernier, la ministre de la Culture Soraya Mouloudji avait annoncé l’introduction d’un dossier à l’UNESCO pour l’inscription d’un autre élément du patrimoine algérien contesté par les Marocains, le zellige.
Entre ces deux évènements, des Marocains ont tenté, en vain, de faire retirer des caftans exposés par la couturière algérienne Lina Boussahi à la Foire de Paris 2024 (1er-12 mai). La jeune artisane a confié à TSA avoir été insultée et intimidée par des Marocains sur les réseaux sociaux.
Dans ce contexte, la ministre française de la Culture, Rachida Dati, n’a pas manqué l’occasion d’une rencontre avec son homologue Maroc pour apporter, comme elle l’a souvent fait, son soutien à son pays d’origine.
Rachida Dati a visité samedi dernier le pavillon marocain au Festival de Cannes et y a rencontré son homologue marocain Mohamed Mehdi Bensaid avec lequel elle a signé un accord de coopération dans la production cinématographique. Dans une déclaration à la presse, la ministre française a apporté un soutien franc au Maroc en appelant à « protéger » son patrimoine.
Rachida Dati apporte son soutien au Maroc sur le caftan et le zellige
« Le Maroc s’est toujours adapté à son temps, il y a beaucoup de foisonnement, beaucoup de création, beaucoup de créativité », a-t-elle d’abord dit, soulignant qu’elle-même elle appartient à une famille marocaine « qui ne sait ni lire ni écrire mais qui est créative » et qu’elle a des cousines qui excellent dans la broderie marocaine.
« La broderie marocaine, c’est un patrimoine immatériel et mon combat avec mon homologue marocain ça sera de faire reconnaître ce patrimoine marocain », a ajouté Dati.
L’allusion à l’Algérie sera ensuite presque directe lorsqu’elle cite précisément les deux éléments que tente de s’approprier le Maroc en ce moment, le caftan et le zellige. Le ministre marocain n’a pas pu cacher sa joie.
« L’artisanat, le savoir-faire, l’habillement, le caftan, la broderie, le zellige, tous ces sujets là c’est important pour le Maroc mais c’est important aussi pour la France, parce qu’aujourd’hui, on en bénéficie aussi en France. Donc, il faut faire reconnaître ce patrimoine et le protéger », a plaidé la ministre française d’origine marocaine.
Lobbyiste du Maroc et réputée très proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait partie des figures de la droite française, avec notamment le président des Républicains Éric Ciotti, qui font le forcing pour le « rééquilibrage » de la politique maghrébine de la France en faveur du Maroc.
En visite à Rabat en mai 2023, Ciotti et Dati avaient plaidé pour la reconnaissance par la France de la « marocanité » du Sahara occidental, comme l’ont fait les États-Unis et Israël.