La décision du tribunal administratif d’Alger de dissoudre l’association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) ce mercredi 13 octobre, suite à une plainte du ministère de l’Intérieur, suscite de nombreuses réactions.
Le RAJ a reçu, le 26 mai dernier par le biais d’un huissier de justice, une citation à comparaître devant le tribunal administratif d’Alger, suite à une requête déposée par le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales sollicitant sa dissolution.
La requête du ministère de l’Intérieur est liée aux activités de RAJ qui seraient « en violation de la loi 12/06 régissant les associations et en contradiction avec les objectifs énumérés dans les statuts de l’association».
« Nous utiliserons toutes les voies légales, partout, pour faire revenir le Conseil d’Etat » sur la décision du tribunal administratif, a déclaré Hakim Addad, membre fondateur de RAJ, et ex-président de cette association.
Le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh), Saïd Salhi, voit en la dissolution du RAJ un “recul sur les acquis d’octobre 1988” ayant consacré le multipartisme et l’essor du mouvement associatif.
Le FFS, le PT et le RCD condamnent
Le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé la décision de dissolution de l’association RAJ. Par la voix de son premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, le FFS a qualifié la décision d’« une première » depuis l’avènement du multipartisme, la liberté d’association et de la presse institués par la Constitution de 1989.
Tout en assurant RAJ de son « soutien indéfectible», le plus vieux d’opposition d’Algérie rappelle que l’activité associative est « un droit garanti par la Constitution » et qualifie de « dangereux » sa remise en cause.
« Le FFS tient au principe de l’organisation, de l’encadrement libre et indépendant de la société », a-t-il souligné, en réitérant sa conviction que le changement pacifique ne peut venir que d’une « société structurée et organisée ».
« La logique du tout-répressif dans la gestion de la vie publique et son utilisation comme la seule réponse aux légitimes aspirations populaires à la liberté (…) nourrit les tendances extrémistes et menacent la cohésion nationale », avertit le FFS.
Face au contexte difficile et inédit que traverse le pays, le FFS appelle à faire valoir le dialogue et la sagesse « plutôt que la répression et le musellement des voix opposantes ».
Le Parti des travailleurs (PT) a réagi aussi à la décision de dissolution administrative de l’association RAJ. « Après des centaines d’arrestations, un pas grave vient d’être franchi : une organisation de jeunes agréée depuis 28 ans, ayant pris part à de nombreux combats démocratiques, la restauration de la paix durant la décennie noire et accompagné la révolution du 22 février 2019 est dissoute par voie administrative », a déploré le PT dans un communiqué.
Pour le Parti de Louisa Hanoune, la dissolution du RAJ « confirme la volonté de remise en cause de l’ensemble des acquis du peuple algérien et des libertés arrachées par le sang de plus de 500 jeunes victimes » lors des évènements du 5 octobre 1988, en l’occurrence le droit à la liberté d’organisation et de création d’associations indépendante.
« C’est un acquis fondamental qui est remis en cause », dénonce le PT qui apporte son soutien aux adhérents de RAJ et ses dirigeants « en ces moments difficiles que traverse notre pays ».
De son côté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a condamné une « nouvelle escalade dans le déni des droits fondamentaux des citoyens » et annonce qu’il est solidaire avec l’association RAJ.
« Après 28 ans d’un combat pour les libertés et l’émancipation de la jeunesse, l’association Rassemblement Action Jeunesse vient de subir les foudres d’un pouvoir aux abois par le biais d’un tribunal administratif », a dénoncé le porte-parole du RCD, Atmane Mazouz, dans une publication sur Facebook.
« La dissolution du RAJ signe désormais l’impossibilité pour la “Nouvelle Algérie” de tolérer l’existence de tout espace autonome », a ajouté M. Mazouz.