Société

Divorce : cette pratique chez les Touaregs est en vogue en France

En France, comme chez les Touaregs, de plus en plus de personnes n’hésitent pas à débourser de l’argent pour célébrer leur divorce.

Il semble bien loin le temps où le divorce était vécu comme un moment extrêmement dur pour un couple dans ce pays.

Un acte qui affecte souvent et durablement les couples divorcés, particulièrement les femmes. Outre la réputation, la reconstruction se révèle parfois encore plus problématique. Mais autres temps, d’autres mœurs.

En France, désormais, ce moment de rupture est plutôt fêté avec faste par certains, imitant ainsi les Touaregs, ce qui donne lieu à des célébrations qui n’ont rien à envier aux fêtes de l’enterrement du célibat.

Une fête pour le mariage, une autre à l’identique pour le divorce

Pièce montée, accoutrement de circonstance et convives : certaines personnes n’hésitent pas à mettre les petits plats dans les grands plats pour célébrer leur divorce, histoire d’immortaliser le moment et de tourner définitivement la page.

« Mon divorce a été prononcé en juillet 2019, et je l’ai fêté le soir même », témoignait au Huffpost France, Marianne, une avocate de 39 ans.

« Même si cela faisait un an et demi que j’étais séparée lorsqu’on a signé, j’ai senti que ce n’était pas une étape anodine. J’avais envie de la franchir comme un mariage, entourée des gens que j’aime », disait-elle, comme pour transcender sa séparation difficile.

Et pour marquer le moment, Marianne se pare d’une robe blanche et s’est même offerte un bijou. Pour que tout soit parfait, elle a commandé un « gâteau avec des figurines de mariés, sauf que le mari avait la tête coupée ».

Appelé « divorce party », déjà en vogue aux États-Unis depuis longtemps, le phénomène fait de plus en plus d’émules en France. Il est même devenu un filon lucratif pour certaines entreprises versées dans l’organisation des fêtes de séparation.

Divorcée depuis quelques années, Cécile en a fait depuis son business. Elle facture la cérémonie à 450 euros, selon le Parisien qui l’a interrogé. « Ma dernière cliente voulait une pièce montée avec les deux époux. Elle a alors décapité monsieur avec une paire de ciseaux », raconte-t-elle à ce journal.

Toujours en France, à Angoulême, c’est une trentenaire qui propose des événements pour environ 2.000 euros à des femmes qui ont entre 40 et 50 ans, issues de tous les milieux sociaux, d’après le journal.

« Nous ne sommes plus dans les années 1950, où le divorce était vécu comme un cataclysme. La société a évolué et certains voient dans ces séparations un nouveau business », analyse le sociologue Ronan Chastellier, interrogé par le Parisien.

Si le phénomène apparait comme une tendance en France, son existence remonte à loin, particulièrement dans des sociétés à la culture tribale où le poids de la tradition est fortement ancré.

Fêter son divorce, une pratique bien ancrée chez les Touaregs

C’est le cas par exemple de la Chine, de la Mauritanie ou encore du Mali. Chez les Touaregs, à Gourma, dans la région de Tombouctou, au Mali, la pratique est courante.

Une fois divorcée, la femme organise, après trois mois, la cérémonie chez sa famille, comme si c’était un mariage. On y invite les proches et les amis, on y sert des mets copieux et on y chante et danse jusqu’au bout de la nuit.

Le jour de la fête, d’éventuels prétendants se manifestent en se parant de leurs plus beaux habits pour tenter de séduire la « femme qui vient d’annoncer son divorce », écrit le blogueur Youssouf Cissé, cité par le journal Maliactu.

Selon un rituel établi, un artiste se charge d’appeler, en entonnant un refrain, les éventuels prétendants à se manifester. « Sur le coup, les intéressés annoncent, par l’intermédiaire de leurs griots, leur intention, en offrant à la divorcée des présents. Les plus offrants peuvent donner des bœufs, des chameaux, des moutons, des barres de sel, et même de l’argent », souligne le journal.

En fêtant son divorce, la femme touareg veut montrer qu’elle a de la valeur aux jeux de son ex-mari, qui peut être envahi par la jalousie et se manifester pour renouer avec son ex-épouse.

Jadis tabou, la tendance à célébrer le divorce témoigne de la volonté de certains de vouloir assumer leur nouveau statut dans la société.

En Algérie, récemment une jeune fille s’est affichée sur les réseaux sociaux dans une belle tenue avec ce commentaire : « Un jour de divorce heureux ». Mais, on est encore loin des célébrations. Reste que les mentalités semblent avoir bien changé.

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