Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’équipe d’Algérie de football depuis cinq ans et demi, a décidé de rendre le tablier, comme le dicte le bon sens, à l’issue d’un énième échec, une sortie catastrophique du premier tour de la CAN-2023.
Le coach a annoncé sa décision aux joueurs dans le vestiaire après la défaite mardi 23 janvier face à la Mauritanie (0-1) et devrait l’officialiser dès le retour de l’équipe au pays.
En cinq ans et demi, Belmadi aura tout connu à la tête des Verts, la gloire, les polémiques puis la chute brutale. Lorsque le sélectionneur se faisait appeler par le public algérien « le ministre du Bonheur », après la victoire surprise à la CAN-2019 suivie d’une impressionnante série de 35 matchs d’invincibilité, personne ne pouvait se douter que ce jeune technicien, ancien joueur de l’équipe nationale, quittera un jour son poste sous la pression du même public qui foncera au milieu de la nuit sur son lieu de séjour pour exiger son départ.
Il faut dire que le public algérien n’a jamais été aussi indulgent avec un sélectionneur comme il s’est montré avec Belmadi. Mais il est à bout de patience. La défaite face à la Mauritanie est l’échec de trop.
Les Verts avaient besoin d’un nul, mais ils ont été incapables de l’arracher face à une sélection mauritanienne qui n’avait pas jusque-là goûté à la victoire en coupe d’Afrique. La désillusion est grosse, mais ce n’est pas la première sous Djamel Belmadi.
En janvier 2022, les Algériens avaient déjà quitté la CAN 2021 au premier tour. Deux mois plus tard, c’est la qualification en coupe du monde qui leur file entre les doigts. Face au Cameroun, ils avaient 40 secondes à tenir, mais ils ont lâché sur le fil.
Il faut dire que depuis que son équipe a cessé de carburer, peut-être à partir de septembre 2021, lorsqu’elle a été tenue en échec par le Burkina Faso à Marrakech en éliminatoires du mondial 2022, Belmadi est devenu le roi des justifications et des faux-fuyants. La CAN ratée au Cameroun ? C’est à cause de la chaleur, de l’humidité et de la pelouse du stade de Japoma. L’élimination de la course à la coupe du monde ? C’est le fait de l’arbitre gambien Bakary Gassama. Même pour cette deuxième sortie consécutive au premier tour de la CAN, Belmadi a son bouc émissaire, l’arbitrage vidéo.
Un immense chantier attend le sport algérien
Pendant tout ce temps, tout le monde a oublié de jouer le rôle qui est le sien ou a empêché de le faire. Immunisé par son succès de 2019, Djamel Belmadi est intouchable quoi qu’il fasse, il est hors de portée des critiques de la presse et même, dit-on, du contrôle de la fédération.
On lui prête même un rôle dans la nomination des présidents de la FAF auxquels il a survécu. En mars 2022, c’est le président Charaf Eddine Amara qui a payé à sa place la perte de la qualification en coupe du monde.
Pourtant les erreurs du sélectionneur étaient nombreuses et sautaient aux yeux : ses dérapages répétitifs en conférences de presse, sa nervosité sur la main courante, sa gestion chaotique de l’effectif riche dont il dispose…
Belmadi est en quelque sorte victime de son succès initial. S’il ne s’était pas fermé à la critique et à la remise en cause, il ne serait peut-être pas arrivé là.
Il y a une vie après Belmadi et la fédération algérienne de football devra maintenant lui choisir un successeur. Quelle que sera sa qualité et son identité, les responsables devront veiller d’abord à remettre les choses dans leur endroit et faire valoir la hiérarchie qui veut que le sélectionneur, étant un salarié de la fédération, doit travailler sous le contrôle de celle-ci. L’erreur faite avec Belmadi ne devra plus se répéter.
Mais cette question du sélectionneur n’est qu’un détail dans l’immense chantier qui attend; celui de la refonte totale du football, voire du sport algérien qui ne produit pas assez de joueurs de niveau et de champions dans toutes les disciplines.
Les échecs répétés de ces dernières années doivent sonner la sonnette d’alarme et ouvrir les yeux à tout le monde sur le fait que quelque chose de grave est en train de se produire dans le sport algérien, maintenant que même la solution des joueurs « clés en main » formés en Europe ne fonctionne plus.
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