Djamel Belmadi subit ses premières critiques depuis qu’il a pris en main la barre technique de l’équipe d’Algérie de football il y a trois ans. Le match nul (1-1) concédé mardi soir face au Burkina Faso a été l’occasion pour certaines (mauvaises) langues de se délier. Est-ce sérieux ?
L’équipe nationale sous la houlette de Belmadi a atteint un niveau inespéré alors qu’il l’a récupérée il y a trois ans dans un état moribond, enchainant défaite sur défaite. Les Verts d’Algérie sont aujourd’hui craints dans le monde entier, et ce n’est pas exagéré.
Des entraîneurs de renom, comme l’Allemand Joachim Löw, l’ont dit. L’équipe n’a pas perdu depuis 29 matchs, depuis octobre 2018, a gagné la Coupe d’Afrique des Nations (la deuxième seulement dans l’histoire de l’Algérie et la première à l’extérieur), battu des grosses cylindrées continentales et mondiales (Nigeria, Tunisie, Colombie…).
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Il est insensé de se saisir d’un match nul, qui plus est à l’extérieur et devant une équipe loin d’être quelconque, pour remettre en cause un tel parcours. C’est que Belmadi s’est fait depuis son arrivée énormément d’amis, quasiment tout le peuple algérien, mais aussi quelques ennemis qui ne lui pardonnent pas d’avoir bousculé leurs vieilles (mauvaises ) habitudes et leur petit confort au sein et autour de l’équipe nationale.
Un parfait exemple nous a été donné mardi soir. Le commentateur de l’ENTV, qui a confondu à plusieurs reprises Burkina Faso et Côte-d’Ivoire, a taillé en pièce les joueurs et leur prestation alors qu’ils n’étaient même pas menés au score, et dans un style peu professionnel.
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Le journaliste a néanmoins fini par se trahir en dévoilant le motif de son ton critique : c’est Djamel Belmadi qui a refusé qu’une équipe de la télévision publique accompagne l’équipe au Maroc, dans l’avion de la délégation.
On n’est pas loin du règlement de compte. Le commentateur et sans doute beaucoup de ses collègues ont pris le mauvais pli et fini par croire que leur présence aux côté de l’équipe et des joueurs était un droit, même une disposition légale.
Il y a des dizaines de médias en Algérie et il n’y avait aucune raison logique de privilégier l’ENTV au détriment des autres. La situation était anormale et le coach national n’a fait que remettre les choses à leur endroit. Dans l’entourage de l’équipe nationale, il a imposé un vrai nettoyage en éloignant tous ceux qui n’y avaient rien à faire. Au sein du groupe, il a aussi révolutionné la discipline et l’atmosphère et c’est ce qui explique en grande partie sa réussite.
Un professionnalisme qui ne plait pas à tout le monde
Quant au « service public » invoqué par le commentateur, il faut dire que tous les médias nationaux y sont tenus et, surtout, il fallait s’en rappeler il y a moins d’une semaine en rapportant fidèlement les propos du sélectionneur dénonçant l’état catastrophique des pelouses des stades d’Algérie.
Cet épisode n’a pas valu à Djamel Belmadi que les critiques d’un journaliste de la télévision. Des responsables du secteur de la jeunesse et des sports sont aussi montés au créneau pour lui répondre et démentir ses propos.
A la veille de recevoir l’équipe de Djibouti dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde, Belmadi a exprimé sa colère en conférence de presse devant l’état « calamiteux » de la pelouse du stade Mustapha-Tchaker de Blida qui allait abriter la rencontre. Il en a rajouté une couche en indiquant qu’il n’y avait aucun terrain valable en Algérie. « Que chacun fasse son travail et assume ses responsabilités », s’est-il emporté.
Plusieurs responsables ont tenté de faire croire le contraire en multipliant les sorties dans les médias publics. « Ils veulent nier l’évidence, ils ont un problème avec eux-mêmes », a répliqué le coach avant le départ de l’équipe au Maroc avant-hier.
En mars dernier, il était donné partant à cause de la tentative de certaines parties d’utiliser son nom dans la course à la présidence de la Fédération algérienne de football (FAF).
L’histoire a nécessité l’intervention du président de la République qui l’a reçu en tête à tête. « Il a fait un travail gigantesque qui a remonté le moral de tout le peuple algérien et il mérite tout le bien (…) Beaucoup de pays nous l’envient », reconnaitra le président Tebboune.
Cette unanimité, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, Belmadi l’a imposée par sa rigueur, son savoir-faire et son professionnalisme. Mais, semble-t-il, ce n’est pas l’avis de tout le monde, particulièrement des incompétents qui occupent indûment des postes à différents niveaux et tous de ceux qui n’ont jamais pensé perdre un jour leurs privilèges autour de l’équipe nationale.