ENTRETIEN – LÉGISLATIVES. Djamel Bouras est vice-président de l’Assemblée populaire nationale (APN) et Coordinateur général du FLN en France. Élu, en mai 2012, au poste de député FLN de l’immigration pour le Nord de la France, il brigue un second mandat cette année. Dans cet entretien, il revient sur son bilan et le programme qu’il souhaite appliquer s’il est réélu. Il évoque aussi les tensions au sein du parti en France.
Quel est le bilan de votre mandat 2012-2017 ?
Beaucoup de choses ont été faites pour la communauté algérienne. Il y a d’abord eu une prise en charge des associations en France et en Algérie. J’ai amené une quarantaine d’associations qui ont été reçues par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour des réunions et nous avons déposé une plateforme concernant tous les besoins de la communauté algérienne à l’étranger. Un autre point concerne les banques qui arrivent en France avec cinq succursales de la BEA qui vont être ouvertes pour la communauté algérienne. Ce sera la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie.
On a aussi souffert pendant des années pour la prise en charge des dépouilles mais maintenant les personnes dénuées de moyens sont prises en charge par l’État. Cela a déjà commencé en France. Il y a également eu les problèmes liés au passeport biométrique. Nous avons, avec le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, réglé cela en laissant les Algériens rentrer avec le passeport étranger et une pièce d’identité algérienne de 2014 à fin 2016, afin de limiter la pression au niveau des consulats. On peut également citer le 12S qui peut désormais être récupéré au niveau des consulats ou encore le casier judiciaire récupérable sur Internet ou au consulat. Il y a eu l’augmentation de la franchise de déménagement de 2 millions à 3 millions de dinars (pour les employés et commerçants, NDLR). Puis la prolongation du délai temporaire d’importation de véhicules qui passe de 3 à 6 mois.
Vous êtes candidat à un nouveau mandat, quelles sont les principales mesures de votre programme ?
Nous allons lutter pour que l’on passe de quatre à dix députés pour les cinq consulats généraux d’Algérie en France. Nous demandons que chaque consulat général dispose de deux députés. Dans mon programme, je demande aussi quatre sénateurs pour représenter la communauté algérienne à l’étranger. Le troisième point concerne les ministères et les conseils d’administrations des entreprises comme Air Algérie, Sonatrach dans lesquels il faudrait que des membres de la communauté algérienne, qui disposent du savoir-faire et d’expérience, soient intégrés. Un autre point concerne la création d’un guichet unique pour les investisseurs algériens afin qu’ils soient aidés pour les procédures et projets en Algérie. Enfin pour le cinquième point, nous souhaitons la création de « Maisons d’Algérie » dans les grandes villes comme Lyon, Marseille, Lille, Paris. Elles rassembleront la communauté algérienne : les écrivains, les chercheurs, les médecins, les ingénieurs, les étudiants. On demande aussi la création de structures pour les personnes âgées retraitées qui ont travaillé en France afin qu’elles puissent rentrer en Algérie. Elles pourront louer un logement comme elles le font en France et être prises en charge en conformité avec nos traditions.
Vous évoquiez l’utilisation des compétences des membres de la diaspora en Algérie. Mais l’article 51 (devenu l’article 63 de la Constitution amendée) limite l’accès des binationaux à certaines responsabilités…
Non, l’article 51 concerne uniquement les ministres, les présidents du Sénat, du Parlement et les responsables de la sécurité. D’ailleurs, c’est pour cela que le FLN et moi-même avons défendu cet article. En plus, celui-ci ne stipule pas que ces personnes n’ont pas le droit d’exercer. Ces personnes peuvent accéder à des postes, ministres ou autres, mais elles doivent déposer leur autre nationalité dans un délai de six mois.
Est-ce que l’on peut s’attendre à un fort taux d’abstention de la part de la communauté algérienne en France ?
Ça dépend. Nous ne le souhaitons pas. Nous nous sommes mobilisés pour appeler les gens à voter. Nous avons fait de la sensibilisation avec des tournées au niveau des mouvements associatifs, des mosquées et des marchés. La communauté algérienne doit savoir qu’il y a un bilan qui se fait au FLN. Depuis 1997, personne n’a réglé autant de problèmes rencontrés par la communauté algérienne que le FLN.
Ces dernières semaines, on remarque des tensions avec deux élus du comité central du FLN de la zone II France-Sud. Ces derniers vous accusent d’avoir constitué des listes préétablies et expliquent que « les dossiers de candidatures n’ont pas été étudiés par une commission neutre et indépendante » ni établis « conformément au règlement intérieur du parti »…
Pas du tout. Je suis coordinateur du parti politique en France, les listes ont été déposées par les personnes qui ont le droit d’être dans la commission. Ce sont les responsables de la commission en France qui ont eux-mêmes déposé les listes. Ensuite, le seul qui a choisi les listes pour les zones I et II est le secrétaire général du parti.
Certains sont en colère car ils ne sont pas sur les listes mais je n’ai absolument rien à voir avec ça. Il faut qu’ils se rapprochent du SG du parti. Moi, je fais mon travail et je ne comprends pas cet acharnement. Nous, on ne vient pas pour chercher du travail, on vient défendre la communauté algérienne. Mon salaire de l’APN, je l’ai toujours donné aux personnes qui étaient dans le besoin et si je suis réélu pour un autre mandat, il ira aux deux permanences qui seront ouvertes à Lille et à Paris pour couvrir des frais tels que le paiement du loyer, l’électricité, les équipements et les deux personnes qui travailleront dans ces permanences.