Djamel Ould Abbes n’est plus secrétaire général du FLN. Il est même parti avant la présidentielle de 2019 pour laquelle il faisait campagne pour le président Abdelaziz Bouteflika.
Le secrétaire général du FLN a décidé de quitter ses fonctions, selon les termes utilisés par l’agence officielle, en raison de « soucis de santé ». Ce départ n’a été annoncé ni par un communiqué du FLN ni par le concerné lui-même, mais par « une source officielle » qui a contacté l’APS. Même le site internet du parti reste muet sur la question.
Habituellement, « les sources officielles » annoncent les changements de fonctions au sein des appareils de l’État, pas au sein des partis. Djamel Ould Abbes a-t-il présenté sa démission ? Si oui, à qui ? Au bureau politique ? Au Comité central (CC), instance suprême entre deux congrès ? Visiblement, à personne.
Il y a comme un contournement des statuts du parti puisque le départ de Ould Abbes est présenté comme une sorte de congé forcé après « un malaise cardiaque », et non pas comme une démission. Et ce choix de communication n’est pas fortuit.
Les textes du FLN sont en effet clairs. L’article 36 des statuts du parti et l’article 9 du règlement intérieur du Comité central précisent que dans le cas de vacance du poste de secrétaire général, le membre le plus âgé du bureau politique dirige le parti en attendant la réunion du Comité central qui doit intervenir « obligatoirement » dans les 30 jours qui suivent l’état de vacance pour élire un nouveau secrétaire général.
En octobre 2016, Djamel Ould Abbes, 84 ans, membre le plus âgé du Bureau politique, avait remplacé Amar Sâadani, qui a démissionné officiellement pour raisons de santé, en application de cette disposition. Mais, le CC ne s’est jamais réuni pour élire un nouveau SG comme le stipule la même disposition. Djamel Ould Abbes était donc dans un statut d’intérimaire durable avec l’aval de tout le monde.
Djamel Ould Abbes naviguait-il à vue ?
Aujourd’hui, le président de l’APN Moad Bouchareb, qui n’est pas membre du Bureau politique, dirige temporairement le parti alors que le statut du FLN ne lui permet pas. Les statuts du FLN ne prévoient pas de « direction collégiale » comme cela a été annoncé pour la gestion du parti les prochains jours.
Pourquoi les formes n’ont pas été respectées dans le départ de Djamel Ould Abbes ? Et pourquoi les membres du Bureau politique n’ont pas réagi après la fin de mission du SG du parti ? Étaient-ils au courant de ce qui se tramait dans les coulisses de Hydra, siège du FLN ?
Les nombreuses sorties publiques de Djamel Ould Abbes, ces dernières semaines, donnaient l’impression que le SG du vieux parti était sûr de lui et de ses positions politiques, parfois tranchées. Il a pris l’initiative de former « un front populaire » pour soutenir le président Abdelaziz Bouteflika et a mis en avant le slogan de « la continuité » pour donner un contenu au projet du 5e mandat pour l’actuel locataire du Palais d’El Mouradia.
Il a même induit en erreur les médias et les observateurs algériens et internationaux en faisant croire que la candidature du président Bouteflika pour un 5e mandat était quasiment officielle alors que le premier concerné n’a encore rien dit sur son intention de rester ou pas.
Djamel Ould Abbes naviguait-il à vue ? Était-il lâché dans la nature sans boussole ? Ou a-t-il brûlé les étapes sans avoir les soutiens nécessaires ?
Dans tous les cas, son départ ressemble à celui de ses prédécesseurs dans la logique des « coups d’État » mal préparés au sein de l’appareil du FLN. Un FLN sans repères, habitué aux intrigues de palais et aux complots des chambres closes.
Les secrétaires généraux Boualem Benhamouda, Ali Benflis, Abdelaziz Belkadem et Amar Saâdani ont été poussés vers la porte de sortie dans des conditions troublantes. Ils n’ont jamais expliqué à l’opinion publique ce qui s’est passé. Rien. Au FLN, la loi du silence est une règle. Une culture.