Officiellement, les deux associations chapotées par le ministre des relations avec le Parlement, Mahdjoub Bedda, ont pour vocation de devenir des forces de propositions au service du pays.
La première, lancée le 6 octobre, regroupe les anciens élus du FLN, dont des figures connues à l’image des anciens ministres des Transports Amar Tou et celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Rachid Haraoubia, tous deux en rupture de ban avec le patron du FLN. Elle a été installée « en vue de servir l’Etat et la société et de contribuer à l’encadrement de la société civile », expliquent les anciens élus dans leur communiqué.
La deuxième structure, installée cette semaine, s’attache à regrouper les anciens élus de la wilaya d’Alger, comme Kassa Aïssi, ancien membre du BP du FLN à l’époque où Abdelziz Belkhadem en était le Secrétaire général, lui aussi opposé au SG actuel, Djamel Ould Abbès.
Des doutes
Il n’en fallait pas plus pour que les deux associations soient déjà perçues comme des entités mises en place contre le patron du parti ou du moins pour combler un déficit constaté dans le fonctionnement du FLN. Malgré les assurances du ministre Bedda, le doute persiste. « Cette association, dédiée aux anciens élus n‘est nullement un espace concurrent des partis politiques et d’autres organisations et associations, mais elle sera mise au service du Président de la République et du pays», prend soin de rappeler le ministre.
Sauf que la présence d’anciens élus du FLN, opposés au Secrétaire général du parti, ne passe pas inaperçue et fait désordre. Elle renforce l’idée de structures parallèles appelées à jouer un rôle important lors de la présidentielle et dans lesquelles les opposants au SG seront regroupés.
« C’est une façon de combler le vide qui règne actuellement au FLN, qui ne propose plus rien, ni en termes d’idées ni de projets. Le parti ne joue plus son rôle depuis de nombreuses années et le SG actuel en a fait une tribune pour justifier ses exploits lors de la Guerre de libération », se lamente un ancien membre du BP.
En face, Djamel Ould Abbès prend très au sérieux la menace et répond du tac au tac en installant Saïda Bouneb comme responsable des « relations avec les anciens élus et les anciens élus locaux », au sein du bureau politique. « Une tentative pour couper l’herbe sous le pied du ministre Bedda et parasiter les deux associations », résume un membre du CC.
Réconciliation
Au-delà des calculs des uns et des autres, la naissance de ces deux associations consacre l’échec de la politique de la main tendue initiée par Djamel Ould Abbès à son arrivée à la tête du parti. Dès sa nomination à la place de Amar Saïdani et sous recommandation de la présidence, le nouveau SG avait fait des appels du pied aux opposants à l’ancien Secrétaire général, regroupés au sein de la coordination de la direction unifié. Les premiers contacts laissaient présager une volonté commune d’enterrer la hache de guerre. Lors d’une entrevue avec Ould Abbes, Abdelkrim Abada, représentant des contestataires, s’était dit convaincu de la « disponibilité» à redonner leur place aux « militants authentiques qui ont été exclus ou marginalisés par les anciennes directions. »
Pour sa part, le SG assurait que son unique but était la réunification des rangs du parti et le retour au sein de la maison FLN de tous ses enfants. « Mon premier objectif est d’aller ensemble vers les législatives et les élections de 2019. Il faut resserrer les rangs et c’est un appel à tous les militants et anciens responsables : les portes sont ouvertes sans marginalisation et sans exclusion, tant que nous avons en commun la fidélité au Président de la République, Président du Parti et à son programme », assurait à qui voulait bien l’entendre Djamel Ould Abbès en 2016.
Deux après ces déclarations, le FLN est loin d’être uni. « C’est un échec patent et la présidence se rend compte que le parti risque de ne pas être en mesure de pouvoir accompagner le président pour la prochaine présidentielle. Aujourd’hui, les Mouhafadates et les cellules du parti sont désertes. Il n’y a plus de débat, ni de propositions, car le FLN ne répond plus à sa vocation première », accuse un membre du CC.
Après deux ans à la tête du parti, les lignes de fracture demeurent les mêmes et le parti semble toujours autant divisé. Les opposants d’hier à Amar Saïdani ne sont toujours pas les alliés de Djamel Ould Abbès, aujourd’hui.