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Djamila Boupacha : la reconnaissance du président Macron

Djamila Boupacha : la reconnaissance du président Macron

Le président Emmanuel Macron a reconnu que la moudjahida Djamila Boupacha a été « torturée » par l’armée coloniale durant la guerre d’Algérie et a rendu un hommage à Gisèle Halimi, l’avocate des femmes et de la cause algérienne.

La France a rendu mercredi 8 mars un hommage solennel à l’avocate Gisèle Halimi, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, mercredi 8 mars.

Sans être occulté complètement, le combat anticolonial de la militante, connue pour sa défense devant les tribunaux des militants algériens pendant la guerre de libération nationale, a été relégué au second plan. Gisèle Halimi est décédée en 2020, à l’âge de 93 ans.

La cérémonie d’hommage a eu lieu au palais de justice de Paris et a été présidée par le président Emmanuel Macron.

L’annonce phare du président français à l’occasion est un projet de loi pour gravir dans le marbre de la Constitution le droit à l’avortement, ou IVG (interruption volontaire de grossesse).

Gisèle Halimi a défendu toute sa vie durant la cause des femmes, dont leur droit à l’avortement. Le fait le plus marquant dans sa lutte pour cette cause a été ce que l’histoire a retenu comme « le procès de Bobigny », en 1972.

Elle avait défendu une jeune fille de 17 ans, poursuivie ainsi que des membres de son entourage pour avoir avorté suite à un viol. Au bout du procès, l’adolescente a été relaxée. Son avocate avait fait du procès, celui de la société et de la loi. C’est la stratégie de Gisèle Halimi depuis le début de sa carrière.

Elle en a fait de même pour plusieurs procès pour avortement, ou encore des affaires de viol. Elle a joué un rôle déterminant dans la reconnaissance en France du droit à l’IGV et la requalification des actes de viol de délit en crime.

La loi sur la parité hommes-femmes aux élections, c’est encore elle qui l’a arrachée alors qu’elle était députée au début des années 1980. Avec d’autres illustres femmes, comme Simone Veil et Simone de Beauvoir, on lui reconnaît aujourd’hui d’avoir changé l’image de la société française.

Avant les procès mémorables des années 1970, Gisèle Halimi avait connu d’autres, tout aussi retentissants, pendant la guerre d’Algérie. Avec déjà la même stratégie : faire du procès celui de la loi et de l’ordre établi. En Algérie, on retient particulièrement le procès de la militante Djamila Boupacha, qu’elle a fait sortir des salles d’audience.

Macron : « Gisèle Halimi a porté la cause de l’indépendance algérienne »

Avec Simone de Beauvoir, elle a mené une campagne médiatique retentissante contre la torture et les viols commis par l’armée française durant la guerre d’Algérie.

Même si Djamila Boupacha a été condamnée et n’a été libérée qu’après les accords d’Évian en mars 1962, Gisèle Halimi a pu alerter l’opinion internationale sur les méthodes de l’armée coloniale française.

L’avocate est née en Tunisie en 1927 dans une famille juive, d’un père d’origine berbère et d’une mère d’origine espagnole. Enfant, elle avait observé une « grève de la faim » pour obtenir le droit de ne plus faire le lit de son frère. Au tout début de sa carrière d’avocate, elle a milité pour l’indépendance de la Tunisie, alors sous protectorat français.

Cette dimension de militante anticoloniale n’a pas été suffisamment mise en exergue lors de l’hommage qui lui a été rendu par le président Macron.

Ce que son fils Jean-Yves Halimi, a tenu à relever dans son intervention. Il a noté que le combat de sa mère pour la cause des femmes est occulté de l’autre côté de la Méditerranée, de même que l’est en France son engagement contre le colonialisme.

Alors que « c’était un seul et même engagement » nourri par « la soif inextinguible de justice » de la militante.

Son action dans le procès de Djamila Boupacha est en effet l’illustration de tous ses combats réunis : pour la cause des femmes, contre la torture et pour l’émancipation des peuples.

S’il a longuement parlé du rôle de Gisèle Halimi dans le changement des lois en France en faveur des femmes, Emmanuel Macron n’a pas complétement passé sous silence l’action de l’avocate pendant la guerre d’Algérie.

Il a notamment évoqué Djamila Boupacha, « accablée » par «  l’humiliation, la torture et le viol », et son avocate Gisèle Halimi qui « a porté la cause de l’indépendance algérienne ».

Emmanuel Macron a réitéré à l’occasion sa démarche concernant le litige mémoriel entre l’Algérie et la France. « La guerre d’Algérie doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire, ici en France, et en Algérie », a-t-il dit.

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