Dans un entretien accordé, ce mardi 10 mars, à l’agence APS, le premier ministre Abdelaziz Djerad n’a pas été tendre avec ses prédécesseurs à la gestion des affaires de l’État, indiquant notamment que lui et le président de la République avaient « hérité d’une situation catastrophique sur tous les plans ».
« L’état des lieux hérité de la gouvernance antérieure traduit de grandes menaces qui continuent de peser sur la situation économique et sociale du pays », a-t-il dénoncé.
« Des institutions et une administration traumatisées par l’ampleur prise par la corruption qui a profondément affecté la sphère politico-administrative et qui a entraîné un accaparement des centres de décisions économiques et financières au profit des intérêts privés. Une situation financière du pays très fragile, marquée par de profonds déséquilibres aux plans interne et externe », a encore soutenu le Premier ministre.
Djerad a aussi souligné la baisse des réserves de change de l’Algérie de plus de 116 milliards de dollars entre 2014 et 2019, le déficit du Trésor qui a atteint en moyenne un niveau de 10% du PIB, un système de retraite en quasi-faillite avec des déficits cumulés qui ont atteint, à fin 2019, 2500 milliards de DA.
Il a également dénoncé des disparités dans le développement des territoires et de graves dysfonctionnements au niveau de l’accès des citoyens aux services publics de base.
« Cette situation, dit-il, est traduite par l’identification, pour la première fois, des zones d’ombre qui a permis de constater que leur nombre a atteint plus de 15000 zones avec une population concernée de 9 millions d’habitants, soit le 1/5 de la population totale du pays ».
45% de ces zones d’ombre sont localisées dans les wilayas du nord du pays avec une population impactée de 4,5 millions d’habitants, 48% de ces zones d’ombre se situent dans les hauts plateaux avec une population impactée de 3,2 millions d’habitants et 7% concernent les wilayas du Sud avec une population impactée de près de 1,3 million d’habitants, a précisé le Premier ministre.