Le président Abdelmadjid Tebboune a prononcé, ce jeudi 2 juillet, au Palais du peuple, une allocution à la cérémonie de remise de grades et de médailles aux officiers de l’Armée nationale populaire (ANP), à l’occasion du 58e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la jeunesse. En voici la traduction diffusé par l’agence officielle :
« Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux,
Que les prières et la paix d’Allah soient sur Son messager.
Monsieur le Général de corps d’armée,
Monsieur le Général-major, Chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP),
Monsieur le Général-major, Commandant de la Première région militaire,
Moudjahidate, Moudjahidine et anciens officiers supérieurs à la retraite,
Mesdames et Messieurs, qui nous ont honorés de leur présence, et je cite, tout particulièrement, le dernier membre du Groupe des 22 encore en vie, le moudjahid Othmane Belouizdad, et le Colonel moudjahid Hassan, Chef de la Wilaya IV historique, puisse Allah leur prêter longue vie.
C’est pour moi une immense joie doublée d’une grande fierté, en cette veille de célébration de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse, de nous retrouver à cette cérémonie de remise de grades et de médailles aux officiers de l’Armée nationale populaire (ANP) pour les encourager à
davantage d’abnégation et à les exhorter à préserver et renouveler la fidélité au serment des Chouhada.
C’est tout une symbolique, le retour après des décennies, de cette cérémonie au Palais du peuple pour une occasion historique charnière dans la vie de la nation, après une période de déviation qui a creusé un fossé entre le peuple et ses gouvernants le conduisant, toutes composantes et catégories confondues, à se soulever dans son Hirak béni, en vue d’un changement radical avec sa vaillante armée, digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN).
Le choix de ce lieu pour cette cérémonie solennelle procède de notre attachement à traduire ces admirables images de cohésion entre l’Armée et le peuple et de leur fusion dans un seul et unique creuset, l’authentique.
J’aimerai à cette occasion renouveler la reconnaissance de la nation tout entière à l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, pour ses sacrifices constants et permanents au service de la patrie. Nos braves fils continuent encore aujourd’hui de tomber au champ d’honneur en pourchassant les résidus du terrorisme abject, puisse Allah leur accorder Sa miséricorde et assister leurs familles.
Les promotions, qui sont une tradition pour récompenser les méritants, revêtent, cette année, une autre dimension en ce sens que le peuple, par sa maturité et la détermination de son armée et corps de sécurité, est entré, à la faveur de l’élection présidentielle du 12 décembre, dans une nouvelle
étape de sérénité quant à la persistance de la bénédiction de la sécurité et de la stabilité et de l’espoir retrouvé en l’avenir.
En effet, en cette même date de l’année dernière, nous étions au bord du précipice et cette bénédiction paraissait bien loin, voire hors de portée, que d’aucuns ont eu peur pour le legs de nos aïeux.
Hommage donc à tous ceux qui, par leur concours, ont contrarié les desseins des ennemis et ouvert la voie de l’édification de l’Etat démocratique juste et fort avec ses spécificités algériennes.
C’est pour moi un devoir, à ce propos, que de m’incliner à la mémoire de l’un des grands artisans du changement démocratique que nous vivons aujourd’hui, le moudjahid de la première heure, le Général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, Paix à son âme.
Je voudrais, également, à cette occasion, féliciter les officiers qui ont mérité la promotion en couronnement des efforts qu’ils ont consentis, avec leurs compagnons, pour hisser le niveau de nos forces armées aux plus hauts degrés de professionnalisme et de disponibilité opérationnelle afin d’être, dans ce monde instable, en mesure de faire face à tout danger planant sur la nation, quelle qu’en soit la provenance. D’autres de leurs collègues, femmes et hommes, à tous les niveaux seront, à leur tour, promus en novembre prochain.
Félicitations à vous et sincères remerciements aux retraités, tous grades confondus, pour leur apport, en particulier durant les étapes les plus sombres qu’a eu à traverser notre pays, et par la suite face aux dangers de délitement de l’Etat et d’effondrement de ses institutions. Je demeure convaincu que vous, qui quittez l’institution, veillerez incontestablement, dans votre nouvelle vie, à ancrer les valeurs et principes de la Révolution de Novembre parmi nos enfants afin qu’ils se perpétuent de génération en génération.
Mesdames, Messieurs,
La célébration de la Fête de l’indépendance sera, également, cette année l’un des moments forts de l’histoire de la nation à la faveur de la récupération des restes mortuaires de glorieux Chouhada de la Résistance populaires. Ces héros qui ont affronté l’occupation française brutale, entre 1838 et 1865 et que l’ennemi sauvage a décapité en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer afin que leurs sépultures ne soient pas un symbole de la Résistance et une illustration du rejet de
l’occupation. Il pensait qu’avec leur expatriation, la bataille pour la liberté, la dignité et l’indépendance serait finie, ignorant que leurs esprits n’avaient jamais quitté leur patrie, et sont présents ici mêmes en témoins de cette halte historique pour leurs petits-enfants.
Dans quelques heures, en début de la journée bénie du vendredi, se posera à l’aéroport international d’Alger Houari Boumedienne un avion de nos Forces aérienne transportant les restes mortuaires de 24 chefs de la Résistance populaire et leurs compagnons de toutes les contrées d’Algérie. Privés depuis plus de 170 ans du droit naturel et humain d’être inhumés, les restes mortuaires rapatriés sont ceux de Cherif Boubeghla, Cheikh Ahmed Bouziane, chef de l’insurrection de Zaatcha, Cherif Bou Amar Ben Kedida, Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et d’autres de leurs frères, dont un jeune résistant d’à peine 18 ans de la tribu de Beni Menasser, nommé Mohamed Ben Hadj.
Le rapatriement des restes mortuaires des autres Chouhada déportés post mortem suivra, car l’Etat est résolu à mener à bout cette entreprise pour réunir tous nos Chouhada sur cette terre qu’ils ont tant chéri et pour laquelle ils ont sacrifié ce qu’ils avaient de plus cher, leur vie.
Il s’agit là, de la quintessence même de notre devoir de respect sacré à l’égard de nos Chouhada et symboles de notre Révolution et de notre engagement à ne jamais renoncer à une quelconque partie de notre patrimoine historique et culturel.
Loin de rester otages du passé, la convocation de notre Histoire, avec ses détails, ses peines et ses joies, pour préserver la Mémoire nationale et évaluer notre présent, ses points positifs et ses insuffisances, est un repère pour nos enfants et petits-enfants dans l’édification d’un avenir radieux et serein et la construction d’une personnalité forte et solide, respectueuse des fondements, principes et valeurs de la Nation.
Parmi les héros, dont les restes mortuaires sont rapatriés, figurent des compagnons d’armes de l’Emir Abdelkader Ibn Mahieddine (Paix à son âme), réinhumé lui aussi après l’indépendance au Cimetière d’El Alia, et dont les noms s’ajoutent à la longue liste des Chouhadas des insurrections de Lalla Fatma N’Soumer, Boumaza, El Mokrani, Cheikh El-Haddad, de la Révolte de Ouled Sidi Cheikh, Nacer Ben Chohra, Bouchoucha, de la Révolution des Aures et des manifestation de Mai 1945 jusqu’à la concrétisation de leur rêve par la Glorieuse Révolution de Novembre.
Une Révolution qui a fait plier les forces coloniales barbares et permis à l’Algérie, Etat indépendant et souverain, de reprendre la place qui lui sied dans le concert des Nations et d’être un phare pour les peuples en lutte pour la liberté, l’indépendance et le recouvrement de la souveraineté nationale et une force régionale par ses positions claires, avec lesquelles il faut compter, et surtout à le demeurer toujours.
« Ne croyez pas que ceux qui ont été tués sur le sentier d’Allah, soient morts. Bien au contraire, ils sont vivants auprès de leur Seigneur, heureux de ce qu’il les a bien pourvus », c’est en ayant à l’esprit et dans le cœur ce verset que les Hommes et les enfants de la Glorieuse Révolution accueilleront ces triomphants rapatriés. Ils les accueilleront avec les hommages et les honneurs qui leur sied, en étant heureux et reconnaissant à Allah de les avoir aidé à honorer le serment fait aux Chouhada alors que
l’emblème national flotte librement sur la patrie, exhortant les générations montantes à poursuivre sur la même voie pour que l’Algérie demeure altière et fière.
A ce propos, je tiens à saisir l’opportunité de la fête de la jeunesse pour appeler instamment les jeunes à prendre exemple sur ces Héros et à s’imprégner de leur patriotisme et de la morale pour immuniser l’unité de cette nation,En ce moment solennel, je tiens à exprimer toute ma considération à tous ceux qui ont contribué, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, à la réalisation de ce nouvel acquis pour notre Mémoire nationale, à laquelle nous demeurons attachés dans son intégrité. Je tiens à remercier particulièrement nos experts pour leurs louables efforts tout au longs de ces dernières années en vue de l’identification de leurs restes mortuaires, conservés loin de leur patrie, pour être rapatriés et inhumés aux côtés des autres Chouhadas.
En vous réitérant, à la fin, mes félicitations pour vos promotions et décorations et au peuple algérien, à l’occasion de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse, je m’incline, encore une fois, avec
déférence et piété, à la mémoire de nos valeureux Chouhadas et de tous les martyrs du devoir national.
De même que je rends un vibrant hommage à nos vaillants Moudjahidine, qui demeurent fidèles au Serment, qu’Allah leur prête longue vie et les préserve en tant qu’atout précieux pour notre patrie.
Vive l’Algérie souveraine et digne Gloire à nos Martyrs ».