Abdelmadjid Tebboune a présidé, ce dimanche 22 mars, la réunion périodique du Conseil des ministres, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République, dont voici son texte intégral:
« Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale a présidé, dimanche au siège de la Présidence de la République, la réunion périodique du Conseil des ministres.
Le Conseil a entamé ses travaux en écoutant un exposé présenté par le Premier ministre sur l’action gouvernementale au cours des deux dernières semaines, avant d’écouter une communication du ministre des Finances sur la situation financière prévalant dans le pays, suite à laquelle le président de la République a fait part au conseil des ministres de sa décision de reporter l’examen du projet de loi de Finances complémentaire jusqu’à évaluation des répercussions des mesures financières prises au niveau du Gouvernement, ainsi que l’évolution de la situation dans le monde. En attendant, le président de la République a annoncé les mesures qui suivent à mettre en œuvre dans l’immédiat:
– Réduction du montant de la facture d’importation de 41 à 31 milliards de dollars.
– Réduction des dépenses du budget de fonctionnement de 30% sans toucher les charges et salaires.
– Arrêt de la conclusion des contrats d’études et de services avec les bureaux étrangers, ce qui épargnera à l’Algérie près de sept (7) milliards USD/an.
– Report du lancement des projets inscrits ou en cours d’inscription, dont la réalisation n’a pas encore été entamée, à l’exception des projets prévus pour les zones de l’ombre, ainsi que le projet relatif à l’étude pour la réalisation d’un hôpital anti-cancer à Djelfa.
– Maintien des dépenses relatives au secteur de la santé, tout en renforçant les moyens de lutte contre la propagation de l’épidémie de coronavirus et les maladies épidémiques en général.
– Maintien du niveau de dépenses liées au secteur de l’éducation.
– Prise en charge, lors de l’élaboration de la loi de Finances complémentaires, des pertes subies par les opérateurs en raison de la propagation du coronavirus.
– Le groupe Sonatrach chargé de réduire ,de 14 à 7 milliards de dollars, les charges d’exploitation et les dépenses d’investissement afin de préserver les réserves de change.
– Encourager davantage d’intégration financière en facilitant l’octroi des crédits et en se focalisant sur la numérisation et les produits innovants.
– Encourager les produits financés à travers les dispositifs de la finance islamique et œuvrer à la promulgation, par la Banque d’Algérie (BA), des textes règlementaire y afférents.
– Accélérer le recouvrement des impôts et taxes ainsi que les crédits octroyés par les banques publiques.
– Prioriser, pour le secteur de l’Agriculture, l’investissement dans les produits agricoles assurant la sécurité alimentaire du pays. Il s’agit ici d’encourager les filières céréalières, notamment le maïs, ainsi que les
filières à même de couvrir les besoins nationaux en sucre, huile et céréales.
Dans ce cadre, le Président de la République a chargé le ministre de l’Agriculture et du Développement rural de mettre en place, à court terme et avant la fin de l’année en cours, un mécanisme sous forme d’un office ou autres en vue de relancer promouvoir les investissements agricoles qu’il soient nationaux, étrangers ou mixtes.
Le Conseil des ministre a procédé ensuite à l’examen et à l’adoption des points inscrits à l’ordre du jour.
Le premier exposé a été présenté par le ministre de l’Energie concernant la situation qui prévaut au sein des marchés pétroliers mondiaux et son impact suite au non-respect par certains pays pétroliers du plafonnement à compter du début du mois prochain, alors qu’ils avaient approuvé auparavant, d’où la chute de plus de 50% des prix en mars, comparé au mois de janvier dernier.
Concernant cette situation qui fait actuellement l’objet de contacts au plus haut niveau au sein de l’OPEP pour la surmonter, l’exposé comporte plusieurs mesures prévoyant notamment, l’augmentation au plus haut niveau de la production des engrais, le renforcement des prestations de transport maritime des hydrocarbures au niveau international, l’examen de la possibilité d’exportation de l’électricité à certains pays voisins, la réduction des importations du secteur au maximum, le report de certains projets d’investissement ne revêtant pas un caractère urgent, particulièrement les centrales électriques, et le gel des appels d’offres lancés pour l’acquisition des équipements des transports, à même d’économiser un (1) milliard USD.
Intervenant au terme de cet exposé, le président de la République a affirmé que le recul des recettes algériennes d’exportation des hydrocarbures était une réalité liée à l’évolution de la pandémie du Coronavirus que connait le monde, assurant que nous devons nous préparer sérieusement pour surpasser les répercussions de la crise économique mondiale.
Si pour ce faire, nous sommes appelés à revoir l’ordre des priorités de l’élan économique, ça ne doit en aucun cas affecter les axes vitaux des plans nationaux de développement, notamment ceux pourtant sur les acquis sociaux à l’instar du niveau de vie du citoyen, des salaires et retraites et des postes d’emploi, a-t-il souligné.
Et d’ajouter, c’est également une occasion pour nous de prendre conscience de la vulnérabilité de notre économie nationale, en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière, indiquant qu’il est impératif de mettre un terme aux mauvaises pratiques qu’a inculquées la période de l’aisance financière, à l’exemple du gaspillage, de l’esprit dépendantiste, de fainéantise et de surconsommation.
Se débarrasser de ces pratiques demeure un devoir noble pour nous tous afin de passer sérieusement, collectivement et définitivement vers l’édification d’une nouvelle économie fondée sur la diversification des recettes, la protection de la production nationale, l’économie du savoir et la concrétisation de la transition énergétique. Et ce, a-t-il expliqué, pour que le destin de toute une nation ne soit pas à la merci des fluctuations des marchés pétroliers, c’est dire la menace que cela peut constituer vis-à-vis de notre subsistance quotidienne et de la souveraineté nationale.
Le président de la République a de nouveau mis l’accent sur l’impératif de mobiliser les énergies et les efforts, de sacraliser le travail, de faire preuve de haut degré de citoyenneté et de responsabilité et de se surpasser pour édifier une nouvelle économie qui mettra les générations futures à l’abri de la dépendance, en leur garantissant un bien-être durable loin de la grâce des étrangers, et en évitant une action que l’histoire ne nous pardonnera jamais.
Par la suite, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a présenté un exposé sur la pandémie du Coronavirus, à travers lequel il a démontré comment sont concrétisées sur le terrain les mesures annoncées pour contrer ce virus et protéger les citoyens. Des mesures appliquées à travers le renforcement du contrôle sanitaire au niveau des centres frontaliers terrestres, maritimes et
aériens, la sauvegarde du réserve nationale stratégique en produits médicaux, la définition des hôpitaux pouvant transférer leurs lits en lits de réanimation en cas de nécessité. Il est question également de doter les services spécialisés pour les cas suspects et confirmés, de matériels nécessaires pour la prise en charge des patients, d’augmenter les capacités de dépistage et de diagnostic via le recours de l’institut Pasteur à l’aide des deux laboratoires d’Oran et de Constantine, en cours d’équipement.
Outre les mesures prises pour équiper les lieux réservés au confinement sanitaire au sein des hôtels, des complexes touristiques, des espaces économiques et autres, l’exposé a fait état de procédures de lutte contre les spéculateurs qui, profitant de la panique installée chez les citoyens, dissimulent les produits et moyens de prévention pour créer la pénurie, puis élever les prix.
Le secteur de la Santé compte à l’échelle nationale 82.716 lits, dont 2500 lits réservés aux patients contaminés au niveau de 64 services d’infectiologie, 247 services de médecine interne, 79 services de pneumologie, 100 services d’autres spécialités et 24 services de réanimations de 460 lits.
De surcroît, le secteur dispose de 5787 appareils de respiration artificielle et d’anesthésie-réanimation, répartis comme suit :
– 3333 appareils de respiration artificielle.
– 2390 appareils d’anesthésie-réanimation.
– 64 ambulances équipées d’appareil de respiration artificielle.
Tous ces moyens, renforcés par les appareils de respiration artificielle en cours d’achat, seront mis en service en cas de nécessité dans les établissements sanitaires pourvus de personnel soignant et de moyens médicaux.
Après un large examen de cette question, le président de la République a ordonné la consécration d’un montant de 100 millions de dollars pour accélérer l’importation de tous les produits pharmaceutiques en quantité suffisante, voire davantage d’équipements de protection et d’appareils d’analyse chimique (test), avec la mise à contribution de nos missions diplomatiques dans la recherche de leurs exportateurs à travers le monde.
Il a appelé à accorder la priorité absolue, dans leur distribution, aux corps médical et paramédical et aux auxiliaires de santé qui sont, au quotidien, en contact direct avec les cas contaminés.
Ce montant s’ajoutera à ceux promis à cet effet par le Fonds monétaire international (100 millions de dollars) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (32 millions de dollars).
Il a également enjoint à toutes les institutions de l’Etat et à leurs services d’augmenter le niveau de vigilance et d’alerte au maximum et de veiller à coordonner leurs actions en permanence afin que les citoyens soient rassurés car tout laxisme et toute négligence retardent les efforts fournis pour sauver la vie des patients contaminés et augmentent la propagation de l’épidémie.
Le président de la République a rappelé la première responsabilité incombant aux citoyens quant à la discipline et au respect des mesures préventives, appelant à sévir avec rigueur contre quiconque enfreint ces consignes afin de préserver l’intégrité de la nation.
Le Président a réitéré ses vifs remerciements à tous les fonctionnaires de la santé, parmi les spécialistes, les médecins et le corps paramédical ainsi que la protection civile, les agents de l’Etat et le mouvement
associatif et les services de sécurité pour leurs efforts consentis dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie et la préservation de la santé du citoyen, affirmant que leurs efforts et leurs sacrifices ne seront pas vains, car l’Etat qui est, aujourd’hui, fier d’eux leur sera grandement reconnaissant, demain, lorsque la crise s’estompera et que la vie reprendra son cours normal.
De même qu’il a présenté ses remerciements aux initiateurs pour leurs bons actes, qu’il s’agisse du nettoyage des rues, de la désinfection des espaces et lieux de rassemblements, de la dénonciation des spéculateurs ou de leur contribution par leurs recherches dans les laboratoires. Il a salué tout effort visant à faire prévaloir l’intérêt de la Nation en cette conjoncture difficile et toute mesure préventive prise pour protéger sa personne et sa société.
L’Etat se prépare à toutes les éventualités pour interdire et lutter contre la propagation de la pandémie que nous surmonterons, avec l’aide de Dieu, en faisant preuve de calme, de solidarité, de discipline et de patience. Le Président a condamné avec force les plumes et voix qui s’élèvent uniquement pour verser dans l’alarmisme, semer le doute et saper le moral du citoyen auxquels correspond le verset du Coran : « Il y a dans leurs cœurs une maladie, et Allah laisse croître leur maladie ». Il a également ordonné le ministre de la Communication a prendre toutes les mesures pour interdire la diffusion de toutes statistiques sur la situation des cas atteints à travers le pays, en dehors du ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, étant l’unique instance habilitée à le faire en coordination avec le ministère de la Communication.
Le ministre de la Micro entreprise, des startup et de l’économie de la connaissance a , par la suite, présenté un exposé sur la numérisation de l’administration, proposant dans ce sens, un projet dénommé « initiative pour la transition numérique » qui s’appliquera à plusieurs niveaux, tels la numérisation de l’administration centrale, des documents et des formulaires administratifs, la généralisation des bases de données sur la base du numéro d’identifiant national (NIN), la création d’un tableau de commande pour la prise de décisions et le suivi des projets gouvernementaux, outre la modernisation du réseau internet gouvernemental intranet pour assurer la liaison entre les ministères.
Cette initiative propose un nombre de mesures pratiques, dont un projet de plateforme numérique devant permettre aux citoyens de réserves des sièges dans le secteur du transport via internet et permettre la création des numéros d’identification numériques pour les sociétés de transport et les chauffeurs et assurer le suivi en temps réel des itinéraires grâce à la géolocalisation. Cette opération est utile dans la collecte de données économiques à même d’aider à l’établissement de budgets prévisionnels indispensables au développement du secteur du transport.
Dans son intervention, le président de la République a donné son accord pour les propositions soumises et appelé à l’accélération de la généralisation de la numérisation en vue de faciliter l’introduction des moyens de gestion moderne de l’Etat et de la transparence totale au sein de l’ensemble des institutions de l’Etat.
Le Conseil des ministres a adopté, par la suite, un projet de décret exécutif portant déclassement de quelques 156 hectares de terres agricoles de faible rendement dans les wilayas d’Alger, Blida, Boumerdes, Médéa et d’Ain Témouchent et leur aménagement en projets de réalisation dans les secteurs de l’Habitat, Ressources en eau, Education nationale et des Affaires religieuses.
Le Conseil des ministres a également adopté la conclusion d’un marché de gré à gré simple entre le ministère de l’Habitat et un groupement d’entreprises nationales pour le parachèvement de travaux d’aménagement primaire de la ville nouvelle de Sidi Abdallah.
Avant de lever la séance, le Conseil des ministres a approuvé des décisions de nominations individuelles ».