« L’Algérie est face à de graves incertitudes. Elle risque de plonger dans une période de tensions et d’instabilité aux conséquences dramatiques. Les craintes et les angoisses des populations ne sont pas seulement dues à la détérioration de la situation socio-économique ou à un horizon bouché.
L’exaspération et le rejet rédhibitoire de tout discours ou action institutionnels renvoient d’abord et avant tout aux pratiques irresponsables de dirigeants illégitimes : la violation récurrente des lois, à commencer par la première d’entre elles, la constitution, et le recours éhonté aux fraudes électorales place l’Algérie dans le cercle des derniers absolutismes post coloniaux. Dans un pays qui fut à l’avant garde du combat libérateur de notre continent, ces archaïsmes illustrent les reniements des sacrifices et des espoirs de notre peuple.
Le chef de l’État à la santé déclinante est désormais otage de ses propres choix. Les conditions de sa désignation par ces obligés hypothèquent dangereusement le devenir du pays. Ces procédés sont la manifestation d’un discrédit continu des institutions qui a progressivement éliminé tous les espaces de débats et de médiation. Cette absence de vie publique transparente a conduit les responsables à se trouver des légitimités de substitution auprès de puissances étrangères qui négocient leur soutien au détriment de notre souveraineté, concessions qui ont réduit le pouvoir à une fonction de sous-traitant régional d’intérêts géopolitiques sur lesquels la nation n’a aucune emprise.
Privée de ses capacités décisionnelles et vidée d’instances de représentation légitimes, l’Algérie est réduite à la survie politique. Combien de temps peut encore tenir un tel scénario ?
Tout le monde s’accorde à dire que la mise en coupe réglée du pays est la conséquence directe de l’absence de contres pouvoirs.
Le sursaut national exige un préalable. Un exercice du pouvoir contrôlé et responsabilisé devant une représentation nationale issue d’une expression populaire libre garantie par une instance indépendante de gestion des processus électoraux.
Sans ce minimum, toute opération électorale est vouée à la désaffection citoyenne ce qui accentuera irrémédiablement une défiance nationale déjà grande et un discrédit international consacré par une indépendance confisquée.
Que Faire ?
Devant cette impasse historique, le Conseil national du RCD a décidé d’instruire ses structures régionales et locales pour afficher leur disponibilité à la discussion avec des militants politiques, syndicaux, associatifs et des citoyens désirant s’investir dans la mise en place d’espaces de concertation pour une mobilisation citoyenne en faveur de la construction d’un rapport de force pour un nouveau départ. Cette démarche qui sollicite et associe les bases des organisations nationales doit aller de pair avec un dialogue franc entre les instances qui les animent.
Dans une scène nationale régentée par la police politique, les postures manichéennes ne suffisent plus à rendre compte d’une situation bloquée à l’intérieur et illisible à l’extérieur. La ligne de crête doit distinguer les forces susceptibles d’adhérer à la défense de l’intérêt général et les éléments motivés par la recherche de reclassements carriéristes.
L’objectif est de repenser l’organisation et le fonctionnement de l’État et de la république dans sa globalité pour sortir des crises cycliques que vit le pays depuis son indépendance. Pour le RCD, l’heure n’est pas à l’engagement dans des processus électoraux joués d’avance mais à l’ouverture d’un dialogue courageux, loyal et fraternel pour explorer les meilleures voies permettant la mise en place de conditions faisant du citoyen l’arbitre et l’acteur de son destin. Une fois ces fondements définis et adoptés les urnes pourront, pour la première fois de l’histoire de la république algérienne donner leur verdict.
Les résultats de ces rencontres et des échanges exploratoires que nous aurons à initier tant au niveau local qu’avec les directions nationales des diverses structures politiques, syndicales et associatives feront l’objet d’une première évaluation qui aura lieu avant la date du 18 avril 2019. Ces données serviront à affiner les réflexions pour donner une impulsion politique nourrie par des propositions de nos bases respectives d’où émergera le compromis opérationnel et l’agenda qui le déclinera.
Cette initiative associera notre émigration dont la mission d’animation et de stimulation a toujours été déterminante dans les grandes séquences de reconfiguration nationale.”