« De larges couches du peuple algérien continuent de refuser le déroulement d’élections dans les circonstances actuelles marquées par de vives tensions. Les grandioses marches hebdomadaires des mardi et vendredi, en sont la démonstration tout comme elles portent de façon réitérée des messages contre la monopolisation du pouvoir et l’autoritarisme imposés à la vie politique.
La démarche du pouvoir marquée par la fermeture d’espaces de libre expression, les entraves à l’exercice des libertés, l’arrestation et l’incarcération d’activistes politiques et de manifestants pacifiques, la dénaturation des réalités et des évidences n’a pas suscité d’adhésion populaire à cette politique.
Dans notre déclaration du 15 octobre 2019, nous avions exposé notre vision de l’approche de la solution politique consensuelle. Celle-ci, faut-il le rappeler, doit impérativement passer par des mesures d’apaisement de nature à favoriser un dialogue national, sérieux et global afin d’aboutir à un consensus de nature à mettre fin à l’ère des désignations et des cooptations. Il est regrettable de constater que notre déclaration, tout comme les initiatives précédentes de personnalités nationales, de forces politiques et sociales, n’a pas trouvé d’écho auprès des tenants du pouvoir. En dépit de tout cela, notre sens patriotique et notre attachement profond à notre grand peuple nous appellent à rester engagés à ses côtés dans l’expression de nos positions de soutien à ses aspirations et à ses préoccupations.
Nous avons œuvré et milité pour que les élections présidentielles constituent un espace rassembleur et la base de départ pour la construction d’une nouvelle vie politique qui consolidera l’unité nationale, rempart contre toute forme d’immixtion étrangère. C’est d’ailleurs l’esprit même de cette révolution populaire pacifique tout au long des neuf mois, malgré les tentatives de son dénigrement par des déclarations irresponsables de certains hauts représentants de l’État, ce qui a d’ailleurs favorisé et accentué le climat de polarisation qui règne à travers le pays.
En dépit de toutes les entraves qui empêchent notre peuple de recouvrer sa pleine souveraineté, nous appelons les partisans de la révolution du 22 février :
1. À considérer le rendez-vous du 12 décembre comme une étape parmi d’autres que le Harak populaire traversera avec succès pour préserver son pacifisme après cette date, grâce à son degré de conscience et à son comportement civilisé.
2. Ne pas empêcher l’exercice par d’autres citoyens de leur droit à s’exprimer librement malgré les divergences d’approche et des positions politiques. De même, le devoir de tout un chacun implique d’éviter tout dépassement et de ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent.
3. Faire preuve d’un haut niveau de retenue pour préserver la communion dans cette épopée rassembleuse par son pacifisme et son prestige large et avéré. Elle doit rester le symbole de l’unité et de la résistance face à toute forme de division, de falsification et aux tentatives de semer les germes de la fitna, et de la haine entre les enfants du même peuple.
4. Nous appelons les tenants du pouvoir à renoncer aux discours provocateurs, à l’usage du langage de la menace, et à cesser d’accuser de trahison tout citoyen porteur d’opinion contraire à celle du pouvoir, dans la recherche d’une sortie de crise. Nous le rendons responsable de tout dérapage éventuel dans les jours à venir.
5. Enfin, les signataires du présent texte renouvellent leur soutien plein et entier au hirak populaire et pacifique jusqu’à la concrétisation de toutes ses légitimes revendications.
Alger, le 10 décembre 2019
ALI YAHIA Abdenour. Ahmed TALEB IBRAHIMI. AHMED BENBITOUR. Ali BENMOHAMED. Abdelaziz RAHABI. Mustapha BOUCHACHI. Noureddine BENISAAD. Arezki FERRAD .Hedi HASSANI. Nacer DJABI. Louisa AIT HAMADOUCHE. Farida BENFERRAG. Abdelghani BADI . Elhadj Moussa BEN AMOR. Nacer YAHIA. Seif el Islam BENATTIA .Mouslem BABAARBI . Hachem SACI .Dris CHERIF . »