Le monde s’est réveillé, ce mercredi 6 novembre, sur la nouvelle du retour au pouvoir, à la tête de la première puissance mondiale, de Donald Trump. Si cette issue du scrutin américain était inattendue dans une certaine mesure, le monde ne fera pas pour autant un saut dans l’inconnu.
Le milliardaire a les idées tranchées sur toutes les questions internationales qui comptent et, comme lors de son premier mandat, rien ne dit qu’il ne les traduira pas en actes dès qu’il aura pris possession du bureau ovale de la Maison Blanche.
Pour l’Algérie, le retour de Trump aux affaires à la tête de la plus grande puissance de la planète ne va certainement pas impacter la relation bilatérale, mais aura des conséquences certaines sur au moins deux dossiers, la Palestine et le Sahara occidental, c’est tout sauf une bonne nouvelle. Deux dossiers qui font partie des priorités de la diplomatie algérienne.
Donald Trump a largement battu la candidate démocrate Kamala Harris qui a fait la course à la place du président sortant Joe Biden, trahi par ses facultés mentales et physiques.
Trump, lui, est toujours aussi flambant que lors de sa première élection en 2016. Et toujours aussi déterminé concernant l’immigration, le libéralisme économique ou encore le soutien à Israël.
L’une des promesses phares du revenant Donald Trump est de mettre fin à la guerre en Ukraine « en 24 heures ».
Ce qui ne signifie pas qu’il enverra les troupes ou des armements supplémentaires pour faire la guerre à la Russie. Bien au contraire, la promesse suscite de sérieuses inquiétudes chez les Européens quant à la poursuite du soutien américain à Kiev, que les affinités avec Vladimir Poutine qu’on prête à Donald Trump soient avérées ou pas. Le monde se sera alors débarrassé d’une guerre, mais pas de toutes les guerres.
Au Proche-Orient, le retour de Donald Trump n’augure rien de bon. Le futur président républicain pourrait lâcher davantage la bride au gouvernement extrémiste israélien dans son génocide contre la population civile de Gaza. Benyamin Netanyahou s’est mis à jubiler avant même l’annonce des résultats définitifs de l’élection américaine.
« Votre retour historique à la Maison Blanche offre (…) un puissant réengagement envers la grande alliance entre Israël et l’Amérique », a-t-il écrit sur X à l’adresse de Trump et de son épouse.
Le jour même du scrutin aux États-Unis, Netanyahou, sentant peut-être la victoire de son protecteur, a limogé deux de ses opposants au sein du gouvernement, dont le ministre de la Défense Yoav Gallant qui plaidait pour une trêve avec le Hamas afin de récupérer les otages israéliens qu’il détient.
Les probables retombées de l’élection de Donald Trump sur les questions palestinienne et sahraouie
En 2017, à peine entré en fonction, la première action de Donald Trump pour le Moyen-Orient a été de mettre à exécution sa promesse de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, un pas qu’aucune administration américaine n’avait osé franchir.
C’est sous Donald Trump qu’ont été aussi négociés et signés les accords de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes en 2020, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. L’architecte de ces accords est son gendre Jared Kushner, un autre fan d’Israël qui pourrait donc faire son retour aux affaires.
Paradoxalement, des analystes attribuent la défaite de Kamala Harris dans certains États clés au soutien inconditionnel apporté par l’administration Biden à Israël dans sa guerre contre Gaza.
Avec Trump, le soutien sera encore plus significatif. C’est sa promesse, avec toutefois cette nuance qui laisse un brin d’espoir : en campagne électorale, le républicain a lâché qu’il n’était « pas sûr d’adorer » la façon avec laquelle Netanyahou mène la guerre à Gaza.
Depuis deux mois, la guerre s’est étendue au Liban et des frappes réciproques ont eu lieu avec l’Iran. Avec Trump au pouvoir à Washington, les analystes redoutent sérieusement que les choses dégénèrent quand on sait sa radicalité vis-à-vis de la République islamique. C’est lui qui, en 2018, a révoqué l’accord conclu par les grandes puissances sur le nucléaire iranien.
Réagissant au lancement de missiles iraniens sur Israël début octobre dernier, le candidat Trump avait estimé que le président des États-Unis devrait « écrabouiller » ce pays.
L’issue de l’élection américaine risque aussi de lâcher une autre bride et d’accentuer un autre fait accompli colonial, celui de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc.
Donald Trump n’est pas franchement un fan du Maroc ni ne cultive quelque inimitié vis-à-vis de l’Algérie qui soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, mais les intérêts de son allié israélien lui ont dicté d’appuyer Rabat dans le dossier du Sahara occidental.
En échange de la normalisation, Trump a formellement reconnu en décembre 2020 la « souveraineté marocaine » sur le territoire contesté, un engagement sur lequel son successeur Joe Biden n’a pas pu -ou voulu- revenir.
Bien que sans effet juridique, la question étant toujours enrôlée au niveau de la commission de décolonisation de l’ONU, la décision de Donald Trump fut lourde de conséquences pour toute la région. Elle a enhardi le régime marocain qui s’est mis à bomber le torse vis-à-vis du voisin algérien, provoquant la rupture des relations entre les deux pays en août 2021, et de l’Europe, faisant plier l’Espagne en mars 2022, puis la France en juillet 2024.
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