Comment fluidifier la circulation matinale des voitures tout en rendant service à la santé des collégiens et des lycéens qui ont du mal à émerger de leur sommeil ? L’équation se pose certainement à bon nombre de citoyens au moment de prendre sa voiture pour aller au travail ou accompagner les enfants à l’école.
Une étude américaine apporte une réponse que la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, souhaite tester dans sa région dès cette année. Dans un tweet publié hier sur son compte personnel, elle a demandé au ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer de « lancer à la rentrée 2019 une expérimentation régionale : faire commencer tous les cours des lycées à 9h ». Son argument : ce sera bon pour les apprentissages et la santé de nos 500.000 lycées et ça désaturera les transports ».
Bonne nouvelle, @jmblanquer réceptif à l’expérimentation proposée par @vpecresse d’ouvrir les lycées à 9h.
▶️Faire des lycées les lieux d’une meilleure qualité d’apprentissage
▶️ journées trop lourdes et commencent trop tôt @DamienFleurot https://t.co/lXz2ynIRHQ @LCI— Agnes Evren (@AgnesEvren) January 6, 2019
Le ministre auquel la requête a été adressée l’a accueillie favorablement : « Je suis ouvert aux expérimentations. Lorsqu’il y a une proposition comme cela, il faut l’écouter. Pourquoi pas à une petite échelle pour expérimenter. J’y suis ouvert », a répondu M. Blanquer à celle qui fut ministre de l’Enseignement supérieur de l’ancien président de Droite Nicolas Sarkozy.
Le souhait de Mme Pécresse dont la région qu’elle dirige est liée par un partenariat avec la wilaya d’Alger n’est pas une lubie. Il découle d’une étude américaine qui préconise de reculer les heures de rentrée en classe des lycéens pour leur favoriser un plus long sommeil. Cela améliore leurs résultats et fait baisser l’absentéisme et les retards. Cette conclusion permet de soigner l’angoisse des parents qui croient leurs enfants paresseux, incapables de se détacher de leur lit. Ce n’est pas de la paresse mais simplement la biologie.
L’adolescence est une période de la vie où les horaires de coucher et de lever sont naturellement retardés, jusqu’à deux heures par rapport à l’enfant. Deux mécanismes rentrent en jeu pour expliquer cela : la sécrétion de la mélatonine qui annonce que la baisse de la lumière du jour survient plus tard. Par contre, le besoin de sommeil des adolescents ne baisse pas alors qu’ils supportent plus aisément la fatigue de la journée. Ils ont donc besoin de décaler leur réveil.
Aux États-Unis, des médecins recommandent depuis déjà quelques années de repousser le début de la journée scolaire des adolescents. L’Académie américaine de pédiatrie s’est prononcée en ce sens en 2014 et, trois ans plus tard, la mesure était adoptée par deux lycées de Seattle (Nord-Ouest des États-Unis). De 7h50, le début des cours est passé à 8h45 entre 2016 et 2017.
Une équipe de chercheurs de neurosciences à l’université de Washington a suivi sur les deux périodes entre 82 et 92 élèves âgés de 16 ans. Pendant 15 jours, ils devaient remplir un agenda précisant leurs heures de coucher, leur humeur et leurs siestes. Ils étaient équipés de capteurs permettant de mesurer leur activité nocturne et diurne. Résultat : les jeunes dormaient plus. Du coup, ils avaient moins de retards et d’absences et avaient amélioré leurs performances scolaires.
Si en plus les adolescents s’éduquaient au sommeil en se séparant plus tôt de leurs écrans, les résultats seront meilleurs encore. Cela va-t-il inspirer Mme Benghabrit ?