Douze chefs d’État et de gouvernement ont endossé dimanche à Paris l’idée d’un « pacte sur l’information et la démocratie » initiée par l’organisation Reporters sans frontières afin de mieux protéger la liberté de la presse et lutter contre la désinformation.
« On a une offensive idéologique du jihadisme, de régimes autoritaires, de mouvements extrêmes qui de tous côtés se dévoilent être des ennemis de la liberté (…), cherchent à contrôler, censurer, exporter leur modèle, qui lancent des campagnes massives de désinformation et qui s’attaquent aux journalistes », a déploré le président français Emmanuel Macron au premier Forum de Paris sur la Paix.
Si l’internet et les réseaux sociaux ajoutent un nouvel espace de liberté, ils « offrent aussi des opportunités de manipuler les opinions à grande échelle et fragilisent l’économie (des médias) », a-t-il ajouté lors d’une présentation de l’initiative de RSF.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a aussi mis en garde contre le « risque de détournement de ces nouveaux outils pour exciter la haine, le conflit et même la guerre ».
L’initiative de RSF propose que l’espace mondial de l’information et de la communication soit considéré comme un bien commun de l’humanité, dans lequel soient garantis la liberté, le pluralisme et l’intégrité des informations.
Les douze pays qui ont endossé cette initiative sont le Burkina Faso, le Canada, le Costa Rica, le Danemark, la France, la Lettonie, le Liban, la Lituanie, la Norvège, le Sénégal, la Suisse et la Tunisie.
« Le droit à l’information n’est pas seulement l’apanage des pays développés. En Afrique, il y a également une volonté de plus en plus affirmée d’assurer la protection des journalistes et de créer les conditions d’un exercice libre de cette profession », a renchéri le président sénégalais Macky Sall.
« Aucun journaliste n’a été emprisonné ou interpellé depuis que je suis à la tête de ce pays », a-t-il assuré, ajoutant que le « plus « grand ennemi » des médias n’est pas l’Etat mais « le pouvoir de l’argent et les pouvoirs obscurantistes qui créent des organes de presse pour en faire des instruments de propagande et de pression ».
En Tunisie, 85 journaux, 82 sites électroniques d’information, 40 radios et 18 chaînes de télévision cohabitent depuis la révolution de 2011, a noté de son côté le président Béji Caïd Essebsi.
« Nous sommes un pays africain, arabe, musulman. Généralement parmi ces +peuples+, on n’applique pas beaucoup les règles de la liberté d’expression », a-t-il relevé.
« Mais en Tunisie nous sommes préparés à respecter la liberté d’information parce que nous avons initié un processus démocratique », a-t-il ajouté.
Vingt-cinq personnalités internationales dont plusieurs Prix Nobel ont lancé début novembre un appel solennel aux dirigeants internationaux à « lancer un processus politique » pour qu’un tel pacte soit signé « d’ici à un an ».