Les pays occidentaux dont les États-Unis ont-ils enfin ouvert les yeux sur les atteintes aux droits de l’Homme et aux libertés en Égypte ? Hier vendredi, ils ont en tout cas envoyé un signal fort au président autoritaire Abdel Fattah al-Sissi.
Au total, 31 pays occidentaux ont signé ce vendredi une lettre dénonçant la situation des droits de l’Homme en Égypte. Ils ont exhorté le pays dirigé par l’autoritaire président Abdel Fattah al-Sissi à mettre fin aux persécutions contre les militants ou journalistes perçus comme opposants et à les relâcher immédiatement, rapportent ce samedi plusieurs médias dont l’agence Reuters.
« Nous demeurons profondément préoccupés par la trajectoire des droits de l’homme en Égypte et partageons les préoccupations exprimées par le Haut-Commissaire aux droits de l’homme et les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales », affirme la lettre présentée par la Finlande au nom de 31 pays lors de la 46ᵉ session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies.
« Nous attirons une attention particulière sur les restrictions à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique, l’espace restreint pour la société civile et l’opposition politique, et l’application de la législation antiterroriste contre les critiques pacifiques », dénonce les signataires.
Bien que reconnaissant « le rôle de l’Égypte dans le soutien de la stabilité régionale, la gestion des migrations, la lutte contre le terrorisme », les 31 États signataires se disent néanmoins « profondément préoccupés par l’application de la législation sur le terrorisme contre les militants des droits de l’homme, les personnes LGBTI, journalistes, politiciens et avocats ».
« Nous exhortons l’Égypte à mettre fin au recours aux accusations de terrorisme pour détenir des défenseurs des droits de l’homme et des militants de la société civile en détention provisoire prolongée et à ajouter des détenus à de nouvelles affaires avec des charges similaires après l’expiration de la limite légale de détention provisoire. L’Égypte doit cesser d’utiliser la liste des entités terroristes pour punir les individus qui ont exercé leur droit à la liberté d’expression », exhorte la lettre.
Les États-Unis, qui disposent d’un statut d’observateur au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, figurent parmi les 31 signataires de cette lettre, composée pour la plupart de pays européens comme la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Suisse, mais également l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Aucun pays d’Afrique ou du Moyen-Orient ne figure parmi les signataires de cette déclaration.
La déclaration commune des 31 États a été accueillie positivement par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ainsi que plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme.
« Un message clair aux autorités égyptiennes »
« La déclaration d’aujourd’hui envoie un message clair aux autorités égyptiennes : le monde ne fermera plus les yeux sur leur campagne acharnée visant à écraser la dissidence pacifique », affirme dans ce cadre Kevin Whelan, Représentant d’Amnesty International auprès des Nations unies à Genève.
« Les États signataires de cette déclaration, comme la France, doivent en prendre toute la mesure et réellement prioriser le respect des droits humains dans leurs relations diplomatiques et commerciales avec l’Égypte », préconise quant à lui Antoine Madelin, directeur du plaidoyer à la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH).
« Nous demandons au gouvernement d’Emmanuel Macron de revoir son partenariat dit stratégique avec l’Égypte et de mettre un terme aux ventes d’armes françaises vers tous les pays qui violent les droits fondamentaux », exhorte en outre M. Madelin.
Le texte a cependant été accueilli défavorablement par l’Égypte. Le ministère des Affaires étrangères égyptien a ainsi exprimé sa « grande surprise et sa désapprobation », faisant part de son rejet « absolu » de la déclaration qu’il dit contenir « un discours sans fondement basé sur des informations inexactes », selon les propos rapportés par l’agence chinoise Xinhua.
« Il est inacceptable de faire imprudemment une telle déclaration qui ne prend pas en compte les efforts globaux de l’Égypte dans le domaine des droits de l’homme dans tous ses aspects politiques, économiques et sociaux », a estimé le ministère des Affaires étrangères égyptien, cité par la même source.