Installée sur son stand d’un salon international spécialisé dans le lucratif marché du halal à Dubaï, Dai Dong He propose à la dégustation ce qui ressemble à des biscuits ou à des chocolats soigneusement emballés.
“C’est du bœuf séché”, précise Mme Dai, directrice générale d’Anhui Central Asia Food Co., l’une des huit firmes chinoises de la province d’Anhui présentes au “Halal Expo Dubaï 2017”.
L’émirat du Golfe accueillait lundi et mardi la 9e édition de ce salon, alors qu’il cherche à se positionner comme une plate-forme de l’industrie halal, marché florissant de biens et de services conformes à la charia estimé à ce jour à 2.500 milliards d’euros.
Ces dernières années, les firmes chinoises ont elles-mêmes cherché à pénétrer le marché, et voient dans l’évènement de Dubaï une bonne opportunité.
D’ici 2021, le secteur halal chinois devrait atteindre un volume de 1.600 milliards d’euros, avec une croissance moyenne de 9% par an par rapport à 2015, selon les organisateurs du salon.
Originaires d’un pays non musulman, les Chinois veulent prendre pied en misant sur la confiance du consommateur.
“Nous nous assurons que notre nourriture est halal”, déclare à l’AFP Dai Dong He, soulignant que sa firme achète de la viande à des musulmans chinois de la région du Xinjiang, afin de s’assurer que l’abattage se fait selon le rituel musulman.
Responsable de la firme ARA Halal Development Service Centre, Nicholas Hsiu se montre offensif. “Nous voulons exporter vers les pays musulmans, aux Emirats arabes unis comme dans tout le Moyen-Orient”, dit-il à l’AFP.
Son entreprise fabrique divers types de nouilles halal et a obtenu des certificats auprès d’organismes islamiques reconnus à Hong Kong et dans d’autres pays, souligne-t-il.
Cosmétiques, miel…
Au total, 75 exposants de 15 pays, dont la Malaisie, leader mondial du halal, le Pakistan, le Kazakhstan, la Thaïlande ou la Suisse, ont participé au salon.
Cette industrie va de l’alimentation aux boissons en passant par les cosmétiques, le tourisme et l’industrie financière islamique, qui pèse 1.670 milliards d’euros.
Les exposants de Malaisie ont proposé une large gamme de cosmétiques ainsi que des semences de produits agricoles présentées par une firme comme “meilleures que le Viagra”.
Du miel de montagne transformé selon les règles islamiques a été présenté par une entreprise pakistanaise, tandis que les exposants du Kazakhstan ont proposé divers types de chocolats.
Debout dans un stand de cosmétiques, Nur Syarifatun Nadzirah, directeur général de Gaveno Green Resources de Malaisie, affirme que tout est halal. “Nous avons les certificats”, déclare-t-elle à l’AFP.
L’émirat de Dubaï qui -contrairement à ses voisins du Golfe riches en pétrole- possède une économie diversifiée, s’efforce de devenir la plaque tournante mondiale de l’industrie halal en créant des organismes de réglementation comme le “Emirates International Accreditation Centre”.
Ce centre publie des directives et délivre des certificats pour les produits conformes aux règles islamiques.
C’est l’une des initiatives prises par Dubaï pour en faire “la capitale de l’économie islamique”, déclare Amina Ahmed Mohammed, PDG du centre.
Selon les organisateurs, les six Etats membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) importent chaque année pour 42 milliards d’euros de produits halal, dont 16,70 milliards d’euros pour les seuls Emirats arabes unis.
Comme pour la finance islamique, le principal obstacle auquel se heurte l’industrie halal est l’application de normes et d’exigences différentes et parfois contradictoires, selon l’interprétation des textes religieux.
“Les Emirats ont lancé le forum international pour l’accréditation des organisations halal dans le but d’unifier les procédures à travers le monde”, relève Mme Mohammed.