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Eau, ADSL… : la dégradation inquiétante des services publics en Algérie

Eau, ADSL… : la dégradation inquiétante des services publics en Algérie

La gestion erratique de la crise de l’eau met la lumière sur la qualité qui ne cesse de se détériorer des services publics en Algérie. Selon le ministère des Ressources en eau, 22 wilayas dont Alger sont touchées par le stress hydrique. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui.

L’accès à l’eau potable est problématique dans plusieurs régions du pays et la qualité des prestations fournies par l’Algérienne des eaux ou Seaal suscite toujours le mécontentement des citoyens.

Le secteur de l’eau n’est pas malheureusement un cas unique. Les Algériens ne sont pas satisfaits des prestations fournies par les hôpitaux, les banques, la Poste, l’électricité, les sociétés de transports, les opérateurs de téléphonie et d’internet. Alors les infrastructures de base notamment les routes et les autoroutes continuent de se détériorer, faute de maintenance et d’entretien.

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« Un grand chantier »

« L’état actuel des services publics est un héritage et un cumul de tout ce qui s’est passé durant les années passées », explique d’emblée Mustapha Zebdi de l’Association de protection du consommateur (Apoce) qui pointe un problème de « mentalité ».

« Les choses doivent changer et que chaque responsable d’un service public doit savoir qu’il est là et est payé pour servir le citoyen », estime M. Zebdi, en soulignant que l’amélioration des services publics est « un grand chantier à lancer ».

Tirant quelques satisfactions de la part de certaines institutions publiques, Mustapha Zebdi estime néanmoins que les ponts sont complètement coupés avec l’opérateur public (téléphonie fixe et internet ADSL) Algérie Télécom dont les prestations sont très souvent décriées par les clients.

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Le dernier épisode en date est la coupure d’internet pendant les épreuves du BAC 2021 (20-24 juin), ce qui a suscité colère et incompréhension des clients de l’opérateur historique de téléphonie fixe.

« Il y a une rupture totale » de contact avec Algérie Télécom qui remonte à des années, note M. Zebdi. « L’insatisfaction générale » quant à la médiocrité des prestations publiques est devenue la règle, pointe le président de l’Apoce.

Cependant, Zebdi fait remarquer que la qualité des services dans certains secteurs « commencent à s’améliorer », citant l’Algérienne des eaux (ADE) en matière de réactivité quant aux requêtes des clients, et non pas sur l’aspect liée à la distribution de l’eau.

Il y a aussi les cas de la Sonelgaz et Naftal. « Il reste un long chemin à faire » dans le domaine des services publics, tempère cependant M. Zebdi. Les principales doléances qui remontent à l’Apoce concernant les services publics, touchent essentiellement aux secteurs de l’eau, des transports, de l’électricité, la téléphonie, la Poste…etc. La palette est large.

Le président de l’Apoce appelle à lancer des audits et des enquêtes à l’effet d’évaluer la qualité des services publics fournis. Faisant remarquer qu’« il y a une volonté politique pour que la situation s’améliore », Zebdi déplore néanmoins une « absence de perception » au niveau de la base « où il y a un effort à faire pour changer de comportement ».

Une « tarification optimale »  des services publics

La qualité des services publics est un « fléau ancien », explique de son cité le professeur en économie, Pr Brahim Guendouzi, citant les problématiques de l’eau, la téléphonie et la connexion ADSL et les routes.

« C’est un monopole public. Algérie Telecom est seule sur le marché, sans concurrence, de même que l’ADE, la Sonelgaz, la réalisation des routes est liée à la wilaya. Avant, il y avait des petites entreprises communales qui assuraient l’entretien et la maintenance de routes. Elles n’existent pas aujourd’hui », développe l’enseignant à l’université de Tizi-Ouzou.

En plus d’être un legs de plusieurs années de bricolage et d’impéritie, la dégradation de la qualité des services publics tient aussi au manque de financements et à l’incapacité à suivre l’évolution démographique ainsi que les investissements publics qui doivent les accompagner.

« Il y a des milliers de logements qui sont réalisés mais la capacité de générer de l’électricité ne suit pas. La capacité de gérer un réseau d’eau ne suit également pas…Il y a déjà un problème d’investissement de la part des entreprises qui sont en position de monopole », décrypte l’économiste qui pose un autre problème.

« Hormis la Sonelgaz, l’encadrement dans les autres entreprises pose problème », ajoute le Pr Guendouzi qui cite en exemple le manque de réactivité de l’Algérienne des eaux (ADE) quant aux fuites d’eau sur les réseaux de distribution alors qu’elles sont patentes.

Derrière la détérioration des services publics se cache aussi le manque d’entretien et de maintenance des infrastructures et des structures publics, faute de financements et d’anticipation. C’est connu, l’Algérie construit des infrastructures au prix d’or, sans prévoir les fonds nécessaires pour leur entretien.

Si les prestations publiques sont subventionnées par l’État (électricité, eau, internet…), le Pr Guendouzi suggère de trouver une « tarification optimale »  qui fait qu’on « exige un meilleur service public tout en le payant un peu plus cher ».

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