L’Algérie vit une grave crise d’eau potable. Un plan de rationnement du précieux liquide est entré en vigueur samedi 26 juin à Alger, pour la première fois depuis le début des années 2000. Dans le reste du pays, les populations vivent aux rythmes des rationnements.
Le déficit en eau touche particulièrement les régions du centre et de l’ouest du pays, selon le ministère de Ressources en eau (MRE) qui évalue le déficit des barrages à 25 % des réserves des barrages.
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Pour tenter de juguler la crise, le ministère a annoncé ce dimanche 27 juin un plan pour y faire face, avec à la clé un programme qui consiste à effectuer des transferts d’eau vers des barrages alimentant les régions connaissant des problèmes accrus d’alimentation en eau.
Ainsi, ledit programme prévoit le transfert d’eau à partir du barrage de Ghrib vers celui de Bouroumi à Ain Defla afin d’alimenter le Grand Alger par 80.000 m3/jour en sus du transfert de l’eau depuis le barrage de Boussiaba (Jijel) vers celui de Beni Haroun en vue de l’alimentation d’El-Milia et Bellara, avec une capacité de production de 80 millions m3/an.
Le ministère dit qu’il va procéder à la réhabilitation de la station de dessalement d’eau de mer d’El Magtaa près d’Oran dont la capacité est de 500.000 m3/ jour pour l’alimentation en eau potable des wilayas d’Oran, Mascara et Relizane.
Le plan anti-crise du gouvernement comprend aussi le transfert d’eau du barrage de Oued El-Teht à Mascara pour alimenter les communes de Ain Farah, l’agglomération de Ain Bouras, Oued El Abtal et Sidi Abd el Djebbar, précise le communiqué.
Le ministère annonce que le projet relatif à la séparation de la station de dessalement d’El Magtaa de la canalisation de « MAO » sera engagé pour le réceptionner en juillet, à travers une double alimentation notamment après la séparation des deux sources (MAO et la station d’El Magtaa) qui devra assurer l’alimentation de l’Est d’Oran.
S’agissant des villes situées à l’Est du pays, il a été procédé au transfert de l’eau du barrage Ouldja Mellag ce qui permet d’alimenter pas moins de 175.000 habitants dans les communes de Ouanza, Laaouinet, Boukhadra, Bir Dheb, El-Mridj et Marsat.
Les transferts d’eau ont été également effectués depuis le barrage d’Ighil Amedda vers celui de Mehouane (Sétif) pour l’alimentation des communes de la wilaya Bordj Bou Arreridj avec 120.000 m3/jour.
Le département des Ressources en eau a en outre annoncé le lancement d’un appel d’offre national pour la réalisation d’un projet de transfert d’eau du barrage de Kef Eddir à Damous afin d’alimenter 11 communes sises à l’Ouest de la wilaya de Tipasa et 6 autres communes à Ain Defla et Chlef.
Par ailleurs, un appel d’offre national a été lancé pour la réalisation d’un projet de transfert d’eau à partir de Tablout (Jijel) dans l’objectif d’alimenter 12 communes relevant de la wilaya de Sétif en eau potable avec une production de près de 60 millions m3/an, selon le communiqué du MRE.
Grand Alger : entrée en service en juillet-août de 4 stations de dessalement
Pour Alger et ses environs où un programme d’urgence de rationnement de l’eau potable a été mis en place samedi 26 juin, le ministère des Ressources en eau annonce l’entrée en service en juillet et août, de 4 stations de dessalement d’eau de mer avec une capacité de 37.500 m3/jour.
À court terme, il sera procédé à la réalisation d’un programme d’urgence de trois stations de dessalement pour les communes de Corso, Bateau cassé et Marsa avec une capacité de 150.000 m3/jour, a précisé le MRE dans son communiqué.
Le ministère prévoit également la réception de 173 forages d’une capacité totale de 250.000 m3/jour. Un deuxième programme sera lancé pour produire 140.000 m3/jour à la faveur de la réalisation de 120 nouveaux forages qui entreront graduellement en service.
Dans ce contexte, le ministère a précisé que les quantités d’eau disponibles dans les barrages ne permettent pas actuellement de réaliser une production quotidienne oscillant entre 850.000 et 750.000 m3/jour.
Une situation qui a imposé la révision du système de distribution dans le cadre d’un plan de rationnement dans les différentes communes d’Alger.
Cependant, les échos d’habitants de la capitale font état de perturbations importantes dans l’application dudit programme. À noter que le système d’alimentation concernant Alger et ses environs, est basé sur 4 barrages à savoir Keddara, Beni Amrane, Boukourdane et Asserdoune en cas de besoin, outre trois systèmes d’approvisionnement permettant en temps normal, de produire 1,2 millions m3/jour, est-il précisé.