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Éducation : quand la rentrée scolaire devient une affaire d’État

Éducation : quand la rentrée scolaire devient une affaire d’État

La rentrée scolaire en Algérie a pris cette année des allures d’affaire d’État. Ce qui, ces dernières années et même depuis l’indépendance, relevait de la simple décision administrative qui passait presque inaperçue, soit l’annonce de la date de la reprise des cours, a nécessité un examen au plus haut niveau de la hiérarchie de l’Etat, en conseil des ministres.

Et encore, la décision n’a été tranchée qu’à trois semaines de l’échéance, après un été de rumeurs, d’annonces et de contre-annonces. Dimanche 28 août, le conseil des ministres présidé par le chef de l’État a fixé la date de la rentrée au 21 septembre.

En quoi la nouvelle année scolaire diffère-t-elle des précédentes pour susciter tant de suspense et d’irrésolution ? A priori, les changements attendus ne sont pas révolutionnaires. Il est juste question du retour -ou pas- au « système d’enseignement habituel » après trois années de répartition des classes en « groupes » pour cause de la pandémie de covid-19.

Il est aussi prévu d’introduire pour la première fois l’enseignement de la langue anglaise dans le cycle primaire.

Que cette seconde question fasse l’objet de divergences, de tergiversations ou même de tiraillements, il n’y a rien de plus normal, tant la mesure a été décidée avec une certaine précipitation, sans que l’on soit sûr que le pays dispose des encadrements nécessaires pour généraliser l’enseignement d’une langue étrangère supplémentaire, à plus forte raison une langue que très peu d’Algériens maîtrisent.

Du reste, enseigner quatre langues (arabe, tamazight, français et anglais) au primaire est une entreprise périlleuse sur le plan pédagogique.

Mais, semble-t-il, ce n’est pas la question cruciale et très politique de l’introduction de la langue de Shakespeare qui fait traîner les choses.

Trancher dans la précipitation

A en croire la teneur du communiqué qui a sanctionné le dernier conseil des ministres, toute l’indécision tourne autour du retour ou pas au système normal de répartition des élèves.

Par mesure de prévention contre le covid-19, les autorités avaient pris la décision au tout début de la pandémie de diviser les classes habituelles en groupes très réduits.

Cela a nécessité un réaménagement de fond en comble des volumes horaires des cours et de l’emploi du temps des enseignants. Mais un tel mode de fonctionnement n’était pas fait pour durer indéfiniment et un retour au système habituel est prévu en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.

Il est normal que la question fasse l’objet de consultations, notamment avec les autorités sanitaires dont l’avis est déterminant. Les chiffres de la pandémie sont ce qu’ils sont et il appartient aux seuls services du ministère de la Santé de les interpréter et de déterminer si le danger est passé ou pas. Ce qui est en revanche moins compréhensible, c’est cette lenteur mise pour trancher.

La date de la rentrée est fixée trois semaines avant l’échéance et c’est pendant ce court laps de temps que les concernés, tutelle, établissements, syndicats et parents d’élèves, devront se concerter pour prendre une décision quant au retour au système habituel.

Le président de la République a instruit le ministre de l’Education de rencontrer les concernés « dans les meilleurs délais » et c’est ce que Abdelhakim Belabed a entamé dès le lendemain en tenant une réunion avec les organisations des parents d’élèves. « Une décision sera prise prochainement », a promis le ministre.

Le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid a donné son accord pour une rentrée scolaire normale, avec un retour au système d’enseignement d’avant la pandémie de Covid-19.

Il n’y a pas de doute que la question sera tranchée, mais quelle que soit la décision qui sera prise, elle l’aura été dans la précipitation et il en sera de même pour l’établissement des plannings et des emplois du temps pour la nouvelle année scolaire.

Toutes les parties, le gouvernement en tête, pouvaient pourtant s’éviter une telle pression en prenant les choses en main au moins quelques semaines avant la rentrée.

Elles avaient tout l’été pour se concerter, entendre tous les avis et prendre la meilleure décision. Hélas, elles ne l’ont pas fait et doivent maintenant trancher dans l’urgence.

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