Le Pr Nadjat Loumi, directrice générale du Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM) répond dans cet entretien aux questions sur les effets secondaires des vaccins actuellement utilisés en Algérie pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, leur durée de protection, et lance un appel aux Algériens.
L’Algérie vaccine avec quatre types de vaccins contre le covid. Avez-vous enregistré des effets secondaires plus ou moins graves ?
Effectivement, en ce qui concerne la vaccination, nous avons le vaccin russe Spoutnik V, le Covishield (AstraZeneca), et deux vaccins chinois. Jusqu’à présent (la campagne vaccinale a été entamée fin janvier, ndlr), nous avons reçu des notifications qui concernent presque tous les vaccins : il n’y a pas un qui présente plus d’effets indésirables qu’un autre.
Parmi les effets, il y a la fièvre qui survient en premier, ensuite les céphalées, l’asthénie, les douleurs articulaires et quelques douleurs musculaires. On voit donc que ce sont des effets indésirables qui sont bénins, et qui répondent très bien au paracétamol par exemple dans les cas de fièvres et de céphalées (maux de tête).
Dès le lendemain, les effets disparaissent ou deux jours après (l’injection). Jusqu’à présent, ce sont des effets indésirables qui sont très bien tolérés et qui passent quelques heures ou jours qui suivent la vaccination.
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Justement, comment se déroule le suivi ultérieur des personnes vaccinées ?
Les premiers effets indésirables surviennent dans les heures qui suivent, soit dans les 6-7 heures après la vaccination, et sont en général comme on l’a dit des frissons, des courbatures, une fièvre…
Pour les jours qui suivent après, on a eu des personnes qui ont déclaré des asthénies, mais en fait ce sont des effets qui ne les empêchent pas de travailler.
Elles se sentent juste fatiguées comme après la réception d’un tout autre vaccin banal. Pratiquement, ce sont les mêmes types d’effets indésirables qui surviennent avec les autres types de vaccins.
Nous sommes très rassurés concernant les effets indésirables. Je rassure aussi sur le type de vaccins : les quatre types de vaccins donnent les mêmes effets indésirables, il y en a pas un qui donne plus d’effets indésirables qu’un autre.
Le suivi de personnes vaccinées se fait dans les heures qui suivent, mais aussi tout au long des jours qui suivent la vaccination. Tout s’estompe dans les deux à trois jours suivants quel que soit le type de vaccin utilisé.
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Avez-vous recensé des personnes qui ont été vaccinées, mais qui ont été infectées ensuite par le Covid-19 ?
En fait, les personnes qui ont été vaccinées et qui ont eu le Covid, on en a eu deux cas mais qui étaient bénins. Ce qui est intéressant pour les vaccins, c’est que même si la personne a le Covid, elle n’a pas la même symptomatologie : ce sont des symptômes très bénins qui même passent inaperçus.
En principe la vaccination couvre très bien contre le covid, les quelques personnes qui en ont été infectées (après la vaccination) ont eu une symptomatologie très bénigne.
Et c’est ce qui est intéressant pour se faire vacciner. Les rares personnes qui ont eu le Covid en avaient déjà été atteintes au moment de se faire vacciner.
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Il est pourtant déconseillé de se faire vacciner quand on est malade du Covid ?
C’est vrai qu’il y a un interrogatoire qui se fait avant le vaccin. Cet interrogatoire est quand même très poussé : symptomatologie, prise de température et de tension artérielle… avant de vacciner le patient.
Au moindre symptôme, la vaccination ne se fait pas. C’est pourquoi s’il y a une ou deux personnes qui couvaient le Covid, il est clair qu’elles peuvent avoir le Covid après le vaccin.
D’où la nécessité de contrôler les personnes avant de les vacciner…
Tout à fait. L’idéal, c’est de faire une sérologie avant de se faire vacciner.
Qu’est-ce qui est recommandé pour les personnes qui ont eu le Covid-19. Quand doivent-elles pouvoir se faire vacciner ?
Les personnes qui ont eu le Covid-19 doivent attendre pendant trois mois avant de se faire vacciner. Parce que pendant ces trois mois, ils sont protégés contre ce virus.
Au bout de cette période, elles peuvent se faire vacciner. Le jour de la vaccination, il vaut mieux ne pas avoir de fièvre ou même une symptomatologie grippale, sinon avec la vaccination la fièvre et les frissons vont être un peu plus importants même si ce n’est pas grave.
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Pendant combien de temps le vaccin protège-t-il ?
C’est une bonne question, mais on ne le sait pas véritablement. De par le monde d’ailleurs, et jusqu’à présent, on dit que c’est six à huit mois, mais on n’a pas assez de recul pour évaluer pour combien de temps on est protégé.
C’est pour cela qu’en ce qui concerne certains types de vaccins, on recommande de faire reculer la 2e dose. Par exemple pour l’AstraZeneca, on attend 8 semaines pour injecter la seconde dose, ce qui permet d’avoir une protection un peu plus longue.
Pour le Spoutnik V, on conseille aussi de reculer la 2e dose jusqu’à 2 ou 3 mois, selon le laboratoire (Gamaleya). Et ce afin d’avoir une immunité plus longue. Mais dire exactement pour combien de temps nous sommes protégés, c’est le temps qui nous le dira.
Un mot pour la population algérienne ?
Si vous le pouvez, inscrivez-vous et faites-vous vacciner, plus il y a de personnes vaccinées et plus la protection va se faire. Bien sûr, il ne faut pas oublier que les gestes barrières, le port du masque et la distance physique restent obligatoires, il ne faut pas s’oublier.
On le voit autour de nous, beaucoup de gens ont oublié qu’il y a le Covid, que les cas ont augmenté ces derniers jours. Porter le masque et respecter la distance physique restent les deux conseils à donner à tout le monde et il faut les respecter.
