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Égypte et Maroc : hausse des prix, pauvreté galopante et folie dépensière

L’Égypte et le Maroc, deux grands pays d’Afrique du Nord, font face à d’énormes difficultés économiques qui impactent de larges franges de leurs populations respectives. Les deux États partagent aussi la même folie dépensière de leurs gouvernements, le premier pour les infrastructures démesurées et le second pour l’armement. Ils se sont retrouvés dans les griffes du FMI.

La crise sociale est encore plus aiguë en Égypte. Les Égyptiens vivent les conséquences de la décision prise en mai dernier par le gouvernement de quadrupler d’un coup le prix d’un aliment de base de la population, le pain. Selon les commentaires des observateurs de la scène égyptienne, c’est carrément la sécurité alimentaire d’une large frange de la population qui est menacée par la mesure.

L’Égypte cède une ville entière aux Émirats arabes unis

Le programme de subvention du pain bénéficie à 70 millions d’Égyptiens, dont les 31 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 2,5 dollars par jour, selon les données de la Banque mondiale.

La baguette est vendue pour 5 piastres, (1 livre égyptienne = 100 piastres). En juin dernier, le prix est passé à 20 piastres. Et on est toujours loin du coût de revient de la baguette pour le gouvernement qui est de 125 piastres. Cette augmentation ne permet donc de couvrir que 16 % du prix de revient pour l’État.

Pour nourrir ses 110 millions d’habitants, la deuxième population d’Afrique, l’Égypte produit 100 milliards de baguettes par an pour lesquelles 8,5 millions de tonnes de blé sont nécessaires. En plus de sa production locale estimée à 3,5 millions de tonnes par an, le pays importe plus de 10 millions de tonnes supplémentaires, le blé servant à d’autres usages que le pain.

Si le gouvernement a pris le risque de provoquer des émeutes du pain en décidant de quadrupler le prix de cet aliment de base dans une conjoncture marquée déjà par une forte inflation, c’est qu’il n’a plus le choix.

Ses finances sont dans le rouge. Une dette de 168 milliards d’euros, un déficit budgétaire de 23 milliards, une inflation à 45 % malgré la baisse mondiale, les recettes du canal de Suez en baisse à cause des actions des Houthis du Yémen en Mer Rouge…

Le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi a conclu en mars dernier un accord avec le FMI pour un prêt de sauvetage de 8 milliards d’euros, en contrepartie de mesures douloureuses, dont la division par trois de la valeur égyptienne, ce qui a aggravé l’inflation. Il a même cédé aux Émirats arabes unis pour 35 milliards de dollars la ville de Ras el-Hikma sur la côte méditerranéenne.

Le 6 mars dernier, la Caire a procédé à une dévaluation massive de sa monnaie face au dollar. En une journée, la livre égyptienne a perdu 60 % de sa valeur face au billet vert américain.

Le dollar est passé de 31 livres l’unité à 50 livres. Sur le marché noir, il a atteint 70 livres l’unité. Résultat : tous les produits ont augmenté, fragilisant davantage les couches populaires.

Dans sa communication, le gouvernement met en cause les subventions comme vecteur des difficultés que connaissent les finances publiques. Les montants sont de 2,45 milliards d’euros pour le pain, 2,86 milliards d’euros (un euro vaut 54,08 livres égyptiennes) pour l’énergie en 2024.

L’Égypte et le Maroc aggravent leurs difficultés économiques par des dépenses démesurées et inutiles

Le Premier ministre Mostafa Madbouly a reconnu que l’augmentation du prix du pain est « un problème épineux » et que « de nombreux gouvernements ont tenté d’éviter de le changer », mais, a-t-il ajouté, « nous voyons aujourd’hui ce que représente l’ampleur de cette facture pour l’État égyptien ».

Néanmoins, il n’échappe à personne que les difficultés financières du pays ont été surtout aggravées par les projets démesurés et inutiles économiquement du président Al-Sissi.

Le plus emblématique est celui de la construction d’une nouvelle capitale dans le désert à une cinquantaine de kilomètres du Caire. Le coût estimé avoisine les 60 milliards d’euros pour une ville toute neuve avec notamment un siège du ministère de la Défense plus grand que le Pentagone américain ou encore la plus grande mosquée d’Afrique, sans compter les nombreux palais qu’il se fait construire pour ses besoins.

Les observateurs soupçonnent Al-Sissi d’avoir consenti une telle dépense pour éloigner son pouvoir du centre bouillonnant du Caire et éviter la réédition du scénario de la révolte de 2011 qui a emporté Hosni Moubarak.

Toujours en Afrique du Nord, un autre régime autoritaire dépense sans compter pour asseoir son pouvoir au détriment du bien-être de sa population. Il s’agit de la famille royale marocaine.

Un satellite espion pour un milliard de dollars

Le royaume compte parmi les pays les plus touchés par l’inflation mondiale de ces dernières années et vit au rythme de manifestations sporadiques contre la cherté de la vie, particulièrement des produits alimentaires et des carburants.

Ainsi, le gaz butane, la viande rouge, l’huile d’olive qui a flambé pour atteindre 150 dirhams (15 euros) le litre, la sardine, le poulet qui a atteint 25 dirhams le kilo contre 17 auparavant (1,7 euros).

La sécheresse a aussi mis le pays en grande difficulté, en affectant gravement le secteur agricole qui contribue à 13 % du PIB et à 38 % de l’emploi total. Le royaume est endetté, selon les chiffres de 2022, à hauteur de 65 milliards de dollars. Par-dessus tout, il est l’un des pays les plus inégalitaires du monde.

Comme l’Égypte, le Maroc a régulièrement recours au financement du FMI. Mohammed VI imite également Abdel Fattah al-Sissi dans ses grosses dépenses économiquement et socialement inutiles.

Ce sont surtout les programmes d’armement qui grèvent la trésorerie du Maroc qui veut imposer le fait accompli de sa colonisation du Sahara occidental. Quelques fuites seulement sur les contrats d’armement signés avec le nouvel allié israélien ont permis de situer la priorité du roi du Maroc en ce moment. En juillet dernier, il s’est offert un satellite israélien pour 1 milliard de dollars.

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