search-form-close
Égypte : Mohamed Salah, les pieds à Liverpool, la tête au Delta du Nil

Égypte : Mohamed Salah, les pieds à Liverpool, la tête au Delta du Nil

A Nagrig, petite bourgade égyptienne du fin fond du Delta du Nil, la seule école dispose d’un terrain de foot synthétique flambant neuf: un équipement fourni via un sponsor par l’intermédiaire de… Mohamed Salah, l’enfant du village devenu la star de Liverpool et des « Pharaons ».

Dans la localité, entourée de la verdure des champs du Delta, le nom du serial-buteur des « Reds » est partout. Dans la bouche des enfants, par exemple. Ceux qui jouent avec un vieux ballon de cuir sur un terrain vague, dans un nuage de poussière, ou ceux croisés au milieu d’une rue étroite en terre près de la maison où a grandi la mégastar, dans le gouvernorat de Gharbeya à 120 km au nord-ouest du Caire.

« Grâce à sa morale et son humilité, Mohamed Salah est devenu un joueur professionnel », juge Mohamed Abdel Gawad du haut de ses 12 ans, au milieu de ses camarades qui approuvent.

Tous ont bu ses paroles quand il a reçu le Ballon d’Or Africain: « Ne cessez jamais de rêver, ne cessez jamais de croire ». Alors tous veulent être « comme Mohamed Salah ».

Le centre pour jeunes porte aussi le nom de l’attaquant de 25 ans, auteur de 28 buts en 35 matches cette saison. C’est là que ce dernier, à l’instar de son père et ses oncles, a fait ses premières armes de footballeur.

– « Talent clair depuis le berceau » –

« J’ai entrainé Mohamed Salah lorsqu’il était encore un enfant, et son talent était clair depuis le berceau », confie Ghamri Abdelhamid Al-Saadani, ancien entraîneur du centre de Nagrig que l’astre a commencé à fréquenter à l’âge de huit ans.

Poussé par son père, le jeune prodige passe de Nagrig à Bassioun, puis à Tanta (chef-lieu de Gharbeya) et enfin à la capitale.

Sa réussite actuelle, le pharaon d’Angleterre ne la doit pas seulement à son talent, insiste M. Al-Saadani, « mais aussi à une volonté de fer, à l’effort et la persévérance ». A 14 ans, à l’époque où il rejoint l’Arab Contractors Sporting Club du Caire, « il devait passer environ dix heures par jour dans les transports pour suivre son entraînement quotidien », se souvient Maher Shateya, le maire de Nagrig.

Après Le Caire, direction l’Europe avec le FC Bâle (2012-14), Chelsea (2014-15), la Fiorentina (2015), l’AS Roma (2015-2017) avant son retour triomphal en Premier League à Liverpool. L’homme est au sommet, entre les deux buts de la qualification de l’Egypte au Mondial-2018 contre le Congo, ses prouesses en Premier League et le titre de meilleur joueur africain.

Trophée qu’il a d’ailleurs dédié à « tous les enfants d’Afrique et d’Egypte ». Car Salah n’oublie pas d’où il vient.

– « Il fait beaucoup » –

Le maire, Maher Shateya, insiste sur « l’humilité » du crack, et souligne qu’il « fait beaucoup pour les gens du village ».

Outre le terrain de l’école, il a aussi contribué à l’installation d’une unité de soins intensifs à l’hôpital de Bassioun, la ville la plus proche, ou à la création d’une association caritative à Nagrig, qui verse une aide financière mensuelle aux personnes dans le besoin.

Un institut religieux dans son village natal a aussi vu le jour grâce à lui. La religion a une place importante dans la vie du garçon, né de parents fonctionnaires et passé par une éducation conservatrice.

A 20 ans, le footballeur a épousé une fille du village, Magi, qui le suivra partout où il pose les crampons. Réputé pieux, le couple a nommé sa fille unique Makka (La Mecque, en arabe), en référence au premier lieu saint de l’islam.

Derrière une grande porte en fer noire verrouillée, la famille du célèbre footballeur se dérobe à la curiosité de la presse, « par respect pour sa volonté ».

Mais le lien avec la terre natale n’a jamais été rompu. « Au cours des trois dernières années, les vacances de Salah ont coïncidé avec le mois de Ramadan et il les a passées dans le village avec ses amis », raconte ainsi son ex-entraîneur.

  • Les derniers articles

close