Le Parlement égyptien a approuvé jeudi l’examen d’une série d’amendements constitutionnels qui permettraient entre autres au président Abdel Fattah al-Sissi de se représenter à la présidentielle après son deuxième mandat, en 2022.
En séance plénière, 485 députés sur 596 ont voté en faveur de l’envoi de ces amendements à la commission législative du Parlement qui devra ensuite élaborer un texte pour un vote final en séance plénière, selon les chiffres officiels.
Selon plusieurs élus, moins d’une vingtaine de députés ont voté contre et les autres étaient absents.
Au total, 14 amendements doivent être examinés, ainsi que neuf nouveaux articles. L’un d’eux vise à porter la durée maximale du mandat présidentiel à deux fois six ans, contre deux fois quatre ans actuellement.
Selon plusieurs élus, l’approbation de ce texte permettrait ainsi à M. Sissi de se représenter à la présidentielle encore deux fois après 2022.
Les amendements devraient être approuvés sans difficulté car la très grande majorité du Parlement actuel soutient le gouvernement de M. Sissi. Seul un groupe d’un peu plus d’une dizaine de parlementaires se présente comme étant d’opposition, mais leur poids n’est pas suffisant pour se faire entendre.
« Nous mettons un pouvoir absolu dans les mains d’une seule personne (…) alors que le peuple attendait de nous +pain, liberté, justice sociale et dignité humaine+ (le principal slogan de la révolte de 2011, ndlr) », a déclaré dès mercredi le député Ahmed Tantawi dans une rare critique du gouvernement.
Les amendements proposés proposent aussi un retour au bicamérisme, ou encore une reformulation du « rôle de l’armée en défense de la Constitution et de la démocratie ».
L’introduction de ces propositions d’amendements au Parlement a soulevé des protestations parmi les organisations de défense de droits humains, qui dénoncent régulièrement l’autoritarisme du gouvernement de M. Sissi.
Selon un communiqué de l’Institut du Caire pour les études des droits de l’homme (CIHRS), publié mercredi, les amendements proposés « menacent la stabilité et permettent une présidence à vie » de M. Sissi.
Mardi, Human Rights Watch avait dénoncé les amendements car ils « donneraient aux forces armées l’autorité d’intervenir dans le gouvernement, affaibliraient l’indépendance judiciaire et renforceraient le pouvoir exécutif ».