Le journaliste El Kadi Ihsane sera jugé ce dimanche 12 mars devant le tribunal de Sidi M’hamed (Alger).
Le directeur et fondateur des sites électroniques Radio M et Maghreb Émergent est en détention provisoire à la prison d’El Harrach depuis le 29 décembre dernier.
El Kadi Ihsane a décidé avec sa défense de boycotter le procès de demain et de garder le silence, pour protester contre ce que le collectif d’avocats qualifie d’entorses « graves » au Code de procédure pénale depuis l’arrestation du journaliste.
Dans un communiqué rendu public jeudi 9 mars, le collectif de défense a fait état de manquements aux dispositions du code de procédure pénale et d’absence des conditions et de garanties d’un procès équitable, évoquant les articles 41 de la Constitution et 14 de la convention internationale des droits civiques et politiques ratifiée par l’Algérie.
El Kadi Ihsane a été arrêté dans la nuit du 23 au 24 décembre dernier à Zemmouri (Boumerdès). Le lendemain, le siège qui abrite les deux médias qu’il dirige a été perquisitionné et mis sous scellés en sa présence, menotté.
Après cinq jours de garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il a été mis en détention provisoire à la prison d’El Harrach par un juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed qui a retenu contre lui l’accusation de réception de financements de l’étranger afin d’effectuer des actes de propagande, en vertu des articles 95 et 96 du Code pénal.
Kadi Ihsane garde le silence
Deux demandes de remise en liberté provisoire ont été rejetées par la chambre d’accusation le 15 janvier et le 5 mars. Une action de récusation de la composante de la chambre d’accusation a été également rejetée par la Cour d’Alger.
Pendant l’instruction, le journaliste a refusé à deux reprises de répondre aux questions du juge pour le même motif d’absence de garanties d’un procès équitable.
Lors d’une conférence de presse tenue le 4 mars à Alger, le collectif de défense d’El Kadi Ihsane a dénoncé une affaire « politique » et énuméré les manquements au Code de procédure pénale, citant entre autres la programmation de l’audience pour l’examen de la demande de remise en liberté provisoire sans en informer les avocats.
Ces derniers ont aussi dévoilé pour la première fois la nature du financement reçu de l’étranger pour lequel est poursuivi El Kadi Ihsane.
Il s’agit d’une somme de 25 000 livres sterling envoyée par sa fille résidente en Angleterre. Tinhinane El Kadi est actionnaire de la société Interface Médias qui édite Maghreb Émergent et Radio M, et c’est à ce titre qu’elle a envoyé l’argent devant servir au paiement des salaires des employés, ont expliqué les avocats.
A ce moment, les comptes de la société étaient bloqués à cause d’une dette fiscale estimée à 90 millions de dinars. Aucun autre financement n’est mentionné par l’accusation, a assuré le collectif de défense composé notamment des avocats Zoubida Assoul, Abdallah Haboul, Saïd Zahi et Nabila Smail.
La défense a annoncé à la même occasion que le parquet a décidé de poursuivre dans la même affaire la société Interface Médias et que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) s’est constituée partie civile.