Économie

El Mordjene interdite en Europe : voici les raisons et les alternatives

Coup d’arrêt net pour l’expansion en France et en Europe de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene qui n’est plus autorisée à être importée dans les pays de l’Union européenne.

Depuis vendredi 13 septembre, les réseaux sociaux s’enflamment suite à cette décision complètement inattendue après plusieurs semaines d’un succès jamais vu pour un produit algérien en Europe.

Théorie du complot

Beaucoup d’internautes crient au blocage d’un produit algérien devenu menaçant pour la marque italienne Nutella, d’autres évoquent des « représailles » de l’Union européenne (UE) aux mesures protectionnistes prises par l’Algérie ces dernières années.

En juillet dernier, la Commission européenne avait annoncé l’ouverture d’une procédure contre l’Algérie, à laquelle sont reprochées les mesures qu’elle a prises pour réguler ses importations et ce que l’UE considère comme des entraves à l’investissement européen en Algérie.

Il semble toutefois que la mesure visant El Mordjene est prise conformément aux textes régissant l’entrée de produits alimentaires étrangers sur le territoire de l’UE.

L’Europe a sa façon à elle de faire du « protectionnisme » sans l’assumer comme tel, en instituant des barrières normatives.

Pour les produits en provenance en dehors de l’UE, il est exigé des normes de qualité, sanitaires, de sécurité et environnementales, parfois difficiles à satisfaire, de surcroît pour les pays du Sud peu industrialisés.

C’est la Commission européenne qui fixe la liste des pays extra-communautaires autorisés à placer des produits destinés à la consommation humaine sur le marché européen.

La pâte à tartiner de l’entreprise algérienne Cebon entre évidemment dans cette catégorie.

L’Algérie ne figure pas sur la liste des pays autorisés à exporter certains produits vers l’UE

Le règlement UE 2021/405 de la Commission européenne du 24 mars 2021 a établi les listes des pays tiers ou de leurs régions autorisées à l’entrée dans l’Union européenne de certains aliments et biens destinés à la consommation humaine.

Dans la liste des pays autorisés à exporter vers l’UE des lots de lait cru et des produits laitiers, l’Algérie ne figure pas. Seuls huit pays sont autorisés. Il s’agit de la Bosnie, de l’Australie, du Canada, de la Suisse, du Japon, du Monténégro, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis.

S’agissant d’un produit contenant, entre autres, du lait dans sa composition, El Mordjene semble être tombée sous le coup de cette disposition.

Il s’agit d’une lecture plausible, en attendant une communication officielle de l’entreprise Cebon sur cette affaire.

L’Algérie est liée par un accord d’association avec l’Union européenne prévoyant une libre circulation des marchandises et un démantèlement tarifaire progressif.

Mais l’accord, négocié au début des années 2000, ne semble pas avoir pris en compte cet aspect. Plus de 20 ans après, on parle en Algérie d’un accord déséquilibré.

L’accord avait été négocié avec une certaine précipitation et il faut dire que les négociateurs algériens ne pouvaient pas à l’époque songer à ce que l’Algérie, avec sa production insignifiante de lait, puisse placer des produits laitiers ou à base de lait sur le marché de l’UE, leader mondial incontesté dans le domaine.

El Mordjene : des alternatives après l’interdiction en Europe 

La question pourrait être prise en charge dans le cas où l’UE accepte les demandes incessantes de l’Algérie pour réviser l’accord.

En attendant, le succès phénoménal en France de la pâte à tartiner algérienne est freiné. Des alternatives s’offrent néanmoins à l’entreprise algérienne basée à Oran.

La première, c’est de tirer profit de l’incroyable publicité faite à son produit et le placer sur d’autres marchés accessibles, au Maghreb, en Afrique et dans le monde arabe.

La seconde, c’est de songer à le produire sur le sol européen, à un coût plus élevé certes, mais avec la garantie d’un retour sur investissement grâce à cette réputation déjà acquise. D’autant plus qu’il y a un précédent dans ce registre.

Ciblant la communauté algérienne et maghrébine établie en France et dans le reste de l’Europe, la marque de sodas Hamoud Boualem a ouvert des unités de production en France. D’autres marques algériennes produisent directement en France où il y a un engouement inédit pour les produits algériens.

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