Le journal étatique El Moudjahid a prolongé ce mercredi 6 juin la polémique autour de la diffusion d’une vidéo hostile au président Bouteflika. Filmée par l’ex-journaliste Layla Haddad au sein du siège du Parlement européen, la vidéo avait déjà fait l’objet d’une dénonciation de l’ambassade d’Algérie à Bruxelles et d’une convocation de l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie par le ministère des Affaires étrangères.
« En convoquant l’ambassadeur de l’UE à Alger en exigeant une réponse officielle de la part de Bruxelles, notre ministère des Affaires étrangères sait très bien ce qu’il entreprend », affirme El Moudjahid.
« Il est de notre droit de savoir qui est derrière cette grossière manœuvre. Oui il s’agit bien d’une manœuvre, et ce n’est pas la réponse évasive de l’ambassadeur de l’UE à Alger […] qui va nous dissuader », ajoute la même source.
« L’usage par les médias des symboles du Parlement européen n’est possible que dans deux cas : le premier quand il s’agit de couvertures liées aux institutions européennes, et le second quand le média obtient le parrainage d’un eurodéputé. Du moment que la vidéo en question ne relève pas d’une couverture médiatique des activités parlementaires européennes, c’est éventuellement le second cas qui prévaut, et l’absence d’une réponse officielle accréditerait l’existence d’une manœuvre réelle », soutient le journal étatique.
L’éditorial du quotidien El Moudjahid est régulièrement utilisé par le pouvoir algérien comme porte-voix pour communiquer des messages de manière officieuse.
Pour El Moudjahid, le contenu de la vidéo n’a rien de si original puisque toutes les questions nationales jouissent d’un libre débat contradictoire chez nous, et que la liberté d’opinion et d’expression est une réalité.
« Nous sommes liés à l’Union européenne par un partenariat stratégique assez fort, et il est de notre droit le plus absolu, quand notre pays est insulté de cette manière, d’exiger que la transparence soit la règle afin d’évacuer le doute, la spéculation et la tension inutile », avance l’éditorial.
« En autorisant la diffusion, à partir de son siège, d’une propagande d’un autre âge, le Parlement européen viole à la fois ses propres lois et porte préjudice à l’image de marque d’un partenaire-clé », estime El Moudjahid. Avant d’avertir : « Si l’Union européenne souhaite qu’un tel partenariat progresse et se consolide, que le dialogue de haut niveau puisse se poursuivre dans la sérénité, il lui appartient d’éviter la confusion et d’apporter une réponse convaincante à la problématique posée par ce que l’on peut considérer comme une grossière provocation », conclut le journal étatique.