Les Algériens ne sont pas insensibles à l’épreuve que traversent les Blidéens. Même si tout le pays est touché par l’épidémie de coronavirus et l’inquiétude et les contraintes n’épargnent aucun foyer, la ville des roses et ses environs sont durement éprouvés.
C’est à Blida que les premiers cas de contamination ont été enregistrés (hormis le ressortissant italien diagnostiqué positif à Ouargla) et cette ville est depuis en tête du triste classement.
Sur les 302 cas signalés jusqu’au ce mardi 25 mars au soir, 150 ont été diagnostiqués à Blida. Sur les 21 décès enregistrés, la majorité est aussi de la même ville.
La ville des Roses, à seulement une quarantaine de kilomètres d’Alger, est le foyer principal, l’épicentre de l’épidémie en Algérie. C’est un émigré installé en France –le premier d’ailleurs à être diagnostiqué positif – qui a apporté le virus, contaminant dans un premier temps l’entourage familial, puis progressivement des membres d’autres familles, d’autres quartiers et maintenant de toute la wilaya.
Quotidiennement, les rumeurs les plus folles sont partagées quant au nombre réel de décès et de contaminations ou au débordement des hôpitaux de la ville, heureusement vite démenties.
Dans un premier temps, et en dépit des statistiques, la région n’a pas fait exception en matière de mesures. Celles qui ont été décidées, comme la fermeture des écoles, ont concerné l’ensemble du territoire national.
Mais pas depuis ce lundi 23 mars lorsque le Haut conseil de sécurité a décrété un confinement total et général de toute la wilaya. La population d’Alger est elle aussi confinée, mais partiellement. Les Algérois sont tenus de rester chez eux de 19h à 7h, mais pendant la journée, ils sont libres, ou presque, de leurs mouvements même si tous les commerces sont fermés, hormis ceux d’alimentation et les pharmacies.
À Blida, l’épreuve est double. En plus de l’angoisse de contracter le virus, de perdre un proche, les habitants doivent subir, pendant au moins dix jours si la mesure n’est pas reconduite, un confinement total. Les sorties ne sont autorisées que pour nécessité absolue et sur autorisation des autorités.
Dans une autre conjoncture, cela relèverait de la sanction, de la punition.
« Blida, la perle de l’Algérie, ne saurait être punie », lâche le président de la République Abdelmadjid Tebboune, ce mercredi sur Twitter. Le confinement de Blida, et peut-être bientôt d’autres régions, est un mal nécessaire, et ça, les Blidéens et tous les Algériens l’ont compris. La preuve, les autorités n’ont trouvé aucune peine à l’imposer. Ce sont même les citoyens qui ont appelé les premiers à décréter une telle mesure.
Les gens sont confinés chez eux et la ville est coupée du reste du pays, personne n’y entre ni n’en sort. Longée par l’autoroute Est-Ouest, Blida est un passage obligé vers l’ouest et le sud du pays. La circulation sur l’autoroute est maintenue mais les accès à la ville sont coupés.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’Algériens expriment leur empathie. Les hashtags de soutien se multiplient et beaucoup expriment leur inquiétude pour les familles modestes, celles qui n’ont pas eu le temps ou les moyens de se constituer des réserves suffisantes de produits alimentaires, de médicaments, même si les autorités ont assuré que toutes les dispositions ont été prises.
La situation est inédite en ce sens que les Algériens sont tenus d’observer, impuissants, une région entière vivre le calvaire. Dans le tweet de ce mercredi du président Tebboune, il y a comme une reconnaissance devant la dignité des Blidéens face à la terrible épreuve.
« Mes hommages à nos concitoyens de Blida pour leur patience devant le confinement imposé par le coronavirus. Ce n’est nullement une punition. Blida, la perle de l’Algérie, ne peut être punie. Dieu et l’État sont avec vous et avec toute l’Algérie. Nous triompherons de l’épidémie et, si Dieu le veut, ce ne sera pas long », a écrit le chef de l’État qui se justifie presque d’avoir décrété le confinement : « Nous devons tous nous conformer aux mesures préventives ».