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Élections européennes : la droite française active le levier Algérie

Élections européennes : la droite française active le levier Algérie

À une semaine des élections européennes du 9 juin en France, la liste du parti Les Républicains (LR), principal parti de la droite française, stagne dans les sondages autour de 7% des intentions de vote.

Espérant faire bouger les choses en leur faveur, Les Républicains ont actionné le levier des attaques contre l’Algérie, qu’ils croient, à tort ou à raison, électoralement porteur.

François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes (6-9 juin), s’est trahi en faisant le parallèle entre la montée de l’extrême-droite et la politique du président Emmanuel Macron envers l’Algérie.

« Ce qui me choque, c’est que l’Algérie a ajouté un couplet à son hymne national, qui menace directement la France », a-t-il lancé dimanche 2 juin sur BFMTV, avant d’ajouter : « Qu’est-ce qui fait monter le Rassemblement national sinon le fait qu’on refuse de dire les choses ? ». Le candidat LR reproche au passage au président Macron d’avoir joué avec l’Algérie à un « jeu de fracture mémorielle ».

Polémique Kassaman : la maladresse du candidat LR aux européennes

François-Xavier tente ainsi de relancer la polémique qui a éclaté il y a une année sur l’hymne national Kassaman, en faisant preuve d’une méconnaissance totale du sujet. Contrairement à ce qu’il a dit, l’Algérie n’a pas ajouté un couplet à son hymne national.

Il y a une année, la polémique sur Kassaman a suivi la publication d’un décret présidentiel qui a précisé les conditions d’exécution des cinq couplets de Kassaman, dont celui citant la France et qui ne plaît pas de l’autre côté de la Méditerranée. Ces cinq couplets sont devenus obligatoires lors des « commémorations officielles en présence du président de la République ».

Les propos du chef de file de la liste LR signifient que pour enlever ses voix à l’extrême-droite, fondée entre autres sur la nostalgie de l’Algérie française, il faut une autre politique avec l’Algérie, et pourquoi pas une autre rhétorique.

François-Xavier Bellamy réagissait au tweet controversé dans lequel son parti a emprunté leur style violent et irrespectueux au Rassemblement national (ex-Front national) et à Reconquête ! d’Eric Zemmour pour s’en prendre à l’Algérie.

À la liste des objets historiques de la période coloniale que l’Algérie souhaite récupérer, révélée par la commission mixte Histoire et Mémoire lundi dernier, le parti LR a répondu, jeudi, en ces termes sur son compte X : « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF … » Le parti a poussé plus loin la provocation en ajoutant « one, two, three » suivi de l’émoji d’un avion.

France – Algérie : les LR sur les traces de l’extrême-droite

« Transmettons également à l’Algérie la liste des délinquants qu’ils doivent reprendre chez eux », a enfoncé quelques heures plus tard le président du parti, Éric Ciotti.

Ces deux tweets provocateurs des LR ont été calqués sur un autre mis en ligne, presque dans les mêmes termes, par Marion Maréchal le Pen, tête de liste de Reconquête. « On va plutôt leur rendre les Algériens clandestins, fichés S, criminels et chômeurs longue durée. »

Hostile à l’Algérie depuis plusieurs années, la droite traditionnelle française ne s’embarrasse même plus des formes. En versant ainsi dans l’invective et en empruntant le vocabulaire de la partie la plus raciste de l’extrême-droite, à une semaine d’une échéance importante, les LR font en fait un aveu retentissant qu’ils font de l’Algérie un cheval de bataille électoral. Les propos de leur tête de liste le confirment du reste d’une façon très limpide.

Outre les dividendes électoraux espérés, ces sorties, qui s’apparentent à une campagne concertée et orchestrée, s’inscrivent aussi en droite ligne de l’attitude adoptée ces dernières années par le parti fondé par Nicolas Sarkozy à l’égard de l’Algérie.

Sur tous les sujets en lien avec l’Algérie, les LR ont eu des positions tranchées et ont tout fait pour contrarier le rapprochement voulu par le président Emmanuel Macron avec Alger.

Les LR ont plaidé contre la repentance, pour une loi immigration plus dure et pour la révocation de l’accord algéro-français sur l’immigration de 1968.

Ils ont aussi maintenu la pression pour amener Macron à se détourner d’Alger pour se rapprocher plus de Rabat.

En mai 2023, le président des, LR Éric Ciotti, s’est rendu au Maroc où il a plaidé avec Rachida Dati pour un « rééquilibrage » de la politique maghrébine de la France, qu’ils trouvaient plus favorable à l’Algérie. Ils avaient aussi appelé leur gouvernement à reconnaître la « marocanité » du Sahara occidental occupé, à l’instar des États-Unis et d’Israël.

À quelques mois de la visite annoncée du président, Abdelmadjid Tebboune, à Paris, l’automne prochain, ces dérapages en série des Républicains pourraient bien s’inscrire aussi dans une tentative de brouiller cette visite et l’entente qui se profile entre les deux capitales.

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