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Élections européennes : les Franco-Algériens vont-ils faire entendre leur voix ?

Élections européennes : les Franco-Algériens vont-ils faire entendre leur voix ?

La France et l’Europe voteront entre le 6 et le 9 juin prochain pour renouveler le Parlement européen. Un scrutin à fort enjeu dans un contexte de montée des courants populistes à travers tout le vieux continent. Les membres de la diaspora algérienne en France sont appelés à se mobiliser pour peser sur l’issue de scrutin.

Au-delà des législatives européennes, il y a surtout l’élection présidentielle française de 2027, qui est encore loin certes, mais qui se profile déjà. Dans trois ans, l’échéance plusieurs fois repoussée ces dernières années de l’accession de l’extrême-droite au pouvoir pourrait survenir. Marine Le Pen, finaliste des deux derniers scrutins, est donnée gagnante par plusieurs sondages.

Une éventualité qui exacerbe les inquiétudes de la communauté algérienne et musulmane en France.

La stigmatisation en France des musulmans, et particulièrement des Algériens, suit depuis quelques années la courbe de la montée dans la société et dans les urnes du courant extrémiste et xénophobe.

Les relations avec l’Algérie et le contentieux mémoriel entre les deux pays constituent des thèmes chers à l’extrême-droite, ce qui exacerbe et banalise la stigmatisation des Algériens.

Le climat est rendu encore plus délétère par les retombées du conflit au Proche-Orient. Au point de pousser beaucoup de cadres musulmans, « bien installés », à songer à quitter la France pour d’autres destinations européennes, les pays du Golfe ou le Canada. Selon le chercheur Julien Talpin, les départs se compteraient « par milliers, voire des dizaines de milliers ».

Les Algériens de France appelés à peser sur les élections européennes de juin

Pour certains représentants des Franco-Algériens et plus largement musulmans de France, là n’est pas la meilleure solution, préconisant au contraire d’y rester, d’affirmer leur citoyenneté, de mettre en avant la contribution de cette communauté à la société française et de tenter de peser par les outils qu’offre la loi, notamment le vote.

C’est le sens du message adressé récemment par le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chemseddine Hafiz, lui-même d’origine algérienne. « J’aime la France et je ne l’a quitte pas », a-t-il écrit en écho à une étude sociologique sur les musulmans qui quittent la France, parue fin avril dernier sous le titre « J’aime la France mais je la quitte ».

Se limiter à dénoncer les injustices et les stigmatisations ne suffit pas, a-t-il estimé. Il faudra plutôt « s’engager pleinement dans l’action citoyenne » en votant aux prochaines échéances électorales.

Élections européennes : la Mosquée de Paris s’implique

La prochaine c’est évidemment le scrutin législatif européen du mois de juin. Le recteur de la Mosquée de Paris a montré le chemin le plus court pour peser sur le scrutin : soutenir les candidats qui « prônent l’inclusion et la diversité ». Comprendre : ne pas voter pour les candidats de l’extrême-droite.

Il s’agit d’une manière d’envoyer « un message fort à la société dans son ensemble, affirmant notre engagement envers les valeurs démocratiques », a-t-il soutenu.

Dans une première étape, il s’agit d’abord de convaincre les Algériens de France d’aller voter en masse. Leur nombre n’est pas négligeable et s’ils votent en force, leurs voix ne seront pas éparpillées grâce au régime électoral appliqué aux élections européennes qui est celui de la représentation proportionnelle intégrale.

L’appel du recteur de la Mosquée de Paris est suivi d’une campagne de sensibilisation lancée par le réseau Awassir dont la vocation est de connecter les membres de la diaspora algérienne entre eux et avec leur pays d’origine.

Awassir diffuse depuis quelques jours des spots vidéo de personnalités d’origine algérienne appelant leurs concitoyens à aller voter en juin prochain, mais aussi le 7 septembre à l’occasion de l’élection présidentielle algérienne.

Pour qui votera la diaspora algérienne ?

Il s’agit de montrer que « nous ne voulons pas que la gestion de ces deux pays se fasse sans nous », a expliqué Chems-Eddine Hafiz dans une de ces vidéos.

« Il faut se mobiliser le 9 juin pour ces élections européennes », a déclaré pour sa part Antar Boudiaf, président et un des fondateurs de Awassir. « On se sent rejetés en France », regrette Achoura, une franco-algérienne productrice d’événements festifs.

Cette mère de quatre enfants a inscrit ses deux aînés, majeurs, sur les listes électorales. « Si on ne fait pas ce petit pas, nous serons attaqués de partout et nous ne serons pas protégés », dit-elle. « Il faut qu’on fasse entendre notre voix », résume pour de son côté Imène Abdelila, sage-femme enseignante. Ses compatriotes d’origine algérienne le feront-ils en juin prochain ?

À quelques jours des élections européennes, deux questions taraudent les esprits des représentants de la diaspora algérienne : les Franco-Algériens vont-ils s’inscrire en masse sur les listes électorales et pou qui vont-ils voter ?  

Ces interrogations surviennent dans un contexte de réveil de la diaspora algérienne en France qui cherche à s’organiser pour peser dans le paysage politique français.

L’engouement qu’a suscité le lancement le 8 mars dernier du Conseil national de la diaspora algérienne (CNDA) illustre cette prise de conscience des Franco-Algériens à s’organiser pour mieux défendre leurs intérêts et ne pas subir les attaques incessantes de l’extrême-droite.

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