Ça se confirme à mesure qu’approche l’échéance : les élections locales du 27 novembre prochain connaîtront la participation de plusieurs partis qui ont systématiquement boycotté les scrutins organisés après le 22 février 2019.
Ce qui amène à prévoir un taux de participation à l’échelle nationale plus important que ceux réalisés jusque-là et le « zéro vote » enregistré en Kabylie trois fois de suite ne sera pas réédité.
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Au moins un parti politique fortement ancré dans cette région a annoncé sa participation. Il s’agit du Front des forces socialistes (FFS), le plus vieux parti d’opposition en Algérie, qui a acté sa décision vendredi 10 septembre.
Avant lui, c’est le Parti des Travailleurs (PT) qui a tranché la question au sein de son Comité central. Les structures locales du parti de Louisa Hanoune ont commencé à retirer les formulaires de candidature jeudi 9 septembre.
Il reste à connaître l’avis du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti dont le poids n’est pas négligeable, notamment en Kabylie.
Le parti de Mohcine Belabbas a opté pour une ligne dure d’opposition au pouvoir depuis le deuxième mandat de Bouteflika. Cette ligne s’est davantage radicalisé depuis le début du Hirak et l’a amené, comme de nombreuses formations de la mouvance démocratique, à boycotter l’élection présidentielle de décembre 2019, le référendum sur la révision constitutionnelle de novembre 2020 qui a doté l’Algérie d’une nouvelle Constitution et les élections législatives du 12 juin 2021.
À chaque fois, le RCD a pris sa position sans trop de palabres. Sera-t-il encore le cas cette fois-ci ? On en doute fort. Il est même très probable que le parti emboîte le pas au FFS et au PT et annonce lui aussi sa participation.
La décision sera en tout cas tranchée vendredi 17 septembre, au cours d’une session de son Conseil national.
« Ne pas laisser le pouvoir local aux opportunistes »
La participation de ces partis fera-t-elle des élections du 27 novembre un scrutin « normal » qui tranche avec les précédents marqués par des taux d’abstention record, jamais vus depuis l’indépendance ?
Dire que leur entrée en scène n’influera pas sur le taux de participation c’est sous-estimer le poids de ces formations politiques dans le paysage politique national.
La participation sera au moins plus significative que lors des législatives et beaucoup de bureaux de vote fermés en juin dernier devraient ouvrir. Le reste dépendra aussi des positions qu’exprimeront les acteurs connus du Hirak individuellement et, surtout, de l’avis de la population, marquée par un été des plus difficiles notamment en Kabylie ou des régions entières ont connu des incendies meurtriers.
Sur le plan politique, il ne s’agira nullement d’un nouveau cap dans la position de ces partis vis-à-vis du pouvoir et de la crise, y compris pour le FFS dont la tendance à la participation était déjà très perceptible à la veille des législatives de juin dernier.
La question n’a été tranchée qu’après de longues heures de débats au sein du Conseil national qui a finalement cédé à la pression de la base.
Le PT de Louisa Hanoune a déjà mis en garde clairement que cette option « tactique » ne changera rien aux positions politiques du parti. « Si nous participons, cela ne signifie pas que nous avons changé de position. Nous resterons toujours un parti indépendant, avec la même position vis-à-vis du système », a indiqué un cadre du parti, Ramdane Tazibt.
La tendance à la participation des partis habitués du boycott s’explique par la particularité des assemblées locales. « C’est la vie quotidienne des citoyens. Ça n’a rien à voir avec les législatives où les présidentielles », a rappelé M. Tazibt dans une déclaration à BRTV mercredi 8 septembre.
L’enjeu est de ne pas laisser les assemblées locales « à ceux qui ne cherchent que leurs intérêts », a ajouté le responsable du PT. Le même argumentaire est avancé par le FFS.
« Si nous avions eu raison de rejeter les élections législatives et le référendum constitutionnel car, ils remettaient en cause les aspirations légitimes de la révolution populaire du 22 février 2019, les prochaines élections locales devraient être pour nous une opportunité pour prendre le pouvoir local, dans les APC et les APW, afin d’empêcher les clientèles du pouvoir, et les affairistes de torpiller le seul espace démocratique, malgré ses limites et les entraves, qui s’offre aux populations », a expliqué l’Instance présidentielle avant même la tenue de la session du Conseil national.
« C’est un choix stratégique pour faire front contre toutes ces parties qui œuvrent à la déstabilisation de la sécurité nationale », a expliqué hier samedi en conférence de presse le premier secrétaire du FFS Youcef Aouchiche qui a qualifié le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) d’ « ennemi de la nation » qu’il « faut absolument combattre ».