Les nuages s’amoncellent au-dessus de l’industrie de montage des produits électroménagers. La décision prise fin septembre par le gouvernement de substituer le paiement différé au paiement cash pour les importations de kits SKD/CKD pour l’assemblage des appareils électroménagers a plongé cette filière dans une crise sans précédent.
« Les usines de montage de produits électroménagers devraient s’arrêter de tourner début décembre et plus de 40.000 emplois sont menacés », s’alarme le patron d’une grande marque d’assemblage de produits électroménagers.
Les usines vont se retrouver en effet en manque de composants pour assembler téléviseurs et réfrigérateurs, en raison du refus « de la grande majorité des fournisseurs étrangers de se conformer au nouveau mode de paiement (paiement différé sur 9 mois) », explique le Collectif des fabricants de produits électroniques et électroménagers dans un communiqué.
« La quasi-totalité des opérateurs n’ont pas pu lancer les commandes de matière première et de kits. Suite à cela un nombre considérable de fabricants algériens se trouve dans l’obligation d’arrêt de production (même si la note sera annulée d’ici début Décembre). L’arrêt de production est inévitable et surseoir cette note peut seulement éviter cet arrêt sur le long terme », prévient le Collectif.
La montée au créneau des fabricants intervient après plusieurs tentatives vaines de nouer le dialogue avec le gouvernement. « Nous avons écrit aux autorités pour leur faire part des conséquences négatives de la décision d’imposer un nouveau mode de paiement. Aucun responsable n’a répondu », déplore un autre fabricant, qui dénonce des mesures prises « sans aucune concertation » avec les opérateurs, et s’inquiète du coup pour l’avenir de la filière.
« Des opérateurs ont déjà entamé des plans sociaux et si la situation reste en l’état, on va tous fermer et attendre », lâche-t-il.
Outre le nouveau mode de paiement des importations – imposé uniquement aux fabricants des produits électroménagers -, les opérateurs de cette filière s’inquiètent aussi des conséquences de la taxe sur l’efficacité énergétique sur leur activité. Cette taxe, qui varie entre 5% et 30% en fonction de la consommation d’électricité des produits, est prévue dans le projet de loi de finances 2020 et devrait entrer en vigueur en 2020.
« Si cette taxe est maintenue, il y aura des hausses des prix des produits électroménagers d’au moins 15% », pointe le patron d’une grande marque de produits électroménagers.
Mais ce n’est pas la hausse des prix qui inquiète les producteurs, « c’est plutôt l’application de la taxe avec effet rétroactif depuis 2017 pour les produits importés et à partir de 2018 pour les articles assemblés localement qui pose problème », précise le même patron.
Fortement ébranlé par le blocage des importations de kits CKD/SKD durant plus de six mois cette année, les fabricants de produits électroménagers se retrouvent face à une nouvelle crise qui risque de les emporter.
« Certes le système d’assemblage doit évoluer, concède un opérateur. Les avantages fiscaux et parafiscaux doivent être donnés à ceux qui font de l’intégration industrielle et qui ne se contentent pas de ramener des composants et de les assembler, mais le gouvernement ne veut rien entendre ».
Confronté à l’érosion des réserves de change du pays, le gouvernement a multiplié les mesures pour réduire la facture des importations, sans calculer le coût social et économique des décisions prises.