En juillet dernier, les prix n’ont pas beaucoup évolué en Algérie, selon l’Office national des statistiques (ONS). Le taux d’inflation en rythme annuel de l’Algérie a été de 2,7 %. La variation mensuelle des prix à la consommation, qui est l’indice brut des prix à la consommation en juillet 2019 par rapport à juin, a même connu une légère baisse de -0,7%, selon les données de l’ONS.
Ces chiffres sont proches de ceux des pays de l’OCDE (2,1% en juin dernier contre 2,3% en mai). Dans un contexte où tout le monde se plaint de la cherté de la vie, les statistiques de l’ONS sont-elles crédibles ?
« Il ne faut pas confondre l’inflation et la cherté de la vie », répond un économiste. « Le taux d’inflation calcule l’évolution des prix et non le pouvoir d’achat. On peut être dans une situation où les prix sont élevés mais stables. Nous aurons alors un taux d’inflation faible », explique-t-il.
Mais il ne s’agit pas de la seule explication. En Algérie, l’ONS calcule l’inflation sur la base de l’évolution des prix de 250 produits sélectionnés après une enquête menée une fois tous les dix ans auprès des ménages.
La méthode est similaire à celle appliquée dans la majorité des pays à travers le monde. Mais en Algérie, plusieurs éléments peuvent fausser les calculs. Selon l’ONS, 43% des dépenses des Algériens sont liés à l’alimentation. Sur ces 43%, 26% représentent les produits agricoles frais.
En juillet dernier, la baisse est induite, particulièrement, par une décroissance de 4,92 % des prix des produits agricoles frais, a précisé l’ONS. En effet, cette variation mensuelle des prix des produits agricoles frais s’explique, essentiellement, par une baisse des prix des fruits et légumes dont la chute est de 34,1%, et de 3,8%) respectivement, par rapport au mois de juin.
L’autre élément qui explique le faible taux d’inflation concerne l’importance des produits subventionnés dans les calculs de l’ONS. Ils représentent 26% du total. Or, les prix de ces produits n’évoluent pas.
L’année 2019 a également été marquée par une stabilité du dinar aussi bien sur le marché officiel que sur le marché parallèle. La loi de Finances n’a pas contenu de hausses d’impôts pour les ménages. Après plusieurs années d’augmentation, les prix des carburants ont également marqué une pause.
Par ailleurs, les importations se maintiennent à un niveau élevé, éloignant les pénuries qui sont l’une des principales causes de l’inflation.
Aujourd’hui, la question est de savoir jusqu’à quand cette situation pourrait encore durer ? Pour l’heure, l’impact de la crise économique ne s’est pas encore fait ressentir mais les premiers signes commencent à faire leur apparition.
La moitié des sommes issues de la planche à billets n’ont pas été dépensés, selon les données de la Banque d’Algérie et les réserves de change devraient permettre d’assurer un niveau acceptable d’importations jusqu’en 2021, ce qui va permettre d’éviter les grosses pénuries…