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Émeutes en France : l’étrange agenda d’Éric Zemmour

L’affaire Nahel et les émeutes qu’elle a provoquées dans les banlieues des grandes villes de France tombent comme une aubaine inespérée pour les chefs de file du courant extrémiste dans ce pays.

Éric Zemmour sort particulièrement du lot avec une rhétorique belliqueuse qui laisse soupçonner un étrange agenda chez le président et fondateur du mouvement Reconquête.

Nahel, un jeune de 17 ans d’origine algérienne, a été tué mardi 27 juin par un tir à bout portant d’un policier à Nanterre au cours d’un contrôle routier de routine.

Les images du drame ont fait le tour de la planète et ont donné lieu à des émeutes violentes qui ont touché toute la France. Dès le début des protestations, la partie de la classe politique la plus hostile à l’immigration a commencé à mettre la pression sur le gouvernement pour décréter l’état d’urgence, synonyme de pouvoirs illimités pour les forces de l’ordre et de limitation des libertés publiques.

S’ensuivit alors une surenchère verbale dans laquelle Éric Zemmour se distingue sans surprise.

Dans le sillage du spectre du « grand remplacement » qu’il brandit depuis quelques années, Éric Zemmour a qualifié les banlieues françaises, en proie à de graves émeutes depuis mercredi, d’ « enclaves étrangères », une formule vite reprise par le porte-parole des Républicains, Guilhem Carayon.

Des « enclaves étrangères », ça implique nécessairement le risque d’affrontement, voire de guerre. Et le président de Reconquête n’a pas hésité à lâcher le mot. « Nous sommes dans les prodromes d’une guerre civile », a-t-il déclaré sur le plateau d’Europe 1.

Plus précis, il a qualifié ce qui se passe en France de guerre « ethnique » et « raciale », au vu des « forces en présence ». La situation est beaucoup plus grave qu’en 2005, a-t-il tranché, ce qui sous-entend que l’état d’urgence doit être décrété pour mettre fin aux émeutes.

Cette année-là, les banlieues françaises avaient été embrasées par des émeutes déclenchées par la mort de deux jeunes qui tentaient de fuir la police. L’état d’urgence avait dû être déclaré.

Éric Zemmour n’est pas du genre à laisser passer l’opportunité de s’attaquer de nouveau à l’immigration d’origine maghrébine et musulmane en général.

S’il était « au pouvoir », il aurait déjà arrêté l’immigration, supprimé de droit du sol et réduit presque à rien les visas étudiants. Il aurait surtout expulsé « les délinquants, les criminels en fin de peine et les chômeurs de plus de six mois ».

Éric Zemmour brandit de nouveau le risque de guerre civile en France

La surenchère de la droite et de l’extrême-droite porte aussi sur le soutien à la police et l’exigence de plus de moyens pour plus de répression.

Là aussi, Éric Zemmour est présent, même s’il n’a pas rendu visite aux policiers dans les commissariats, comme l’a fait le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

Éric Zemmour a estimé que « le pouvoir lâche la police et Reconquête est à ses côtés ». « Tous les représentants du pouvoir ont lâché nos policiers pour tenter d’apaiser nos banlieues. Ils ont eu le déshonneur et la guerre », a-t-il écrit sur Facebook.

Le discours belliqueux d’Éric Zemmour n’est pas nouveau. Lors de la précampagne pour la présidentielle de 2022, il avait encouragé directement « les Français qui ont peur » de recourir à la violence, et a appelé les policiers à contribuer à gagner « la guérilla » qui, selon lui, se déroulait dans les banlieues.

« Vous êtes devenu le gibier, alors que vous étiez auparavant le chasseur », avait-il dit à l’adresse des fonctionnaires de police.

Éric Zemmour a fait l’objet de nombreuses condamnations judiciaires pour ses écarts, dont des appels à la haine raciale. Ayant accusé le jeune Nahel d’avoir « un casier judiciaire bien fourni », le président de Reconquête a reçu une réponse cinglante de l’éditorialiste du site « Arrêt sur images », qui s’est interrogé qui de lui ou de la victime a un casier judiciaire lourd.

Alors que Nahel avait juste des antécédents de refus d’obtempérer, Éric Zemmour, lui, avait été condamné au moins deux fois pour injures publiques à caractère raciste, une fois pour provocation à la discrimination raciale, une autre pour provocation à la haine religieuse envers les musulmans et enfin pour contrefaçon de droits d’auteur. Il traîne aussi des accusations de négation de crimes contre l’humanité et d’agression sexuelle.

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